
La migration sémantique suit rapidement son petit bonhomme de chemin. Jadis, on parlait de « sans-papiers », naguère de « migrants ». Et puis nous y voilà : tous, pratiquement, sont désormais, par la grâce médiatique, des « réfugiés ».
Histoire, sans doute, de faire culpabiliser ces ploucs de Français, ces classes populaires qui, sérieusement, faut bien reconnaître, « manquent de capital relationnel et de moyens d’analyse », comme le déclarait très doctement, samedi dernier à Tours, un sociologue et sémiologue – excusez du peu – devant le gratin socialiste. Il paraît même qu’avec plus de six millions de pauvres en France, c’est de capital tout court que manquent ces classes populaires. Comme quoi on ne peut pas tout avoir mais on peut manquer de tout !
À Tours, toujours, Manuel Valls a prévenu le peuple :
« Tous ceux qui s’opposeront à l’arrivée de migrants trouveront l’État face à eux. »
Dimanche, dans le Vaucluse, des patriotes, à l’appel de Marion Maréchal-Le Pen, se sont donc opposés à l’arrivée des migrants – pardon : des réfugiés – dans leur département. Un village de 1.200 habitants, Grambois, dans le Luberon, doit en recevoir prochainement plusieurs dizaines : on parlait d’une soixantaine, il y a une dizaine de jours. Le chiffre est tombé rapidement à une trentaine, comme par miracle, lorsque l’affaire s’est un peu sue… Stricto sensu, ce n’est pas la commune qui accueille. Car les socialistes ont trouvé le truc : s’adresser à des structures associatives, comités d’entreprise – dans le cas présent, un centre de vacances de La Poste -, centres AFPA, comme dans la commune du Pontet, dont le maire Front National a été informé de l’arrivée de migrants dans sa commune, tout simplement parce qu’il a la bonne idée de parcourir la presse locale chaque matin…
Marion Maréchal-Le Pen a donc rassemblé plusieurs centaines de personnes – une centaine, selon la PQR !- dans un village proche de Grambois, La Tour-d’Aigues. Il fallait oser : en plein cœur d’un fief de gauche, tenu, de haute époque, par une dynastie socialiste.
Les communistes – si, si, il y en a encore par chez nous – ont bien tenté de faire interdire la manifestation en écrivant au préfet, invoquant le risque de trouble à l’ordre public. C’est vrai qu’ils y connaissent un rayon en la matière, eux qui ont soutenu le mouvement Nuit debout et autres manifestations anti-loi Travail. En vain.
Alors, la vieille garde gauchiste s’est mobilisée, grâce à son réseau d’associations subventionnées, dans tout le Luberon et sans doute jusqu’aux portes d’Aix-en-Provence. On s’est affairé, on s’est réuni dans les locaux municipaux – tant qu’à faire – pour organiser des ateliers de confection de banderoles dont on vous épargnera les slogans. Un seul, tout de même, pour la route : “La France multiculturelle & métissée. Tu l’aime ou tu l’a quitte” (sic). Faute de temps, ils n’ont sans doute pas pu mettre en place l’atelier « relecture ». Dommage.
Bon, au fond, la gauche est dans son rôle. On sait qu’elle s’est trouvé un peuple venu d’ailleurs. La banderole, avec ou sans fautes d’orthographe, ne dit pas autre chose.
Et « la droite », dans tout ça ? Évidemment, elle n’a pas répondu à l’appel du Front national. Tout en affirmant, par le truchement du sémillant député LR Julien Aubert, fondateur de l’improbable Rassemblement Bleu Lavande, que “cette politique d’accueil est stupide et de courte vue”, elle propose de « plutôt chercher des solutions calmes ». C’est-à-dire ? “Une camomille, une infusion des deux marmottes”, se demandait, hier, Hervé de Lépinau, conseiller départemental Front national. En somme, le verbe haut, la main molle.
24 octobre 2016