Bannissement de TikTok aux USA : le Sénat américain frappe fort

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Mardi 23 avril, le Sénat américain a approuvé un projet de loi obligeant le groupe chinois Bytedance à vendre TikTok sous un délai d’un an, sous peine de voir l’entreprise bannie des États-Unis. Les Américains nous donnent-ils une leçon de souveraineté ou renient-ils le premier amendement de leur Constitution ?

Cela fait longtemps que le gouvernement fédéral américain souhaitait agir contre le réseau social, puisque Trump avait déjà tenté une mesure similaire lorsqu’il était au pouvoir - sans succès. TikTok est accusé d’être un danger pour la sécurité du pays puisqu’il permettrait à Pékin de collecter des données sur les Américains. Il y a plus d’un an, la plate-forme avait déjà été interdite des appareils gouvernementaux.

Il faut, toutefois, apporter deux nuances. Selon l’association Tosdr, qui attribue la pire note possible à TikTok, ses concurrents américains comme Instagram ou Facebook ne font guère mieux. Surtout, il est difficile de quantifier exactement la collecte des données à laquelle l'application se livre. La différence réside principalement dans le fait que le groupe Meta (propriétaire de Facebook et Instagram) ainsi que la plupart des autres acteurs majeurs du secteur sont américains. Washington peut, sur eux, exercer son contrôle. L’administration Biden craint donc que TikTok ne soit une vaste entreprise d’espionnage mais également de démoralisation. Ainsi il a été reproché à la plate-forme de promouvoir auprès de la jeunesse de fausses informations en Occident, tandis que Douyin, son équivalent chinois mettrait en avant un contenu plus éducatif. Par bien des aspects, le Sénat semble ainsi avoir pris la bonne décision pour la souveraineté des États-Unis. Mais le problème n’est pas si simple.

Premier amendement et mouvements sociaux

Aux États-Unis, certaines choses sont sacrées. La liberté d’expression est l’une d’elles. Auprès de toute une frange de la population américaine, la décision du Sénat ne passe pas. Les premiers à être montés au créneau sont évidemment les influenceurs américains qui se servent de la plate-forme. Si l’on ne peut douter que la crainte de perdre leurs revenus est une puissante source de motivation, ils ont néanmoins d’autres arguments à opposer à cette décision. Interrogée par Le Figaro, l’influenceuse américaine Amanda Rollins déclare ainsi : « On sait très bien que les réseaux sociaux de Meta collectent aussi nos données. Pourtant, ils ne seront jamais interdits. » Faisant référence aux protestations pro-palestiniennes qui secouent le pays, elle ajoute : « On voit bien que les boycotts contre les marques Starbucks, McDonald's ou Kellogg’s sont essentiellement partis de TikTok. » À ses yeux, le gouvernement fédéral veut surtout mieux contrôler les mouvements sociaux et empêcher que certains phénomènes ne deviennent viraux à cause du puissant algorithme de la plate-forme. Elon Musk, pourtant à la tête d’un réseau viral, s’était également prononcé contre l’interdiction au nom de la liberté d’expression. Des centaines d’utilisateurs ont partagé leurs craintes que cette interdiction ne soit qu’un premier coup porté à la liberté d’expression et que le précédent serve au gouvernement fédéral à renforcer son contrôle sur le contenu des réseaux sociaux.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 26/04/2024 à 17:44.
Louis de Torcy
Louis de Torcy
Etudiant en école de journalisme

Vos commentaires

10 commentaires

  1. Les USA et Tik-tok, c’est la fable de l’arroseur arrosé. Les américains trouvent bien d’espionner tous les pays de la planète et leurs dirigeants via la CIA, la NSA et Facebook et agir ainsi sur la politique de ceux-ci (on a vu l’Ukraine en 2013 ou le Brésil l’an dernier) mais ne veulent pas qu’on les espionne à leur tour.

  2. Venu d’un pays où la liberté d’expression est sacrée, la surveillance à tous les coins de rues n’existe pas, ce réseau dit social nous manquait, ce pays dans sa grande bonté nous l’a offert avec une certaine délectation.

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