Clément est mort, frappé par des militants d’extrême droite. Clément, militant d’extrême gauche, est donc une victime innocente. Le scénario manichéen est prêt pour sonner l’hallali. Manuel Valls exprime sa totale détermination à éradiquer cette violence qui porte la marque de l’extrême droite. Bertrand Delanoë est horrifié par l’agression mortelle perpétrée par des militants d’extrême droite.
Mais de quelle extrême droite s’agit-il ? De groupuscules néo-nazis que nous condamnons tous ou de l’extrême droite fantasmée par une gauche qui en fait son épouvantail ? D’autres sont en effet trop souvent visés par l’amalgame : le Front national, la Manif pour tous, les cathos, les patriotes, bref ce que l’on nomme la droite. La stratégie par la diabolisation est connue, c’est celle du pseudo-antifascisme qui a si bien réussi aux communistes dans les années trente.
Nous sommes tous indignés par la mort d’un jeune. Mais s’agit-il vraiment d’un affrontement de type « années trente » ? Non, bien sûr. Il s’agit là d’une affaire de gamins peu affirmés qui jouent avec le feu d’idées nocives. Les membres des groupuscules ultra-nationalistes sont des crétins qui ne mesurent pas la portée négative de leurs idées, mais ceux qui s’affirment d’extrême gauche en bafouant la mémoire des cent millions de morts du communisme sont aussi des idiots. Clément est mort et son drame sera exploité par cette bourgeoisie d’extrême gauche, fidèle des plateaux télé, qui ne s’est jamais émue de la mort d’autres jeunes. En 1994, Sébastien Deyzieu fut tué en tombant d’une fenêtre parce qu’un policier le pourchassait. Il avait juste manifesté sans autorisation. C’était un militant nationaliste de 22 ans. Sébastien hier, comme Clément aujourd’hui, était un gamin qui se cherchait et se perdait dans une radicalité qui le dépassait. Plus récemment, Samuel Lafont fut poignardé après la Manif pour tous. Des appels à la violence avaient été lancés sur les réseaux sociaux : « Camarades anars, autonomes et de gauche, y a du facho à boxer ce soir », écrivit un certain Gracchus Babeuf.
L’affaire sert la gauche en ces temps où l’on parle d’un Printemps français et où de plus en plus de voix s’élèvent pour s’opposer à la descente d’un rideau de fer idéologique sur la société. Exploitant le drame, Mélenchon exige la dissolution des groupes d’extrême droite qui multiplient les actes de violence depuis quelques semaines. Pierre Bergé souhaite faire descendre un million de personnes dans les rues pour dénoncer la peste brune sans que l’on comprenne bien s’il désigne quelques dizaines de paumés néo-nazis ou les foules dignes qui s’opposèrent au mariage gay. Pour l’extrême gauche, aucune différence : tous sont des fascistes. La solution plus radicale de l’attaché parlementaire du sénateur Jean-Pierre Michel (PS) qui estimait, en se référant à Bonaparte canonnant la foule, que Valls devrait faire de même concernant le Printemps français, pourrait également être envisagée.
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