À peine nommé, le nouveau gouvernement se trouve déjà dans la tourmente, pour cause de Damien Abad, tout juste promu ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personne handicapées, empêtré dans deux accusations de viols, qui auraient été commis entre 2010 2011, affaire lancée par le site Mediapart. Le ministre a insisté, ce 23 mai au soir, devant les caméras : «Je me répète avec force. Je n'ai jamais violé une femme de ma vie. Un homme innocent doit-il démissionner ? Je ne crois pas. » Donc, il reste au gouvernement. Ce qui pose quelques questions…

La première. Comment se fait-il que ce gouvernement si longtemps attendu – ses possibles membres ayant été, paraît-il, passés au crible de leur passé – ait pu, justement, laisser passer cela ? La même question peut se poser pour la NUPES et son vaillant Taha Bouhafs, déjà un peu moins gaillard depuis qu’il est devenu tricard d’élection législative, eu égard à un itinéraire politico-sentimental n’ayant rien de celui de la carte du Tendre. Serait-ce donc à dire que les enquêteurs mélenchonistes sont à peu près aussi dégourdis que leurs homologues macroniens ?

La deuxième. Est-ce aux médias de dicter la bonne marche à suivre aux sphères judiciaires et politiques ? À ce titre, on remarquera que, pour l’instant, les faits incriminés ont été classés sans suite. Damien Abad fait donc sûrement « confiance à la justice de son pays », pour reprendre l’expression consacrée. Mais la présomption d’innocence a-t-elle seulement encore un sens devant le tribunal médiatique ? L’affaire Fillon, candidat à l’élection présidentielle de 2017, torpillé par ce même tribunal, a ainsi de quoi laisser perplexes mêmes les esprits les plus sceptiques.

La troisième. Élisabeth Borne, madame le Premier ministre, en déplacement dans le Calvados, affirme très logiquement, face aux journalistes : « Bien évidemment que je n’étais pas au courant. » Et c’est Éric Zemmour qui vient au secours de Damien Abad, se disant plus que « dubitatif sur les méthodes de Mediapart qui fait de la délation permanente ». Dans le même temps, le socialiste Olivier Faure opte pour une stratégie inverse. Il estime qu’il faut porter « une attention nouvelle à la parole des femmes », suivant de près l’écologiste Sandrine Rousseau pour qui le principal incriminé doit « être démis de ses fonctions par principe de précaution ». La « présomption d’innocence » plus haut évoquée devra-t-elle céder le pas devant ce même « principe de précaution » ? Ce n’est plus de la justice mais de la prévention sanitaire…

La quatrième. C’est le bal des faux-culs et, peut-être surtout, des cocus de ces deux jumelles alliances mélenchonienne et macroniste. Car Damien Abad ne fut pas le dernier à stigmatiser ses compagnons gaullistes de LR s’en allant laper dans la mangeoire élyséenne. À propos d’Éric Woerth : « Je regrette qu’à l’infidélité de ce départ s’ajoute l’inélégance. ». Tweet auquel lui revient, en retour de service, comme au tennis, celui d’un autre Éric, Ciotti, celui-là : « Mieux que quiconque, Damien Abad analyse avec brio sa propre trahison… » Plus cruel encore, Aurélien Pradié, secrétaire général des LR : « J’espère que Damien Abad a honte. Pour être respecté, il faut être respectable. Pour respecter la politique, il faut qu’elle soit respectable. Où est l’honneur quand on trompe et trahit la confiance de tous, pour une gamelle ? » N’en jetez plus.

Cinquième et dernière question. Les guerres fratricides sont toujours les plus cruelles, que ce soit en religion comme en politique. La preuve avec ces révélations de Libération (22 mai), quotidien dans lequel les anciens amis de Damien Abad se pressent à confesse : « La réputation de “lourd dragueur” du nouveau ministre était si connue dans le parti qu’elle faisait l’objet de blagues graveleuses », certains élus allant jusqu’à dénoncer « l’impunité d’un homme resté à la tête de leur groupe parlementaire pendant plus de deux ans ». Bref, ces gens-là, LR et LREM confondus, sont-ils finalement aussi sérieux qu’ils ont tenté de nous le faire croire durant l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle ? Il est hautement licite d’avoir sa petite idée…

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23 mai 2022 à 19:18

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45 commentaires

  1. J’aurais bien aimé que Médiapart nous éclairât quant au modeste patrimoine de notre président avant sa réélection, ça aurait pu décourager quelques castors…

  2. On assiste au rassemblement des vautours et monsieur Abad en sortira difficilement. On est en pleine école maternelle, avec le « canard boiteux ». Il y en avait un dans la classe de mon frère et je suis fier de dire que mon frère le défendait. La réaction générale montre à coup sûr que ce Ministère des personnes handicapées est une nécessité. On s’égosille sur l’indigénisme de Pap Ndiaye, mais là, le racisme est palpable ! Pauvre Damien !

  3. Il y a honnêteté morale et vie sexuelle…
    Le fait de quitter LR, en qq jours, dont il fut le patron à l’A.N. pour un paquet de nouille est impardonnable ! C’est vérifié, public et incontestable.
    Pour le reste un doute semble planer. Mais sa Morale inquiète, là aussi…
    « Que la prise de guerre soit débarquée » !

  4. Des voleurs ,des violeurs , des condamnés , des qui changent de nationalité (russe ça va pas) bref un gouvernement de voyous et de racailles .Et dans peu de temps personne n’aura voté pour eux .Casier judiciaire vierge pour les élus ,eh bien on en est loin mais Macron les aime alors tout baigne et il va arranger et régler ce petit détail quand on sait comment fonctionne leur justice .

  5. Pas très crédible, ce nouveau  » lièvre » ! Dans l’état où est ce pauvre bout de bonhomme, mécaniquement je ne vois pas par où prendre la chose ( dans ma grande ignorance..)…

  6. Coupable ou pas il se comporte comme le criminel qui tente de passer pour la victime. Néanmoins se méfier des « c’estpas arrivé sans rien »…. cela dit en la matière je trouve dégueulasse d’avoir empêche ces 2 femmes de parler avant car c’est surement le cas.

  7. Je ne défends pas en particulier cet homme,cependant il semble évident que l’on peut faire tomber n’importe qui aujourd’hui en prétendant qu’il aurait abusé une femme ou qu’il lui aurait fait des avances.
    Le sexisme existe,les agressions également ,mais certaines femmes complaisantes savent tirer des avantages financiers en publiant des secrets d’alcôve avec des hommes de pouvoir.
    Qu’en est-il des hommes et femmes homosexuels ,n’y a t-il aucun abus de ce côté-là ?

  8. Ou la politique et la poubelle font bon ménage. Et en plus la traîtrise et la gamelle pour assouvir son ego, en se soumettant à celui qui se croit roi, qui paraît-il choisi bien ses sujets, c’est courant et d’autant plus pitoyable.

  9. Peut-être parce qu’il est innocent ?
    Aux Etats Unis, des dénonciations calomnieuses font partie de la culture du fric comme les divorces.

  10. Entre Abad et Ndiaye, la macronie est tranquille. On ne parlera pas de l’essentiel, à savoir de la France et des français. Une fois de plus un épais nuage de fumée obscurcis la période pré-électorale. Voulu ou non, calculé ou non, je ne saurais dire. Mais c’est bien pratique.

    1. Bien vu ! C’est encore une fois comme pour les deux tours de la présidentielle ! Il est providentiel que le nuage de fumée annonçant l’élection du « pape Emmanuel » ne se soit pas encore dissipé. Il va peut-être s’installer jusqu’à la fin des débats sur la réforme des retraites. A défaut, le 49-3 fera bien l’affaire.

  11. Et un de plus dans la charrette des justiciables de l’équipe de Sarkozy , et après çà on s’étonne de l’engorgement des palais de Justice !!!!

  12. Vu son handicap c’est impossible qu’il l’ai violé ou alors elle était consentante et n’ayant pas obtenu ce qu’elle voulait elle l’accuse en mentant.

  13. Le plus cocasse est que Médiapart accuse _ ou c’est tout comme_ juste au moment où M. Abad fait son entrée au gouvernement. Les faits se seraient passés en 2010/2011. Pourquoi ne pas avoir « sorti » cette affaire il y a 2 ans ou 1 an , ou il y a 3 semaines… ? Quant aux médias_ les faiseurs d’opinions_ s’ils ne dictent pas, ils mettent en avant le thème choisi du moment. Impossible d’y échapper, sinon, les chaînes concurrentes vont capter l’audience… Soit : le Tribunal hors Etat de Droit.

  14. Je suis souvent étonné que des affaires de ce type ne soit révélés qu’au bout de dix ans voir plus, pourquoi attendre si longtemps, et s’il n’avait pas été ministre en aurait t’on parlé ?

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