Je suis inquiet face à la haine que suscite Emmanuel Macron chez certains. Une haine parfois tellement puissante et inédite qu'elle semble prendre à partie non plus un président de la République mais un roi de France.

Je n'évoque pas les oppositions qui, virulentes, parviennent encore à se faire passer pour un authentique combat syndical. En cherchant bien, dans ces affrontements, on trouve encore des traces de convictions et de craintes pour l'avenir qui relèvent de la joute démocratique. Le citoyen est plus qu'incommodé mais on prétend servir sa cause.

En revanche, la honte devant ces actions qui, dans les facultés - Montpellier, Tolbiac, Strasbourg, Bordeaux ou ailleurs -, opprime et dégrade et, en définitive, déshonore la jeunesse et les études. Au début de ce mouvement contre ce qui serait une forme de sélection pourtant nécessaire - les écrits de l'UNEF emplis de fautes d'orthographe n'infirment pas cette obligation, bien au contraire -, la démagogie habituelle à l'égard des humeurs étudiantes les a traitées avec beaucoup d'indulgence. Puis on a appréhendé la logique d'un processus inéluctable au regard de notre vie politique. L'extrême gauche écrase et bloque et détourne radicalement le débat, un temps acceptable, vers des élucubrations partisanes, mondialistes et des exigences de démission du président de la République et du Premier ministre. On va vers des "ZAD universitaires" et c'est de la folie pure !

Même avec la "coagulation des luttes", ce mantra ressassé comme une nostalgie ou un réflexe, je ne crois pas qu'il y ait là de quoi expliquer l'animosité civique et personnelle qui, de la part de citoyens de plus en plus nombreux, est destinée au président de la République ou plutôt à Emmanuel Macron. Car, pour ces adversaires frénétiques et d'une mauvaise foi revendiquée, l'homme est bien plus au cœur de leur fureur que le Président.

Qu'on songe à ce qui s'est passé à Nantes où, pour prétendument dénoncer "Macron et son monde", on a érigé une potence avant d'y pendre un pantin à l'effigie du Président après lui avoir fait son procès. Et on a osé ajouter : "On est contre la peine de mort, bien sûr. Mais là, on est plus dans le symbole. Et il faut en finir" (France Bleu). Ce n'est plus de la démocratie mais du lynchage ! Comme "un appel au meurtre". Et l'idée de symbole ne trompe personne.

L'allure du pouvoir, la répudiation de la profusion et de la volubilité politiques, le souci d'une majesté pour faire honneur à la France et la rendre fière de celui qu'elle a élu sont ridiculisés et minimisés : ce serait l'affichage d'une pompe grotesque révélant le narcissisme du personnage.

Le courage de la vérité aussi bien dans ses déclarations officielles que dans des échanges plus spontanés et vigoureux - mais jamais grossiers - est analysé comme l'arrogance de celui qui sait et impose, l'expression d'une condescendance de classe.

On a décidé que cette personnalité qui avait tant fait rêver sur le plan politique était à abattre (symboliquement !) parce qu'il cherchait à nous projeter dans le pire des mondes d'hier, pour les inégalités, le mépris et la conscience supérieure de soi, au lieu de tenir les promesses d'un avenir empli de nouvelles couleurs démocratiques.

Il serait souhaitable aussi que le Président donne du grain à moudre à ceux qui, comme moi, tiennent pour une indiscutable chance la relève, ce changement d'air et d'ère que la démocratie a permis, en se défiant d'une inconditionnalité que son environnement élyséen et parlementaire lui octroie, faisant rejaillir sur lui l'opprobre injuste de l'avoir exigée.

Le Président n'est pas irréprochable. Et son gouvernement non plus. Qui pourrait contester cette banalité ? Qui ne serait pas fondé à émettre réserves et inquiétudes politiques ? Mais pendre l'effigie d'Emmanuel Macron, quel dévoiement national !

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09 avril 2018 à 0:00

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