[L’ÉTÉ BV] [CINÉMA] Une affaire de principe, lobbyisme et corruption dans l’UE

film une affaire de principe

À l'occasion de l'été, BV vous propose de redécouvrir des films mis en avant lors de leur sortie au cinéma. Aujourd'hui, Une affaire de principe, d'Antoine Raimbault.

Voilà un film qui tombe à pic à la veille des élections européennes. Traitant du lobbyisme au sein de l’Union européenne, et pointant les pratiques opaques de la Commission – non élue démocratiquement, faut-il le rappeler –, Une affaire de principe met en scène un José Bové déterminé à prouver l’innocence d’un homme injustement accusé de corruption.

Réalisé par Antoine Raimbault, à qui l’on doit l’excellent Une intime conviction, sorti en 2019, ce second long-métrage revient longuement sur « l’affaire John Dalli ». En mai 2012, souvenons-nous, le producteur de tabac Swedish Match déposa plainte auprès de la Commission européenne, affirmant avoir été contacté par un entrepreneur maltais qui agissait pour le compte de John Dalli, alors commissaire européen chargé de la Santé et de la Politique des consommateurs, lequel aurait proposé pour 60 millions d’euros d’œuvrer à la légalisation du snus (un tabac à chiquer) en Europe.

Présidée par José Manuel Barroso, la Commission réclama alors une enquête à l’OLAF (l’Office européen de lutte antifraude), à l’issue de laquelle John Dalli dut démissionner de son poste.

Une collusion dévoilée

Convaincu de l’innocence de cet homme qui avait fait de la lutte contre le tabagisme un objectif prioritaire de son action politique, le député EELV José Bové mena sa propre enquête et mit au jour une collusion suspecte entre le tabatier suédois, l’OLAF (aux méthodes douteuses) et la Commission. Sa thèse étant que ces trois acteurs souhaitaient neutraliser John Dalli qui, à l’époque, travaillait à l’interdiction des cigarettes au menthol et de plusieurs additifs, et œuvrait à l’instauration du paquet neutre que l’on trouve aujourd’hui commercialisé.

Pensé comme un film-dossier, du même type que Spotlight ou Pentagon Papers, le nouveau long-métrage d’Antoine Raimbault est un genre de thriller de bureau prenant pour cadre les couloirs froids et désincarnés des institutions bruxelloises. Si les enjeux du récit, évidemment, n’ont pas la même portée que ceux du film de Spielberg, Une affaire de principe a le grand mérite de mettre en lumière les failles d’une Union européenne en proie aux groupes d’influence de toutes sortes – il y aurait, selon les chiffres officiels, 50.000 lobbyistes actuellement à Bruxelles, soit 70 par député européen. De quoi s’interroger sur la corruption au sein de l’UE et sur l’état de nos démocraties.

À voir avant le 9 juin !

Propulsé en héros cinématographique, José Bové – incarné par l’excellent Bouli Lanners – nous apparaît comme l’emmerdeur idéal qui pose les bonnes questions aux bons moments et n’hésite pas à prendre la défense d’un adversaire politique s’il estime que la réputation de celui-ci est injustement flétrie – on aimerait que tous nos élus soient capables d’adopter ce type de comportement…

Parfois un peu rapide, néanmoins, dans ses explications, le récit nécessite de la part du spectateur un minimum de concentration, mais s’avère captivant. Un film à voir, sans aucun doute, d’ici le 9 juin…

3 étoiles sur 5

https://youtu.be/WrUT3OqKUk0

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 22/07/2024 à 12:34.

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Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

Vos commentaires

13 commentaires

  1. Bruxelles :
    – 705 députés européens
    – 12.489 organisations de lobbyings recensées et 50.000 personnes exreçant cette activité

    • Toute entreprise mafieuse taxe le travailleur sous la menace et en prétendant assurer sa sécurité. Dans le monde entier, quels sont les gouvernements qui échappent à ce mécanisme? D’autant que la plupart ont évolué, gardant la taxation d’office sans se préoccuper de la sécurité, voire attaquant eux-mêmes le contributeur récalcitrant.

  2. Je suis allé voir ce film la semaine dernière; Et je ne peux que conseiller d’aller le voir avant de mettre un bulletin dans l’urne le 09 juin, ou simplement pour sa connaissance perso. Et ce ne doit être qu’une affaire parmi tant d’autres qui se passent dans ce monde véreux, corrompu. L’Europe ne nous apporte rien, et à ma connaissance pour ces élections, il n’y a que deux personnes politiques qui prônent la souveraineté française…..

  3. José Bové, rappelez moi, ce n’est pas ce « paysan » qui après moult actions illégales de destruction de biens privés à fait fortune au parlement Européen sous une bannière de gauche? Ça me fait penser à un autre syndicaliste de la métallurgie qui a suivi le même chemin. Finalement la lutte syndicale ça paye, enfin pour ces deux là au moins….

  4. A n’en pas douter, l’argent coule à flot dans cette administration bruxelloise. Jamais de revendications, de grèves dans ce paisible milieu. Et avec toute la complicité de nos dirigeants. N’ont-ils pas le culot de nous sermonner, Macron/Attal/Hayer en premiers de cordée, en déclarant que si la France « prospère », c’est grâce aux financements de l’Union. Avec la complicité de certains de nos médias, il négligent volontairement de souligner que cet argent ne tombe pas du ciel, qu’il est d’abord prélevé dans nos poches de braves contribuables obligatoirement soumis. Qu’il nous soit en partie restitué, heureusement .

  5. Même s’il n’y avait qu’un lobbyiste par député européen, cela signifierait qu’ils ont du travail et que ce travail est fructueux pour les sponsors.

  6. J’ ai eu la chance de rencontrer Bové deux fois, une à Nice et une à Porto Alegre (Brésil) au Forum Social Mondial. Sa Gauche à lui n’ a rien à voir avec celle qui nous est maintenant vendue.

    • Je confirme : José est mon voisin, nous avons le même boulanger ; et il avait accepté en 2000 un dialogue public avec Pasqua sur la souveraineté alimentaire auquel je participais. Rien à voir avec la gauche et l’extrême gauche actuelle.

  7. Nul besoin d’aller au cinéma nous vivons au quotidien les décisions de ces élus corrompus .

  8. Le « paquet neutre d’aujourd’hui » comme le dit l’article est neutre en quoi ? Seul l’emballage peut-être considéré comme neutre, mais les cigarettes ? Moi qui fumait deux paquets de gauloises brunes par jour et avalait la fumée jusque dans les boyaux, j’ai cessé en 24 heures en juillet 2019 ! Aujourd’hui, je me demande pourquoi mes enfants n’arrivent pas à cesser de fumer malgré toutes les aides mises en place ! Que contiennent les cigarettes actuelles ?

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