Comment on a évité à François Hollande de se compromettre avec l’abbé Pierre...
Les vampires, dit-on, sont allergiques à l’ail et aux crucifix ; les gardiens de l’orthodoxie et du Goulag sont déstabilisés par les Pussy Riots ; les talibans font sauter les statues géantes du Bouddha ; les djihadistes maliens s’en prennent aux marabouts de Tombouctou et les fervents de la National Rifle Association sortent leur revolver quand on leur parle de désarmement unilatéral. Les adeptes de la social-démocratie auraient-ils la vue offusquée par l’habit ecclésiastique, fut-il rapiécé de partout et porté par le plus populaire, le plus charitable et le plus modeste des abbés ? Vade retro soutanas, en somme…
C’est le cardinal André Vingt-Trois qui a révélé l’affaire l’autre jour au micro de RTL : le 7 décembre dernier, le président Hollande inaugurait le Bric-à-Brac Emmaüs Défi, un magasin de revente des objets collectés par la Communauté d’Emmaüs. C’était l’occasion pour le chef de l’État d’insister sur les valeurs de solidarité qui sont celles de la morale laïque aussi bien que de la morale chrétienne.
Le discours œcuménique de François Hollande étant pavé de bonnes intentions – celles, dit-on parfois, qui conduisent à l’enfer – semblait ne pas devoir poser de problèmes ni majeurs ni mineurs. L’orateur s’apprêtait à prendre la parole lorsque les conseillers en communication de l’Élysée qui, pour se faire plus discrets, ne sont pas moins vigilants et agissants que ceux de son prédécesseur, s’avisèrent qu’un grand portrait de l’abbé Pierre, assez à sa place en ce lieu, se trouvait dans l’axe même du pupitre où devait parler le président. Voir les deux hommes sur la même ligne, littéralement, n’était-ce pas s’exposer à l’accusation de collusion entre l’État et l’Église, revenir sur la séparation séculaire des deux entités et donner prise aux pires soupçons ? C’est en tout cas ce que pensèrent les spécialistes patentés du coupage de cheveux en quatre. Ni une ni deux, la photo compromettante fut retirée, François Hollande put s’exprimer sereinement et le ridicule de la chose ne tua personne.
C’est Tartuffe, dans la pièce éponyme, qui dit à peu près : « Cachez ce saint que je ne saurais voir ».
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