Autour des Vieilles Charrues, un festival de querelles locales

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« Si rien n’évolue d’ici cet été, l’édition 2024 des Vieilles Charrues pourrait bien être la dernière », a déclaré, dans un communiqué ce lundi 22 avril, l’association du festival. En cause, des désaccords avec le maire divers gauche de Carhaix, un des fondateurs.

Primo, les organisateurs reprochent à la municipalité une taxe annuelle à hauteur de 367.000 euros, votée le 9 avril et « sans signe d’annonce », qui concerne la plaine de Kerampuilh, un terrain dont ils bénéficiaient chaque année gracieusement. Deuzio, un bâtiment pour lequel le festival avait signé un compromis de vente a été préempté par la mairie le 23 février pour en faire des bureaux. (Sur ces deux points, le maire interrogé par BV se défend en expliquant que l’association des Vieilles Charrues avait donné son accord, mais qu’elle serait revenue dessus.) Tertio, les festivaliers seraient concernés par la perte de la moitié des terrains de camping que la communauté de communes de Poher, dont le maire est président, ne souhaite plus mettre à disposition depuis le 8 mars.

Lorsqu’on lui demande s’il craint la fermeture du festival, Christian Troadec, le maire de Carhaix, qui précise avoir toujours soutenu le festival, répond à BV : « Non, M. Tréhorel [l'un des organisateurs du festival] fait de la politique et du chantage. Il essaie de me nuire pour les élections de 2026, comme pour les dernières ; cette fois, c'est deux ans avant. » Mais il ajoute : « L’association s’était déclarée prête à apporter 500.000 € pour financer l’aménagement du site, mais nous préférons apporter des financements publics à une structure de type société publique locale ou société d'économie mixte pour que le site puisse être exploité aussi par d’autres acteurs, indépendamment de l’association. »

Pour rappel, le festival des Vieilles Charrues est un événement culturel majeur qui fait rayonner la Bretagne en accueillant des centaines de milliers de festivaliers. Lors de la dernière édition, c'était 346.000 personnes présentes durant quatre jours ! Contrairement à la plupart des autres festivals ultrapopulaires, il se distingue par son statut associatif et son mode de fonctionnement local. 80 % de ses fournisseurs se trouvent en Bretagne et il tourne, notamment, grâce à 8.000 bénévoles locaux venant de 130 associations. Pour un festival avec un modèle qui a autant le vent en poupe et qui participe autant à la vie économique et culturelle locale, il serait bien surprenant de voir le maire de Carhaix vouloir mettre des bâtons dans les roues.

Une marge de manœuvre et des perspectives ?

Le contentieux entre le festival et le maire de Carhaix ne date pas d’hier. Les hostilités avaient démarré en 2019. Certains dirigeants avaient évoqué le déplacement de l’événement à Châteauneuf-du-Faou, dont ils avaient contacté des élus. Dans le communiqué, le festival rappelle que « nous sommes toujours et plus que jamais viscéralement attachés à Carhaix ». Mais a-t-il tout de même un point de chute dans les environs ?

En observant la géographie du lieu, l’on peut constater qu’il y a plusieurs terrains spacieux à côté de la ville. Encore faudrait-il qu’ils soient à vendre. C’est le cas de certains qui sont constructibles. Sur le site Superimmo, on en trouve un de 1.810 m², un autre en centre-ville de 8.540 m² et un autre de 12.349 m² à 6 km, à 310.500 euros. Avec un budget à 18 millions d’euros en 2018, ce n’est pas l’argent qui devrait être un frein. À en croire l’association, cela ne suffit pas. « Nous avons sans cesse dû nous adapter, ces dernières années. Aujourd’hui, nous n’avons plus aucune marge de manœuvre ni solution de repli autour du festival », déplore-t-elle.

Les organisateurs ont demandé le soutien des élus du Centre breton pour sauver le Festival. Ce mercredi 24 avril, le président du conseil départemental du Finistère, Maël de Calan, a proposé une réunion de médiation pour rétablir le dialogue entre les deux parties et mettre sur la table des solutions. Il en appelle à une « paix des braves, sans vainqueur ni vaincu »« Maël de Calan, homme politique de droite, a soutenu médiatiquement M. Tréhorel en énonçant des contre-vérités ! » s’exclame le maire de Carhaix. Pas sûr que la médiation prenne pour rétablir le dialogue entre les deux parties. Qui croire ? Puissent les querelles politiciennes ne pas prendre en otage le festival des Vieilles Charrues qui rythme l’été breton depuis 1992…

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 27/04/2024 à 0:41.
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Gabriel Decroix
Étudiant journaliste

Vos commentaires

12 commentaires

  1. C’est très bien et c’est une très bonne chose ! Je vais même plus loin ! Tout le monde et tous les Français devraient se mobiliser, pour la sauvegarde de tous nos festivales, qui participent à la vie économique et touristique, de nos régions et de nos territoires ! Amitiés à tous Hervé de Néoules !

  2. Carhaix c’est le village des irréductibles Bretons : dès que le poissonnier étale sa marchandise c’est la bagarre générale. Finalement depuis le temps des Gaulois d’Uderzo rien n’a changé.

  3. Christian Troadec, le maire de Carhaix, ne prétend pas avoir défendu le festival des vieilles charrues (1992), il en est un des cofondateurs, sans lequel ce festival n’aurait pas vu le jour. Il est devenu maire, plus tard en 2001, conseiller départemental (2011) puis vice-président du conseil régional (2021), en charge de la défense de la langue bretonne.

  4. il faut simplement se demander combien d’euros se mettent dans la poche les organisateurs parce que les bénévoles eux n’ont peut être droit qu’à une soirée avec buffet, sur 1.8 millions d’euros par an que font les organisateurs le reste du temps ?

  5. Tant qu’on y trouvera des distributeurs de « butun drol », le festival fera le plein en spectateur, que cette réunion se déroule à Carhaix ou à Chateauneuf du Faou, il en sera de même !! Les bretons ont abandonné le « gwin ru » pour le « tabac rigolo » avec beaucoup d’ entrain !!!!

  6. Curieusement dès qu’un gauchiste met les mains dans les affaires qui fonctionnent bien, ça tourne en catastrophe.

  7.  » Puissent les querelles politiciennes ne pas prendre en otage le Festival des Vieilles Charrues qui rythme l’été breton depuis 1992…  » Tout est dit dans cette seule phrase , affaire à suivre .

  8. Pas de jaloux ! Attelés les chacun à une charrue, à tirer sur la longueur du champs ! Après on discute …

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