Manifestations anti-migrants en Tunisie : Qui osera crier au racisme ?

Capture d'écran X
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C’est un mouvement social sous-traité par nos médias occidentaux : la révolte des peuples maghrébins contre l’immigration subsaharienne. Les mêmes journalistes qui relaient avec gourmandise les éructations pro-palestiniennes sur les campus américains ou les manifestations d’Argentins hostiles au président Javier Milei se montrent bien moins loquaces quant aux milliers de Nord-Africains qui battent le pavé pour dénoncer leur invasion. Il faut croire que les colères ne sont pas toutes dignes d’intérêt.

D’ailleurs, les rares qui osent évoquer le phénomène se montrent extrêmement neutres, voire compréhensifs, avec ces populations. Pourtant, l’enracinement est conspué quand il se trouve de notre côté de la Méditerranée. « Honnêtement, on se sent envahis, ils sont trop nombreux et nous ne savons pas comment gérer ce genre de situation », confie, par exemple, Naziha au média Jeune Afrique, qui rapporte d’autres témoignages du même acabit dans un long article étonnamment dénué de tout jugement de valeur. Que n’aurait-on pas entendu si le même discours avait été tenu chez nous par une citoyenne française se sentant « envahie » ! Mais voilà : Naziha n’est pas française. Elle n’est pas « blanche » non plus. Difficile, donc, pour nos confrères de la traiter de raciste ou de suspecter un engagement à « l’extrême droite ».

 

 

Un anti-immigrationnisme épargné par le commentariat

 

Le silence des médias occidentaux est d’autant plus étonnant que la fronde anti-migrants s’avère fort vigoureuse, en Tunisie. Et c’est peu de le dire. Là-bas, on ne s’embarrasse guère des « valeurs républicaines » et autres « droits humains » dont on se gargarise en permanence de notre côté de la mer. Là-bas, les évacuations de migrants et les démantèlements de campements de fortune s’enchaînent à vitesse grand V. Les autorités expulsent à tour de bras sans prêter grande attention au statut particulier de chaque « exilé ». Soutenues par leur population, les autorités n’épargnent pas, non plus, les organisations de la société civile : des locaux d’associations gauchistes sont perquisitionnés, certains militants « antiracistes » sont interpellés ou même placés en garde à vue, d’autres sont carrément qualifiés de « traîtres » par l’exécutif

C’est d’ailleurs au sommet de l’État que le rejet de l’immigration subsaharienne est le plus assumé. En février 2023, le président Kaïs Saïed avait fait sensation en s’élevant contre l’arrivée, sur son territoire, de « hordes de migrants clandestins » qui « menacent la démographie de la Tunisie ». Le message envoyé alors était clair : la Tunisie n’est pas et ne peut pas être ni un pays d’accueil ni un pays de transit pour les migrants subsahariens.

 

 

Le président tunisien est à deux doigts de citer Renaud Camus et de parler d’un Grand Remplacement de sa population, mais les critiques à son égard restent très modérées. Le commentariat européen rechigne à insulter et à traiter de brute fasciste un chef d’État maghrébin comme il le ferait sans sourciller avec un dirigeant français.

Privée de ses postures indignées habituelles, la presse peut toujours inverser le récit et blâmer l’Occident. Elle ne s’en prive pas, d’ailleurs. Puisque les migrants africains venant en Tunisie cherchent pour la plupart à rejoindre l’Europe, c’est forcément cette dernière qui est responsable de leur misère. Bien entendu. « Migration : ce piège tunisien que l'Europe entretient », peut-on lire ainsi sur le site de Radio France, jamais à court d’arguments pour incriminer l’Occident en toutes circonstances. Être considéré coupable de tout, partout et tout le temps : et si c’était cela, le « privilège blanc » ?

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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

18 commentaires

  1. C’est quand même étonnant de la part des Tunisiens de se plaindre d’autres musulmans comme eux, appartenant à la oumma, des frères de cœur, de sang et d’esprit. Accepter de mourir par la main de son frère n’est pas vraiment mourir, mais c’est plutôt un sacrifice personnel de haute valeur à la cause commune qui devrait plaire là-haut tout en permettant d’accorder aux hommes des brassées de houris !

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