[EDITO] Incarville : la France sous la loi des gangs

Mohamed amra

Saisissante, l’attaque du fourgon pénitentiaire diffusée sur les réseaux sociaux aura duré un peu plus de deux minutes. À Incarville, près d’Évreux, Mohamed Amra s’est enfui au terme d’une attaque sanglante menée par au moins quatre malfrats cagoulés munis d’armes longues, selon le communiqué commun du tribunal judiciaire de Paris, de la Juridiction de lutte contre la criminalité organisée (JUNALCO) qui se saisit de l’enquête et du procureur de la République. Deux agents pénitentiaires ne reverront pas leur famille, deux autres sont en urgence absolue. L'une des deux victimes aurait deux enfants, l'épouse de l'autre victime serait enceinte de cinq mois.

Le ministre de l’Intérieur a annoncé que « le plan "Épervier" a été déclenché. […] Sur mon instruction, plusieurs centaines de policiers et de gendarmes sont mobilisés. »

 

 

Signes qu’un stade a encore été franchi dans l'ensauvagement, la classe politique a très vite réagi : Marine Le Pen, Jordan Bardella, Marion Maréchal, Éric Zemmour, François-Xavier Bellamy, jusqu’aux figures du gouvernement macroniste qui se mobilise bien faiblement et très tardivement contre les gangs de la drogue (regarder notre entretien avec Xavier Raufer). Seuls Jean-Luc Mélenchon et Mathilde Panot n’avaient pas eu un mot, ce 14 mai à 18h, pour les deux policiers tués froidement à leur tâche. Là aussi, un stade est franchi, car le réel s'impose, n'en déplaise aux petits marquis de la NUPES.

 

« Wallah, gros braquage au péage ! »

 

Encore des Français abattus. Encore des femmes en pleurs dont le mari ne rentrera pas, encore des enfants orphelins. Encore des parents français éperdus et muets devant l’ensauvagement français. Encore une gifle, mortelle, à notre police, à notre justice, à notre pays. Encore une preuve que la France, qui oblige les campagnards à inscrire à la gendarmerie leurs fusils de chasse, abrite une population munie d’armes de guerre, prête à en user lorsqu’elle en a besoin.

En face, le criminel mouillé dans le trafic de drogue court toujours, ce 14 mai au soir, avec ses complices. Une « chance pour la France », lui aussi. Né en mars 1994 (il a tout juste 30 ans), Amra était considéré comme dangereux puisqu’il « nécessitait une escorte de niveau 3 », selon le même communiqué du tribunal. Condamné, ce 10 mai à Évreux, pour vol avec extraction, il était mis en examen pour enlèvement et séquestration ayant entraîné la mort. Il est désormais poursuivi pour meurtre et tentative de meurtre en bande organisée, évasion en bande organisée, acquisition et détention d’arme de guerre et, enfin, association de malfaiteurs en vue de la commission d’un crime. Petit scandale dans le grand, une autre vidéo a circulé sur les réseaux sociaux [mais supprimée depuis, NDLR] : des « jeunes » dans un bus se réjouissent en passant sur le lieu de l’agression : « Wallah, gros braquage au péage ! », lancent-ils. Deux France ; l'une pleure, l'autre rit.

 

 

Rien de tout cela n’est lié au hasard. Les victimes et leurs familles paient encore une fois le prix fort, celui de l’aveuglement volontaire sur le trafic de drogue que les gouvernements successifs de Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande ou Macron ont laissé prospérer pour avoir la paix et « ne pas stigmatiser les banlieues ». Ces trafics atteignent désormais des niveaux inégalés dans toute la France, notamment à Marseille, la ville d’origine du dénommé Amra, où on a frôlé, l’an dernier, le seuil des 50 morts par balle. Les victimes innocentes d’Incarville paient aussi le prix d’une immigration incontrôlée et de l’intégration ratée, sa conséquence, avec ses effets sur la criminalité (un détenu sur deux, à Paris, est étranger). D’autres Français innocents tomberont peut-être encore sur ce malfrat et sa bande en cavale, n’importe qui, n’importe quand.

 

Entre 1.700 et 2.000 euros mensuels

 

Enfin, cette évasion sanglante relance nécessairement le débat sur l’escalade de la violence face à ceux qui luttent pour la sécurité des Français. Qui sont ces « agents » qui risquent leur vie face aux malfrats que la France a armés par lâcheté ? « Des services spécialisés chargés de faire les extractions pour l’administration pénitentiaire, munis d’armes de poing, donc non accompagnés de gendarmes », répond à BV le jeune député RN Romain Baubry, ancien policier qui a gardé de nombreux liens avec ses anciens collègues. Pas de quoi faire face aux quatre assaillants (au moins) équipés de kalachnikov. « Ce commando disposait de moyens considérables, avec plusieurs véhicules et des armes lourdes et longues, constate Romain Baubry. Les agents étaient à terre, ils ne leur ont laissé aucune chance. L’opération était conçue pour tuer. »

Baubry évoque ces pays tenus par des gangs, le Mexique ou l’Amérique du Sud, auxquels la France se met à ressembler. « En France, l’administration, par souci d’économie, ne prend pas les mesures qu’elle devrait prendre », dit-il. Rappelons-le, pour ce métier à haut risque, dans une société abandonnée par les politiques à tous les vents mauvais, les agents chargés de ce type de convoi gagnent… entre 1.700 et 2.000 euros mensuels. « C’est un peu plus que le SMIC car ils ont une indemnité liée au danger de ces opérations, mais ce n’est pas à la hauteur du risque », constate Romain Baubry. Toujours les deux France.

 

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

103 commentaires

  1. Question qui semble peu intéresser les représentants du pouvoir, qui se contentent des laîus habituels (« intolérable », « nous serons intraitables », etc.) : par quels moyens les auteurs de cette attaque ont ils été informés des détails du déplacement (itinéraire, horaire,…) ?

  2. Je suis désolé pour les familles et leur présente mes plus sincères condoléances et pour les blessés mes meilleurs vœux de rétablissement. Par laxisme, la France ressemble de plus en plus à une république bananière. J’espère que nous ne suivrons pas l’exemple de Haïti.

  3. ah les commentaires de LFI, madame panot nous dit « encore des accidents de travail » se faire assassiner chez elle est un accident de travail, le décalage de ces personnes est puant.

  4. Ce que je n’ai encore jamais compris, c’est que ces racailles de tous poils et de tous niveaux, aient le droit de conserver leur portable quand ils sont derrière les barreaux. Ce qui vient de se produire n’est donc pas surprenant. Pour réussir un coup pareil, c’est bien grâce aux portables que les prisonniers possèdent, ils peuvent ainsi communiquer un maximum d’informations pour déjouer le travail des Services d’Ordre. On se demande quel est le C… dans la hiérarchie qui a autorisé que les prisonniers conservent leurs portables sans penser une seule seconde que ça leur permettrait d’effectuer leurs basses besognes en donnant des ordres à leurs comparses par ce biais là ??? Faire plus débile n’est pas imaginable, il n’y a qu’en France que l’on voit ça ! Il est vrai que la France est le pays des merveilles d’Alice et des bisounours…….

  5. Attaque du fourgon pénitentiaire : Jean Messiha lance une cagnotte pour les familles des agents tués

  6. Et s ils sont rattrapés, ils risquent quoi ? La peine de mort c est uniquement pour les victimes.

Commentaires fermés.

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