Chanson black, blanc, beur : à pleurer pour notre France…

En matière de timing, on avait déjà 120 battements par minute. Maintenant, on a "180 secondes pour les droits de l’homme", un concours organisé par le Mémorial de Caen (Calvados) à destination des collégiens de 4e et 3e, remporté cette année, entre autres, par des élèves du collège Henri-Dunant, à Meaux (Seine-et-Marne), avec une chanson dont le titre, "Black, blanc, beur", avait quelques trains de retard, ce slogan trompeur renvoyant plus volontiers à la victoire des Bleus lors de la Coupe du monde de football de 1998.

Les lauréats de ce concours démagogique à souhait ont donc séduit "un jury composé d’enseignants et du monde médiatique [sur] plus de 140 collégiens et près de 8.000 élèves [qui] ont participé au projet, [et] quinze équipes finalistes d’élèves de 4e et quinze équipes d’élèves de 3e" (actu.fr).

En ce qui concerne les sujets, on avait l’embarras du choix, certifié bien-pensant, évidemment : "XXIe siècle, le marché aux esclaves ; la peine de mort ; le harcèlement de rue ; le glyphosate : un scandale ! ; ou encore Mariage pour tous et au-delà" (op. cit.), à raconter sous forme de poésie, musique, mime, etc.

Après avoir écouté le morceau de bravoure, plein de contre-vérités, des champions – Livann Martiny et Cheick Mohammed Sylla –, je n’ose imaginer ce qu’était le reste, à moins, bien entendu, que ledit jury ait été idéologiquement orienté pour départager les concurrents - ce qui est assez fréquent.

Car la chanson de rap en question – du bal musette, ça ne le faisait pas ! –, interprétée par des blacks ni blancs ni beurs, est nulle et n’évoque rien d’autre que le vide éducatif ambiant, en plus des revendications d’une certaine diversité qui, à défaut de faire son examen de conscience, fustige ceux pour qui "l’esclavage c’est toujours pas fini dans leur tête", c’est-à-dire les "cisteras" (restitution phonétique de « raciste » en verlan) qui votent "FN", "ne veulent rien savoir" et "critiquent que les noirs". Alors que "malgré les différences on est tous pareils".

Le pire, c’est que les "cisteras" ne se "rendent pas compte qu’ils respectent pas la loi" parce qu’"Égalité c’est la devise". Donc, "il faut crier justice et la police fraternise", rien que ça ! Mieux : "les blacks d’aujourd’hui font le monde demain". C’est beau comme un discours de Jaurès devant la Chambre ! Enfin, presque.

Le camp du bien avait autrefois des plumes et des voix dignes de ce nom pour vanter ses idées. Je pense notamment à Marc Ogeret chantant Louis Aragon. Désormais, si, comme le dit la chanson, ces rappeurs sont le monde de demain, nous n’aurons plus que nos yeux pour pleurer.

Quant à moi, je préfère murmurer, dans le silence de mon abattement face à l’ampleur du désastre incarné par ces têtes de vainqueurs, quelques vers de Chateaubriand : "Combien j’ai douce souvenance / Du joli lieu de ma naissance ! / Ma sœur, qu’ils étaient beaux les jours / De France !" (Souvenir du pays de France - Romance).

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