Connaissez-vous Valérie Boyer ? Pour ma part, je n'ai rien contre elle. Au contraire. Je l'ai soutenue quand elle a été menacée pour son engagement en faveur des Arméniens. Et ses idées sont loin d'être insensées.

Sauf celle-là : elle vient de présenter un nouveau texte de loi à l'Assemblée nationale. C'est sur le droit des femmes qu'elle veut légiférer, cette fois. "Noble cause !" direz-vous. Certes, faut-il encore qu'elle fût bien défendue. Car un certain type de féminisme peut nuire bien plus à la cause féminine que tous les misogynes du monde réunis.

La date se voulait symbolique : 8 mars, soit la Journée internationale des droits de la femme… Le texte devait être initialement présenté le 25 novembre ; mais la date fut repoussée suite aux attentats de Paris… C'est donc sur le jour hautement symbolique du 8 mars que le député LR a jeté son dévolu.

Sa proposition est simple : les femmes victimes de violences dans le couple bénéficieraient d'une "irresponsabilité pénale" dans le cas où elles s'en prendraient à leur compagnon… même dans le cas d'un homicide.

Pour défendre son idée, le député argue que "l'emprise du bourreau" empêche ces femmes de porter plainte et de quitter leur époux tortionnaire. "La victime a tellement de sollicitations négatives de cette emprise qu'elle n'est plus capable de prendre les bonnes décisions", dit-elle, ajoutant que "ce n'est pas un permis de tuer", mais une mesure nécessaire pour la protection des femmes.

Quid des hommes battus ? Quid des violences dans les couples homosexuels ? Quid des possibles meurtres crapuleux que cette loi rendrait possibles ? Certes, le texte prévoit qu'une commission d'experts examine la femme en question, afin de déterminer si elle a tué dans un état d'"altération du jugement"… Cependant, une telle loi instituerait une inégalité d'état face à la justice, fondée sur le "genre". Or, c'est contraire aussi bien à la Constitution qu'à à la Déclaration universelle des droits de l'homme. Il serait bien étonnant que les sages donnent leur bénédiction.

Cette loi a donc peu de chances d'être votée. Mais le fait même que de telles idées germent dans l'esprit de nos élus devrait légitimement nous inquiéter. Peut-on tout dire, tout proposer par électoralisme, dans le but de séduire les "minorités" ? Faut-il créer une loi pour chaque fait divers au lieu de veiller à la stricte application de ceux déjà en vigueur ?

"On ne doit toucher à la loi que d'une main tremblante", déclarait Montesquieu. Le même arguait que "les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires".

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11 mars 2016

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