
Hervé Cheuzeville a bourlingué de par le monde. Au début des années 80, il se lance dans l’humanitaire. La Thaïlande le fascine. Il s’inscrit aux Langues orientales pour en étudier la langue et la culture. Il y séjourne puis se trouve parachuté sur le continent africain. Il y demeurera durant vingt-deux années.
Il déploie son activité en Centrafrique et sera de ce fait un témoin de la guerre du Rwanda. Durant quatre longues années (1990-94), ce pays est emporté par une violence exterminatrice. Un véritable génocide. Les Hutus, dont le groupe ethnique représente 80 % de la population, massacrent avec allégresse les Tutsis considérés comme des sous-hommes.
Hervé Cheuzeville apporte dans son livre Au fil des chemins, à travers une série de chroniques rédigées dans les années 2010-2011, son regard et ses analyses. Voici un témoignage engagé sur les événements dont il fut témoin. Comment en serait-il autrement, devant un tel déferlement de violence, quand la barbarie ne connaît aucune limite ? Comme dans les tremblements de terre, les génocides pourraient avoir leur échelle de Richter. Au Rwanda, la furie atteint un sommet.
Hervé Cheuzeville ne se complaît pas dans la description des massacres, cela fut fait. S’il les évoque sobrement, il porte toute son attention aux manipulations de l’information de l’opinion internationale. En cette terre emportée par la démesure, le manichéisme radical s’est imposé. Là-bas, les forces du bien s’opposaient à celles du mal. On connaît la chanson.
Le témoignage objectif demeure toujours une fiction. L’opinion oscille sans cesse entre deux poids et deux mesures. L’un des mérites de l’auteur consiste à attirer l’attention de ses lecteurs sur bien des événements, généralement dramatiques, qui se sont déroulés de par le monde dans l’indifférence générale.
Il faut prendre la troisième partie de l’ouvrage, consacrée à la Méditerranée, avec la plus grande réserve. L’auteur qui s’avère subtil quand il parle de l’Afrique et de l’Asie dérape lorsqu’il parle d’Israël, la Palestine, la Grèce ou la Turquie. Évoquant ces pays, il en a une vision très personnelle, superficielle et bien partisane. Comment ne pas sursauter en lisant que « depuis quelques années, il est devenu de plus en plus difficile en France, et en Occident, d’exprimer des opinions qui ne soient pas hostiles à Israël » ? Développant son propos, il prétend démontrer que la création d’un État palestinien n’a pas sa raison d’être. Il considère que la Grèce est victime de l’Allemagne et des pays de l’Europe du Nord. Il prétend que la Turquie est par essence européenne. De telles affirmations ne peuvent qu’engendrer des débats véhéments, pour ne pas dire forcenés. Sur de tels thèmes, la passion l’emporte souvent sur la raison.
Hervé Cheuzeville est un homme indigné qui s’insurge contre tant de silences complices de la communauté internationale. Sans partager toutes ses analyses, on se doit d’entendre cette voix qui dénonce la concussion et tant de lâchetés menées au nom de la bien-pensance et du politiquement correct.
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