Débat Le Pen-Macron : tous les coups bas sont-ils permis ?

macron le pen

C’était plutôt bien parti. Le Président-candidat faisait preuve de courtoisie, d’amabilité : « comme vous l’avez justement souligné », « sur ce point, vous avez raison, Mme Le Pen », etc. D’amabilité, mais aussi, semble-t-il, d’une certaine fébrilité. Trop aimable, en tout cas, pour que ça dure. Vient alors le dossier international, et plus particulièrement la guerre en Ukraine.

Marine Le Pen adopte la posture traditionnelle que la plupart des chefs des grands partis d’opposition, de droite et de gauche, ont tenu tout au long de la Ve République, lorsqu’il s’agit d’aborder la position de la France dans le monde, notamment à l'occasion des crises internationales : se ranger derrière le chef de l’État, en charge de représenter la France « à l’international ». Et la candidate du Rassemblement national de rappeler son soutien à l’Ukraine, sa condamnation de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, son appui aux sanctions, à l’exception de l’embargo sur le pétrole et le gaz russes car, selon elle, non efficaces. À ce moment-là, objectivement, comment ne pas reconnaître que Marine Le Pen « fait Présidente » en saluant l'action du Président Macron, qu’elle aborde les questions internationales de façon gaullienne lorsqu’elle évoque le risque de voir la Russie et la Chine constituer un bloc économique, énergétique et militaire.

À ce moment-là, en retour, on se dit que l’homme qui préside aux destinées de la France depuis cinq ans, qui naguère faisait la bise à Angela Merkel et tapait sur l’épaule de Trump, va nous tracer de vastes perspectives, nous donner sa vision pour la France - cela dit, faudrait-il encore avoir une vision pour la France - en Europe et dans le monde pour les vingt, trente prochaines années. Bref, qu’il va en mettre plein la vue à celle qui n’est finalement qu’une députée nationale du Pas-de-Calais, le chef d’un parti qui n’a jamais été au pouvoir, et, par la même occasion, qu'il va impressionner les Français qui l’écoutent et ont la nostalgie des de Gaulle ou Mitterrand. Au lieu de cela, à quoi avons-nous eu droit ? À une attaque ad hominem de son adversaire. « Madame Le Pen, vous dépendez de M. Poutine […] Vous avez emprunté auprès de la Russie […] En parlant à M. Poutine, vous parlez à votre banquier » (nous citons de mémoire).

Passons sur la malhonnêteté du Président-candidat qui remet cette affaire sur le tapis alors qu’il sait pertinemment qu’aucune banque française n’avait accepté de prêter à Marine Le Pen pour l'élection présidentielle de 2017, que ce prêt se rembourse très régulièrement sous le contrôle de la Commission des comptes de campagne. Ce qu’on retient, à cet instant-là, c’est que le Président-candidat n’hésite pas à balancer des boules puantes comme un vulgaire petit Darmanin de garenne. Certes, les deux candidats sont à égalité durant ce débat, mais il n’empêche que le candidat Macron ne peut dégrader le Président Macron en gaspillant son temps de parole consacré aux questions internationales et à la place de la France dans le monde avec une attaque aussi basse et, finalement, hors sujet. Certes, on dira que tous les coups sont permis. Peut-être. Un coup bas qui, en tout cas, aura permis à Marine Le Pen de montrer sa capacité à résister au feu. Car si Emmanuel Macron cherchait à faire sortir de ses gonds Marine Le Pen, il faut bien reconnaître que, sur ce point, il a largement échoué.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 22/04/2022 à 11:32.
Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

66 commentaires

  1. Toujours aussi méprisant, prétentieux et menteur car il est loin de dire la vérité, il préfère sa vérité. Comment oeut-on voter pour un être aussi abject!

  2. Le minable n’a pas évolué, incapable de se remettre en question et promet le pire… on verra si les Français ont tiré les leçons….. ou veulent encore en baver. Il ya des masochistes qui aiment souffrir…

  3. D’accord pour votre opinion sur Macron. Mais M L P, à mon avis mal conseillée, aurait dû montrer plus de combattivité, ce qui ne veut pas dire agressivité.

  4. J’aurais aimé qu’elle place les Gilets Jaunes mutilés ou condamnés à des peines bien plus lourdes que les voyous de banlieue….Trump a gagné en 2016 pour avoir sorti les 500 000 morts dus aux opioïdes qu’ont du prendre de jeunes Américains en bonne santé pour avoir du travailler comme des fous suite à la crise de 2008, ce qui était un sujet tabou….Elle avait tout le vote Gilet Jaune et c’était JUSTICE….Mais je n’étais pas à sa place….

  5. Peut-être est-ce en raison de la petitesse de son interlocuteur concernant le problème russe que MLP n’a pas insisté sur l’affaire de certans cabinets-conseils. C’est louable ,mais on peut regretter qu’à plusieurs reprises elle ait raté l’occasion de le mettre KO. C’est ainsi que se perdent les élections.

  6. Pour mémoire : Démissions :
    François Bayrou (garde des sceaux) : Conflit d’intérêt
    Richard Ferrand (ministre de la cohésion …s) : Conflit d’intérêt
    Laura Flessel (ministre des sports) : oubli déclaration
    Françoise Nyssen (ministre de la culture) : fraude
    JP Delevoy : (ministre de la f publique) cumul illégal
    Muriel Pénicaud (ministre du travail) : recel et favoritisme
    Agnes Buzin (ministre de la santé)
    suite et pas fin !

  7. Sur l’immigration, et la politique de ce gouvernement, il faut écouter la petite vidéo de Jean Paul Garraud député français (Identité et démocratie) au parlement européen.
    Il raconte l’audition de Gérald Darmanin par la Commission des libertés civiles au Parlement européen sur le sujet de l’immigration. le 07 02 2022

  8. Elle ne s’est adressée qu’aux Français, en faisant abstraction des interventions suffisantes d’Emmanuel Macron. J’aurai aimé intervenir pour la défendre. Malgré le sondage, je voterai pour MLP dimanche

  9. Il ne s’est pas gêné et avec insistance ses relations avec Putin et la Banque Russe allant même jusqu’à justifier quant à l’assiduité et du contrôle des remboursements. et lui avouer qu’elle était à la tête d’un « Parti pauvre ». Il est vrai qu’avec 20.000 adhérents à jour de cotisation ce n’est pas pléthorique à coté des 120.000 adhérents de Zemmour en 3 mois.
    Dommage, parce qu’elle a d’excellents adjoints et collaborateurs qui se donnent du mal, je pense aux Mariani, Chenu, Bay qui l’a quitté.

  10. Macron , toujours aussi arrogant et prétentieux , a déroulé son bagout de bonimenteur avec ses mimiques stupides , il est vraiment détestable ;
    Marine a parfaitement résisté , contrairement à ce qu ‘ il attendait , provoquant chez lui une certaine fébrilité ;
    Elle aurait pu être plus offensive ,c ‘est vrai : il y avait tant à dire sur ces 5 lamentables années …
    Maintenant , ce n ‘ était qu ‘ un débat , seuls les votes comptent , en souhaitant qu ‘ il n ‘y ait pas de fraude …

  11. L’allusion perfide de l’emprunt à une banque Russe sous entendait la trahison de Marine le Pen, qui s’ne est bien défendue. Etais ce un piège pour inciter Marine le Pen à évoquer l’affaire ALSTOM qui sent la haute trahison ? La question de l’autonomie de nos sous marins nucléaires reste bien mystérieusement ignorée par tout le monde alors qu’un chef de nos services et le courageux Montebourg émettent des doutes. Aucun mot sur le rachat des « reliefs » par EDF, à prix d’or, parait il.

  12. J’ai beaucoup aimé Marine Le Pen hier soir. Ce qui m’a frappé chez Macron c’est son phrasé ridicule, avec des chuintements et des zozotements. Sa voix ne portait bien que quand il commençait un tunnel et s’écoutait parler, façon théâtre. Sa gestuelle était également celle de quelqu’un qui n’est pas à l’aise : posture avachie, bras croisés, yeux souvent baissés, et vers la fin il a même tourné le regard vers les journalistes, comme pour chercher du soutien chez des macronistes.

  13. Après avoir choisi Zemmour au premier tour, je voterai RN dimanche en espérant un miracle qui sauvera la France !!!! Je n’ ai pas regardé le débat sachant que tout avait été mis en place pour favoriser Macron, le fossoyeur de la France !!!

  14. Sous un air de neutralité arbitrale, les deux commissaires politiques ont soigneusement évité de laisser à MLP un instant libre pour mettre le doigt où ça aurait pu faire très mal (McKinsey, Pfizer, déclaration de patrimoine…), toutes questions qui auraient pu être très embarrassantes pour JUPITER, fût il cramponné au sommet de l’Olympe.
    En revanche, ils ont laissé celui-ci s’étendre sur le prêt d’une banque russe au RN.

  15. L’attaque d’entrée agressive et minable était destinée de la part de Macron à apporter un malaise chez son opposante. Occasion ratée à laquelle on a regretté qu’elle ne réponde pas par une attaque semblable sur l’usage onéreux des think tanks américains.. elle n’a pas joué le jeu où le président l’entraînait d’emblée et c’est méritoire car ensuite son ton paternaliste et arrogant à pris toute sa mesure et on a assisté encore à la louange de son bilan.

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