[LIVRE] À l’attention des femmes libérées de la pensée unique, Le Temps de la féminité

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Vous savez, dans les hypermarchés, comme les chefs de rayon sont prudents, à l’approche de la fête des mères : attention, pas de robot ménager, de produit de beauté ni de puériculture sur le présentoir. Rien que des bouquins de Simone de Beauvoir, Gisèle Halimi ou Annie Ernaux. Les femmes ne font plus la cuisine, se désintéressent de leur apparence et n’ont que faire des enfants que, d’ailleurs, elles n’ont pas. Les femmes, c’est bien connu, ne sont plus que purs esprits éthérés. Et des esprits éthérés de gauche, soumis aux diktats du prêt-à-penser de la saison comme à ceux du prêt-à-porter et aux règles de la bien-pensance comme, jadis, au guide de savoir-vivre de la baronne Staffe qui dans sa forme contemporaine, a pris un adverbe : savoir-vivre-ensemble.

Alors, pour une fête des mères transgressive, à l’attention des femmes libérées de la pensée unique, on lira un tout autre livre que ceux ci-dessus cités : celui d’Isabelle Muller, paru le mois dernier : Le Temps de la Féminité (Éditions Boleine).

La couverture est rose, ce qui est déjà en soi transgressif. Le célèbre portrait d’Audrey Hepburn que l’on y voit, comme une allégorie du « beau sexe », l'est encore plus : les femmes revendiquent aujourd’hui, aussi, le droit d’être moches. Offrir ce livre le jour de la fête des mères, comme si l’on avait l’outrecuidance de faire un lien entre « féminité » et « maternité », est déjà en soi crypto-fasciste. Une femme ne se définit plus par la biologie ni par ses caractéristiques physiques - que les trans se sont appropriées et surjouent dans un womenface que ceux qui dénoncent le blackface applaudissent - ni même par ses caractéristiques psychologiques - un supplément d’altruisme, de subtilité, de scrupule, de miséricorde, d’empathie, moins de tendance à la colère, moins d’appétence pour la guerre - qualifiées de paternalisme bienveillant, sauf quand les compagnies d’assurance s’en servent d’argument publicitaire - « conduisez comme une femme » - ou la gauche d’outil politique : quand Zemmour rend un coup à une femme qui l’agresse, le concept de « sexe faible » paraît soudain une évidence pour tous.

Si la femme ne peut plus être définie, on peut en conclure que la femme n’est plus. « Notre civilisation est la première à vouloir déconstruire les sexes », écrit Isabelle Muller.

Trait par trait, comme une esquisse, pour la faire revivre, Isabelle Muller redessine les contours de la féminité, dans toutes ses acceptions et toutes ses saisons, car comme l’explique finement l’auteur, il y a plusieurs « temps de la féminité », plusieurs périodes de vie, où maternité et activité se conjuguent différemment. Laisser imaginer, comme le fait une Corinne Maier dans son célèbre livre No Kids, que mettre au monde un bébé, c’est se condamner pour l’éternité aux vagissements nocturnes impérieux, aux petits-suisses écrasés à midi et au bain à 18 heures est une imposture (les collégiens savent prendre leur douche, et même le bus pour aller à l’école). Reste que, comme le disait Aristote cité par l’auteur, « la femme engendre dans son propre corps, l’homme engendre dans le corps d’autrui. De cette différence essentielle, vertigineuse, naît tout le reste. » Et cette potentialité maternelle existe chez toutes : « Une femme qui ne serait pas mère n’est pas moins accomplie, mais cette capacité, tout en permettant d’appréhender sa spécificité, lui confère un privilège grandiose. » Une potentialité qui se décline en miroir pour son alter ego masculin : « L’homme et la femme, qui ne se distinguent évidemment pas au niveau de leurs qualités intellectuelles ou morales, se différencient cependant dans un domaine plus fondamental et ontologique : la possibilité d’être père ou mère. »

Pour étayer sa démonstration limpide, Isabelle Muller cite pêle-mêle Édith Stein qui, à défaut de fécondité charnelle, a eu une immense fécondité spirituelle, Gertrude von Le Fort, dont La Femme éternelle est aujourd’hui aussi méconnue que sa Dernière sur l’échafaud, « plagiée » par Bernanos dans les Dialogues des Carmélites (un effet Matilda que les féministes de gauche n’ont jamais dénoncé, peut-être parce qu’elles n'ont pas pardonné à Gertrude, précisément, sa Femme éternelle)… mais aussi, plus près de nous, des jeunes femmes telles que Marianne Durano et Eugénie Bastié - preuves vivantes que non seulement utérus et cerveau ne sont pas incompatibles, mais qu’ils peuvent même être complémentaires pour mieux comprendre le monde - ou encore Véra Nikolski, auteur de Féminicène (Fayard), qui, en montrant que « les vraies raisons de l’émancipation de la femme » tenaient plus à « l’infrastructure économique, technologique industrielle de nos sociétés » qu’au combat féministe, a jeté un pavé dans la mare des idées toutes faites. Et parce qu’il n’y a que les féministes de gauche pour refuser aux hommes le droit de s’exprimer sur ces sujets, Emmanuel Todd n'est pas oublié : dans Où en sont-elles ?, il analyse la bascule de l’émancipation de la femme vers la négation de la biologie à partir du milieu des années 80, même si, selon lui, « tout était déjà en germe chez Simone de Beauvoir ».

Le Temps de la féminité, un livre court et clair qui refait de la femme, comme dans le poème d’Aragon et la chanson de Jean Ferrat (deux communistes trahis par la gauche), « l’avenir de l’homme » qu’elle seule met au monde.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 24/05/2024 à 22:08.
Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

7 commentaires

  1. Il y a plus de 10 ans que dans l’école de mes petites filles on ne parlait plus de fête des mères, mais de fêtes des parents (probablement 1 et 2).

  2. Il va falloir expliquer aux petits de maternelle et primaire pourquoi il ne peuvent souhaiter et donner leur oeuvre à une maman qu’il n’ont pas , on ne peut pas appeler Maman un des deux hommes qui vous élèvent !!!

  3. Vous citez Aragon et Ferrat , un amoureux des femmes , des vraies, pas des « petits mecs « auxquels certaines voudraient s’identifier, comme si c’était la panacée .
    Audrey Hepburn icône d’une féminité affirmée et qui illustre la couverture du livre était bien plus libérée que nombre de femmes qui se revendiquent comme telles, aujord’hui .Malheureusement pourelles ,les féministes qui s’invitent même dans les cours de maternelles n’ont pas réussi encore à empêcher les petites filles de préférer la couleur rose, parfois au grand dam de leurs propres mamans qui voudraient qu’elles soient à la page du féminisme imposé .

  4. L’homme est la femme sont complémentaires et sont naturellement construits pour fusionner et engendrer le produit de cette fusion. Que certaines « brinquebalées » ou que certains « déconstruits » ne veulent pas l’admettre et cherchent ailleurs, c’est grand dommage pour eux car ils passent à côté du meilleur comme du merveilleux, pour ne recueillir que dommages, peines, déceptions et destructions. Il est à souhaiter toutes ces erreurs d’un casting inacceptable viennent à disparaître mais encore faudrait-il que nos soit-disant élites politiques et médiatiques montrent l’exemple et admettent avec honnêteté et regret s’être ouvertement trompées.

  5. Tout se résume dans l’apparence, il n’y a qu’à regarder la rue pour le constater, mais à qui la faute ?
    En grande majorité, jeans et baskets, (certes souvent plus pratiques) ont remisé, toilettes et souliers changeant totalement l’apparence. On ne veut pas de l’uniforme à l’école qui, là, pourtant, aurait toute son utilité, mais on l’accepte dans la rue, cherchez l’erreur ! Qu’avons-nous fait ou du moins pas fait pour en arriver à une telle mascarade, nous ne sommes plus dans les années 50/60, peut-être faut-il remonter après 70, mais une chose est certaine c’es 50 dernières années ont petit à petit tout détruit de ce qui était beau.

  6. « L’homme et la femme se différencient cependant dans un domaine plus fondamental et ontologique : la possibilité d’être père ou mère. » !! Plus maintenant puisque les LGBTQI+ affirment « dur comme fer » qu’un homme peut être enceint . Alors !!!!

  7. Que l’on se rassure ces femmes , ces mères et grands-mères existent encore . Et ces femmes ont réussi à combiner vie familiale et proffessionnelle , donner la vie à d’autres femmes qui suivent son exemple . La différence dans ces couples « normaux  » c’est que ces jeunes femmes ont réussi à impliquer les hommes , des hommes qui ne rechignent pas à mettre la main à la pâte , qui aident aux tâches ménagères , savent s’occuper des enfants etc ….. Et ces couples fonctionnent à merveille , ce qui prouve bien que les femmes qui enfantent et travaillent ont également un cerveau . Donc celui qui a dit que la femme est l’avenir de l’homme ne s’est pas trompé .

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