Européennes : Et si Raphaël Glucksmann dépassait Valérie Hayer ?

Valérie Hayer stagne. Difficile, pour celle qui fut choisie en dernier recours, d’imprimer dans les consciences – Bruno Le Maire, Stéphane Séjourné et Pascal Canfin ont tous décliné avant elle. Pourtant, la candidate multiplie les déplacements. Après Lille, Bayonne, Paris, Lyon et Strasbourg, l’eurodéputée est attendue ce mercredi 22 mai à Saint-Berthevin, en Mayenne, avec pour renfort – et pas des moindres – Gabriel Attal. Pour autant, est-il suffisant pour la tête de liste de surfer sur la notoriété du Premier ministre alors même que la gauche piétine ses plates-bandes ? Du côté de l’opposition, on feint l’empathie. Au détour d’une conversation, la tête de liste du Rassemblement national, Jordan Bardella, confie : « Sa campagne ne doit pas être simple, je la plains, dit-il d’un air presque railleur. Ça doit être compliqué de faire campagne quand vous savez vous-même que vous n’avez pas été le premier choix. Et puis, ce n’est pas évident non plus de faire campagne quand on doit se faire connaître. Elle est seule. »

Un défi : convaincre les macrono-abstentionnistes

Derrière les sondages bruts se dessinent différentes catégories de votants. Gilles Finchelstein, secrétaire général de la fondation Jean-Jaurès, identifie au moins quatre grandes catégories entre les électeurs macronistes : les « macrono-abstentionnistes », les « macrono-macronistes », les « macrono-socialistes » et les « macrono-républicains ». En effet, parmi les électeurs d’Emmanuel Macron en 2022, plusieurs fractures s’opèrent. Si 50 % déclarent s’abstenir au scrutin du 9 juin, d’autres souhaitent voter pour les candidats en périphérie de Valérie Hayer : Raphaël Glucksmann (16 %) et François-Xavier Bellamy (6 %).

Quelle marche de manœuvre reste-t-il à Valérie Hayer ? Compliqué à percevoir. Pour l’actuelle présidente du groupe Renew au Parlement européen, il est crucial de récupérer un certain nombre d’électeurs centristes (sociologiquement proches des soutiens de la candidate) séduits par les discours de Glucksmann et Bellamy – si peu nombreux qu’ils n’augmenteraient que d’un point les résultats de la candidate ; et mobiliser les moins impliqués dans cette campagne, en moyenne plus jeunes ou issus de classes socioprofessionnelles moins élevées (37 % sont ouvriers) et plus préoccupés par le sujet du pouvoir d’achat (20 %). En d’autres termes, Valérie Hayer doit parler à son aile populaire.

Valérie Hayer et Raphaël Glucksmann : anatomie d’une course à l’échalote

Sondage après sondage la candidate de la majorité présidentielle ne voit aucune dynamique se dessiner. Dans le plus récent sondage Euro-Rolling de l’IFOP, Valérie Hayer est donnée à 16,5 % des intentions de votes, loin derrière la tête de liste du RN, Jordan Bardella, et est talonnée par Raphaël Glucksmann, donné à 15 %. « Pour la première fois depuis le lancement du Rolling, le 8 avril 2024, la liste PS-PP atteint 15 % des intentions de vote, juste derrière la liste de la majorité présidentielle, qui stagne à 16,5 % », commente l’institut de sondage français. De fait, la dynamique est pour Glucksmann.

Confirmée par plusieurs sondages, la progression de Raphaël Glucksmann est inouïe pour un Parti socialiste mourant – nul besoin de rappeler la catastrophe Hidalgo de 2022 et ses 1,7 % ou les 6,2 % du même homme aux européennes de 2019. Toutefois, en l’espace de trois mois, le compagnon de Léa Salamé réalise une percée de plus de 3 points dans les sondages, selon l’IPSOS. Donné à 11,5 % en mars 2024, la tête de liste socialiste poursuit une tendance haussière qui ravirait n’importe quel trader de la Bourse de New York mais qui risque de faire suer à grosses gouttes la Macronie, qui veut tout sauf une troisième place.

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