Nos deux protagonistes du duel, voulu par le Président à l'occasion des européennes, ont chacun un intérêt bien particulier dans cette affaire. Le premier, qui voit son assise électorale s'effondrer depuis la crise des gilets jaunes, souhaite se relancer en agitant l'épouvantail RN. Et le second, qui ne voit pas une véritable dynamique emporter l'opinion publique sur la base de son programme, trop éloigné du sujet Europe en l'axant trop sur l'immigration, cherche à transformer ce scrutin européen en un référendum contre Macron.

Force est de constater que le niveau d'abstention record, prévu par les sondages pour dimanche prochain, ne donne pas le sentiment d'une ferveur de l'opinion publique pour les affaires européennes. Les deux premiers du classement dans les sondages font bien pâles figures si l'on parle en termes de dynamique électorale.

Tout ceci, à l'évidence, est la suite logique d'une volonté d'Emmanuel Macron d'escamoter un véritable débat sur la construction européenne.

Souvenez-vous du débat organisé par France 2, le 4 avril dernier, au cours duquel les têtes de liste devaient présenter un objet symbolisant l'Europe. Nathalie Loiseau brandissait une verrine de piments d'Espelette et Jordan Bardella agitait une passoire. Ce qui s'appelle voir la question européenne par le petit bout de la lorgnette.

Puis est arrivé le tour de François-Xavier Bellamy, tenant dans la main l'Iliade et l'Odyssée d'Homère. L'espace d'un court instant, nous fûmes plongés dans la Grèce antique, mère de la démocratie et berceau de notre civilisation. C'est alors que le travail de fond, entrepris par Laurent Wauquiez depuis qu'il est à la tête de Républicains, dans ce moment si particulier, a pris ainsi toute la lumière. Le choix de François-Xavier Bellamy comme tête de liste des Républicains s'inscrit dans cette volonté de modifier en profondeur le logiciel de pensée de la droite française.

Le nouveau patron de la droite ne cesse d'œuvrer pour déplacer le centre de gravité de sa famille politique, sur le plan idéologique, vers la droite. Et la mise à l'écart de Virginie Calmels en fut la conséquence. Les départs de Juppé et Raffarin n'ont fait que confirmer ce changement d'orientation.

Bref, sous l'impulsion de Laurent Wauquiez, la droite se refonde et le débat européen ne se circonscrit plus entre une Europe fantôme sur le plan géostratégique, battue par les quatre vents, et une Europe à déconstruire.

Il s'agit donc de travailler à cette troisième voie pour la construction européenne Une Europe civilisation, avec de vraies frontières, capable de nous protéger de la concurrence économique extérieure ainsi que des invasions migratoires et offrant de solides coopérations entre les nations à l’intérieur.

Ne nous laissons pas enfermer dans le vote utile, qui n'est utile que pour des considérations politiciennes nous éloignant des préoccupations pour le devenir de notre nation. Pour les élections du dimanche 26 mai, faisons confiance à une famille politique qui se rassemble autour de l'histoire de son pays, des valeurs qui ont construit notre civilisation ainsi que du progrès technique et social que les Français sont en droit d'attendre. Un gros travail intellectuel est en cours.

Ne nous laissons pas leurrer par un duel tactique entre LREM et le RN qui n'a pour seul but que d'éloigner l'électeur des vrais enjeux et masquer le travail de fond des Républicains.

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20 mai 2019 à 17:42

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