Italie : la gauche vent debout contre Giorgia Meloni sur les questions sociétales

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Le 16 avril dernier, la Chambre des députés italienne adoptait un amendement au décret-loi d’actualisation du PNRR (Plan national de relance et de résilience), porté par le député Lorenzo Malagola (Fratelli d’Italia) : cet instrument législatif permet à des associations pro-life d’être présentes lors des consultations médicales de jeunes femmes souhaitant avorter afin de leur présenter les solutions alternatives à l’avortement.

Branle-bas de combat général à gauche, qui a voulu déclencher sur le gouvernement italien, et singulièrement sur la tête de Giorgia Meloni, les foudres de son « magistère moral » par une inversion des valeurs dont elle est si familière. Le jour du vote, manifestations, sit-in et pancartes étaient de la partie devant la Chambre et le Sénat. Les partis d’opposition, le Parti démocrate et le Mouvement 5 étoiles espéraient à peu de frais redorer leur blason et surtout reprendre l’avantage médiatique sur la coalition gouvernementale qui jouit encore de la faveur de la population. Pour cela, rien de mieux qu’une polémique « sociétale » : « Nous continuerons à nous opposer à cette politique obscurantiste du gouvernement Meloni », disait le M5S, tandis que la secrétaire générale du PD, Elly Schlein, dénonce « une lourde attaque à la liberté des femmes », rapporte la RAI. « Ce gouvernement poursuit sa lutte contre les femmes et contre leurs droits et le fait en attaquant en premier lieu la loi 194 [loi autorisant l’IVG, dite Loi 194, NDLR] et le droit à l’interruption de grossesse. C’est honteux de sa part. Nous nous battrons au Parlement et ailleurs, avec les associations féministes, pour empêcher la droite de cette énième attaque aux droits des femmes », renchérissent des membres du PD.

Pour Meloni, il s'agit de changer les mentalités

En réalité, Giorgia Meloni ne fait qu’appliquer le programme et la vision politiques pour lesquels elle a été élue. Maintes fois, dans ses discours, dans son autobiographie, tout au long de son passé de militante, elle a défendu le droit à la vie, mais surtout affirmé sa volonté d’œuvrer à un changement des mentalités. L’Italie a un taux de fécondité de 1,2 enfant par femme, pour moins de 400.000 naissances par an. La maternité semble insurmontable aux jeunes Italiens ? C’est le signe d’une société malade, d’une civilisation qui dépérit, qui glisse vers le suicide par sa démographie. Changer le regard des Italiens sur le sujet fait partie de ce projet de redressement du pays par une révolution conservatrice que Giorgia Meloni tente de mettre en œuvre depuis l’automne 2022.

Pour elle, pas question de toucher à la loi 194, mais il faut au contraire l’appliquer dans son entier… et, donc, proposer aux jeunes femmes qui veulent avorter les conditions d’un véritable choix : « Nous pensons que nous devons garantir un choix libre. Et pour cela, on doit disposer de toutes les informations et les possibilités à ce sujet ; c’est ce que prévoit la loi et, donc, cela me paraît juste de le faire. »

Jacopo Coghe, porte-parole du Mouvement Pro Vita e Famiglia, abonde dans ce sens. Pour lui, les consultations doivent être « des lieux où les femmes peuvent être aidées à trouver des alternatives concrètes à l’avortement en éliminant ces situations de malaise socio-économique, de solitude et d’abandon qui font du libre choix un vain slogan politique ». Sur ce point, le Vatican a approuvé prudemment la politique du gouvernement. Le cardinal Parolin a ainsi rappelé la position de l’Église : « Nous sommes en faveur de la vie et de tous les instruments qui peuvent permettre d’affirmer le droit à la vie, surtout pour les femmes en difficulté. »

Une réforme qui va de pair avec les mentalités

Enfin, et ce n’est pas le moins intéressant dans ce débat, cet amendement adopté par la majorité parlementaire correspond à la réalité de la société italienne. En effet, selon le rapport Mai dati, qui établit une sorte de cartographie de l’avortement en Italie, selon les régions [la santé est, en Italie, une compétence régionale, NDLR], 7 gynécologues sur 10 sont objecteurs, 72 hôpitaux ont un taux d’objection de conscience de leur personnel qui varie de 80 à 100 %, 22 hôpitaux et 4 cliniques ont un personnel de santé objecteur à 100 %. Et le nombre d’avortements s’élève à 63.653 en 2021, contre 231.000 en 1982.

L’antique clivage droite-gauche ne s’est jamais mieux porté qu’en Italie : aujourd’hui, de l’autre côté des Alpes, deux visions politiques s’affrontent. À droite, le gouvernement ne se contente pas d’une gestion à court terme des affaires courantes, dont le seul objectif serait la prochaine échéance électorale : il tente, à pas comptés pour le moment, de ranimer les forces vives d’un pays affaibli, à la démographie plongeante et aux finances dans le rouge mais auquel il croit encore. La gauche, elle, court après les délires sociétaux qui sévissent d’un bout à l’autre de la planète. De quoi inspirer la politique française ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 27/04/2024 à 0:19.
Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Vos commentaires

27 commentaires

  1. Bonjour,

    Je n’ai pas très bien compris pourquoi Mme Meloni avait ouvert 450 000 titres de séjour aux travailleurs étrangers et quelles étaient la durée de ces titres ?
    Je n’ai pas non plus compris sa « proximité » avec Ursula Von Der Leyen (hormis la nécessité de financer une dette abyssale).
    Si vous pouviez m’éclairer, je vous en serai reconnaissant.

  2. Evidemment la Gauche est contre, comme elle est contre toutes mesures intelligentes. Concernant l’avortement, elle a poussé à la suppression de l’intervention d’un psychologue, la suppression de l’intervention d’un médecin……à toute intervention, et on va en revenir à ce que les femmes puissent se faire avorter toutes seules avec une aiguille à tricoter. Avec la Gauche on revient un siècle en arrière……dans ce domaine, comme dans bien d »autres !

    • Nous en avons une:Marine Le Pen Nous en avons même deux : Marion Maréchal… Une est élue , présidente de son groupe de députés et sera présidente de la Répulique en 2027, la seconde bientôt député européen le 9 juin

  3. Faisant parti du personnel soignant dans les années 75, je peux vous assurer que cette démarche pré-avortement s’imposait avant l’acte d’interruption de grossesse . La patiente avait droit à un rendez vous avec des membres du planning familial qui devaient donner toutes les options possibles . Je ne vois pas en quoi ce qui semblait tout à fait normal a l’époque ne le serait plus aujourd’hui . La femme faisait son choix en connaissance de cause . Il est clair que pour certains partis politiques , faire un choix éclairé ne leur convient pas .

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