Schiappa-Rome : bataille à coups de sac à main

SCHIAPPA

Il y a le réchauffement climatique, la guerre en Ukraine, la réforme des retraites et toutes ces sortes de choses. Tout cela n’est rien à côté de la guerre de Titanes qui fait rage au sein même du gouvernement entre Marlène Schiappa et Isabelle Rome.

À ma gauche, la secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative. Vedette et tête de gondole de la Macronie, période bleue, elle fut secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre la discrimination (le dernier ferme la porte) puis ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur pendant près de deux ans – son « peak moment », comme dirait les Brits. Vint ensuite une petite traversée du désert, modèle bac à sable, entre le 20 mai et le 4 juillet 2022, où elle se retrouva sans portefeuille, évoquant même son retrait de la vie politique. Finalement, elle réintégra la dream team sur un strapontin de secrétaire d’État. Au rattrapage. Pendant de longs, trop longs mois, on n’entendit plus parler d’elle. Le bien ne fait pas de bruit et moins de bruit ne fait pas de mal non plus. Enfin Playboy vint. Là, faut reconnaître qu’elle mit la barre très haut. Ce pleurnichard de Dussopt pouvait aller se rhabiller avec son interview dans Têtu. La dame de Matignon apprécia moyen. Avec sa sobriété qui fait sa marque de fabrique, Élisabeth Borne fit savoir que ce « n’était pas appropriée, a fortiori dans la période ». On va dire ça comme ça. Mais bon, Marlène Schiappa n’allait pas quitter le gouvernement pour si peu.

À ma droite, Isabelle Rome. Moins connue que la première, pour ne pas dire relativement inconnue au bataillon, cette magistrate de profession présente un profil beaucoup moins baroque que sa copine de gouvernement. Juge d’application des peines, présidente de cour d’assises, inspectrice générale de la Justice : rien, pour l’instant, dans son cursus, ne semble la disposer à relever le défi d’une interview choc, par exemple dans Lui. Néanmoins, comme sa petite camarade dont elle pourrait être la grande sœur ou la jeune maman, vu que 19 ans les séparent, la plume la chatouille drôlement : Mme Rome est autrice. Des livres sans doute moins rigolos et torrides que ceux de notre romancière à succès : Vous êtes naïve, Madame le juge, Dans une prison de femmes : une femme en immersion, Plaidoyer pour un droit à l’espoir, Liberté, égalité, survie, L’Emprise et les violences au sein du couple... À déconseiller, j’imagine, les soirs de coup de blues. Là-dessus, bien entendu, Mme Rome est une féministe de haute école, tendance woke à pas feutrés. Le Planning familial communique sur la possibilité, pour un homme, d’être enceint ? Mme Rome vient immédiatement à la rescousse, d’autant que… l’extrême droit, et tout ça... L’extrême droite, justement : Mme Rome va visiter un centre du Planning familial dans le Sud-Ouest. La députée RN du coin, Edwige Diaz, est exclue de la visite ? Silence radio du ministre. L’extrême droite, que voulez vous.

Mais ce n’est pas le sujet. Le sujet, c’est la guerre entre Schiappa et Rome. Cette dernière, au début du mois, avait critiqué publiquement la mise à nu (façon de parler) de sa collègue dans le magazine « de charme » : « Prétendre que poser dans Playboy fera avancer la liberté des femmes, j'en doute sérieusement. La sienne, peut-être… », avait-elle notamment lâché dans Le Figaro. Ce coup de sac à main balancé d’un geste dont on appréciera l’élégance et la précision, l’ancienne magistrate avait achevé sa sœur en féminisme en lui enfonçant ses talons à aiguille dans le crâne : « À mes yeux, défendre les droits des femmes dans Playboy reviendrait à lutter contre l’antisémitisme en accordant un entretien à Rivarol. » Tout se discute, vous me direz.

L’affaire, visiblement, ne pouvait pas en rester là. Action-réaction. Si l’on en croit Le Canard enchaîné, la madone des plateaux télé aurait envoyé un SMS pas piqué des hannetons et en toute sororité à Isabelle Rome. « Ne pas avoir de notoriété, ce n’est pas grave en politique [NDLA : un peu quand même, non ?] Ne pas avoir d’action concrète, déjà plus. Ne pas avoir de tripes, encore plus. Tu n’es qu’un sac à main de seconde main. Trouve le courage de me rappeler plutôt que de parler dans mon dos. » A priori, ces deux-là n'iront pas au spa ensemble, le week-end prochain. Au fait, qui va siffler la fin de la récré dans le gynécée ?

Mais nous voici rassurés : le cabinet de Marlène Schiappa dément : « Il y a bien eu un échange de SMS, oui, mais en aucun cas avec les termes rapportés par le Canard. La Ministre défend le réemploi et la seconde main et dément catégoriquement avoir utilisé ces termes. » On aimerait connaître ces termes...

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

18 commentaires

  1. Vous me direz, ça ne vole pas bien haut ce genre de femmes ,, elles représentent la macronie dans toute sa splendeur, ni foi ni loi, tout leur est permis et le pouvoir les rend dingues,elles n’en peuvent plus, pour moi et mon âge c’est une régression de féminité ,aucune élégance ,aucune tenue, ça parle comme les hommes ,bref rien de bien interessant qui puisse rendre aux femmes leur vrai statut.

  2. Je ne comprends pas les tonneaux d’encre déversés dans les médias concernant Mme SCHIAPPA, qu’aura t elle laissé comme Ministre dans l’histoire de ce pauvre pays ? RIEN !

    • Ce qu’il me semble devoir comprendre, c’est que ses sms dignes d’enfants de la materneelle cachent une affaire beaucoup plus grave de détournement de subventions accordées par mme Schiappa à des assaciations « vertueuses » poor prévenir d’autres exactions à la suite du meutre du professeur Samuel Paty. Les subventions Marianne ont sourtout permis frauduleusement d’engraisser le salaire des présidents de 2 associations qui n’ont pas produit ce qu’on n leur demandait, sans aucun contrôle de l’Etat

  3. Lu sur la toile « Madame Schiappa incarne à elle seule l’idéologie politique macroniste. Elle a tous les droits, elle peut faire ce qu’elle veut, comme elle le veut, quand elle le veut. L’Etat de Droit a disparu. Pour eux. Utiliser une personne décédée pour créer le buzz, en prétendant miraculeusement trouver des solutions à ce qu’ils ont contribué à créer.

    La lutte contre le séparatisme est un sujet politique, tout comme la chasse aux opposants, aux soit disant fake news ou encore la lutte contre le complotisme.

    Ce magma d’imbécilités peut rapporter gros, la preuve. Ils n’ont aucune décence, aucune moralité et surtout ils sont d’une médiocrité profondément affligeante. »

    Il y a donc encore de la pertinence … la Macronie n’est qu’un « pouvoir » superficiel de médiocrates … elle disparaitra en même temps que les structures qui ont permis l’avènement de ces tristes individus qui nous empêche de vivre … autant qu’ils veulent empêcher notre pays de vivre en tant que lui-même … avec son Histoire …

    • Vous avez hélas tristement raison .
      J’aime bien ces coups de gueule mais après celui-ci je ne vois pas quoi ajouter!
      Compliments.

  4. Les concerts de casseroles antimacroniens sont un véritable symbole car ce gouvernement trimballe plus de casseroles judiciaires que le peuple n’en exposera. Trop de corrompus devient une Mafia.

    • Je pense plutôt l’inverse : la mafia, après avoir pris d’assaut le pouvoir (en toute illégalité, il n’y a qu’à « tirer le fil » d’après De Villiers), amène la corruption dans ses bagages, condition indispensable à sa survie.

  5. Intéressant ces amabilités féminines comparables à l’existence de deux frangines aux caractères opposés, mais obligées de cohabiter sous le même toit parental sous peine de se retrouver à la rue. C’est l’exemple typique que l’on pourrait prendre, si l’on est persuadé comme moi, que la macronnie explosera lorsque l’éphémère patriarche ne sera politiquement plus attractif dès lors qu’il franchira pour l’ultime fois, les portes du Palais présidentiel. Ses « enfants » politiques, orphelins du néant, retourneront vaquer à leurs occupations prénatales et les « pièces rapportées » iront humblement toquer à la porte de leurs maisons respectives, dans l’espoir d’entamer au moins à l’abri, une traversée du désert électoral.

  6. Nous avons là affaire à une lignée de femmes politiques de haute volée !!! Cela reflète bien le niveau de la France actuelle …….

    • Bien dit…et les sacs à main n’ont jamais volé très haut…sauf les prix pour certains et l’affaire ne nous dit pas de quel couturier ils portaient la signature.

  7. Digne d’un crêpage de chignons entre poissonnières sur la place du marché ! Le dénominateur commun de ce gouvernement est la nullité sidérale de la plupart de ses membres : sans doute est-ce d’ailleurs pour ça que Macron les a choisis. Ceci dit je préfère encore Marlène Schiappa à qui il arrive parfois de tenir des propos sensés à l’idéologue woke Isabelle Rome. Sauf que Marlène aurait dû rester auteur de romans érotiques plutôt que de s’embarquer dans cette galère navigant à vue.

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