Et si la moitié du gouvernement devait démissionner en juin ?

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Qui sera encore en poste parmi nos ministres, fin juin, après les législatives ? La moitié du gouvernement a-t-il, en réalité, hérité d'un CDD d'un mois ? C’est inédit : sur les 28 membres que compte, au total, le nouveau gouvernement, quinze ministres sont candidats aux élections législatives des 12 et 19 juin prochains. Or, selon une consigne donnée par Emmanuel Macron, qui était déjà en application en 2017, les ministres candidats qui seraient battus aux élections législatives devront démissionner, comme l’a confirmé l’Élysée. Cet usage est hérité de Nicolas Sarkozy, dont le Premier ministre François Fillon avait affirmé, avant les élections législatives de 2007 : « La logique, c'est que quand on est battu, ça veut dire qu'on n'a pas le soutien du peuple et qu'on ne peut pas rester au gouvernement. » On se souvient qu'Alain Juppé avait été battu à Bordeaux et qu'il avait dû démissionner de son poste de ministre de l'Écologie en juin 2007.

Nous pourrions sourire si les ministres concernés étaient battus : Élisabeth Borne, l’actuel Premier ministre, est elle-même candidate dans la 6e circonscription du Calvados et il s’agit de la première campagne électorale de sa carrière ! Clément Beaune (ministre délégué chargé de l'Europe) se présente lui aussi pour la première fois à une élection dans la 7e circonscription de Paris.

Les treize autres ministres sont soit candidats à leur réélection, soit de retour dans un territoire qu’ils ont déjà remporté par le passé : Gérald Darmanin (Intérieur) dans la 10e du Nord ; Amélie de Montchalin (Planification écologique) dans la 6e de l'Essonne ; Brigitte Bourguignon (Santé) dans la 6e du Pas-de-Calais ; Olivier Dussopt (Travail) dans la 2e de l'Ardèche ; Damien Abad (Solidarités) dans la 5e de l'Ain ; Marc Fesneau (Agriculture) dans la 1re du Loir-et-Cher ; Stanislas Guerini (Transformation publique) dans la 3e de Paris ; Yaël Braun-Pivet (Outre-mer) dans la 5ee des Yvelines ; Olivier Véran (Relations avec le Parlement) dans la 1re de l'Isère ; Gabriel Attal (Comptes publics) dans la 10e des Hauts-de-Seine ; Olivia Grégoire (porte-parole) dans la 12e de Paris ; Justine Bénin (Mer) dans la 2e de Guadeloupe. On ne retrouve malheureusement pas le ministre de l’Éducation Nationale, Pap Ndiaye, qui a beaucoup fait parler de lui depuis sa nomination à cause de ses idées woke et racialistes. Lui est assuré de rester…

En vertu de ce que l’on appelle « l’incompatibilité gouvernementale », il est interdit de cumuler un mandat parlementaire en même temps qu’un poste de ministre, comme l’explique le site de la Vie publique. Pour prendre l’exemple du Premier ministre, elle laissera son siège à l’Assemblée nationale à son suppléant Freddy Sertin si elle est élue dans la 6e circonscription du Calvados.

Alors, le coup de balai viendra-t-il fin juin ? Ne nous faisons pas trop d’illusions : il est peu probable que les ministres/candidats soient battus. Ils se présentent dans des circonscriptions souvent acquises à la majorité présidentielle. Mais nul n'est à l'abri des surprises, à l’instar d’Alain Jupé, battu au second tour des élections législatives de 2007 de très peu (49,07 % contre 50,03 %) dans la deuxième circonscription de Gironde face à Michèle Delaunay (PS)… Personne ne l’avait vu venir.

Matthieu Chevallier
Matthieu Chevallier
Etudiant en journalisme

Vos commentaires

34 commentaires

  1. Effectivement pourquoi ne pas avoir maintenu en place provisoirement jusqu’aux résultats des législatives l’incolore et inodore Jean Castex avec son gouvernement ? La macronie est-elle aussi sûre que cela d’avoir des résultats favorables en Juin ? Le risque de sérieuses difficultés existe.

  2. Et si Macron de Renaissance n’avait pas la Majorité à l’A.N., va t’il dissoudre l’A.N. ?
    Le problème c’est qu’il risque d’avoir la Majorité. Ce serait incroyable, mais vrai….

  3. Grosse différence entre Présidentielle et Législative.
    Têtes d’affiches d’un côté, candidats de proximité de l’autre, plus connus dans les détails.
    Tout reste à faire… dans le bons sens !

  4. La professionnalisation des élus, grassement rémunérés de l’argent public, notamment députés et sénateurs, est le cancer de la démocratie.
    Pour ne point perdre leur place ou la regagner facilement, ils promettront tout et le contraire.
    La réélection d’Emmanuel Macron en est la preuve.
    Mal-aimé par plus de 80%, il est réélu à près de 60%.
    C’est à ne rien y comprendre !

  5. C’est le comble de cette mascarade démocratique…. Interdiction de cumul des mandats, les futurs potentiels députés ( et ministres ) se présentent donc pour laisser la place à leur suppléant !!! Grotesque ! Et il y a encore des électeurs qui se déplacent ? Dans une démocratie saine et cohérente, les ministres ne devraient pas pouvoir se présenter à un autre mandat.

  6. C’est là qu’on voit que les élections sont complètement truquées .Il va sans dire que ce ne sont pas les citoyens qui choisissent leurs élus ,ce sont les candidats qui choisissent minutieusement leur circonscription .Les ministres seront tous élus .Leurs remplaçants sont prêts .

  7. Seulement la moitié ? Pour cela il faut une sacré fraude…ou beaucoup d’abstention (ce quie st plus certain), sinon il n’en restera aucun.

  8. Tout ceci n’est que pure aberration : 1. On est Ministre, donc on est censé avoir du boulot par dessus la tête. 2. On vous oblige à vous présenter comme député ==> Comment peut-on imaginer faire les 2 correctement ? 3. Mais si on n’est pas élu, on doit démissionner 4. Si on est élu, en fait on ne sera pas député (contraire à la loi, et voir 1.), c’est le remplaçant qui s’en charge. Conclusion : Les gens qui vont voter pour ces Ministres-Députés sont pas bien malins…..

  9. Celui que je voudrais qui parte c’est bien le ministre de l’éducation mais malheureusement il va rester .

  10. Il y a une anomalie dans notre système. Un ministre ne devrait pas pouvoir se présenter car, in fine, s’il est élu, il laisse son mandat à son suppléant, qui a moins de chance qu’un ministre d’être élu. Qu’un ministre fasse campagne pour son suppléant, c’est le degré zéro de la politique. C’est même poutinien! C’est français. Je ne sais pas si dans les autres démocraties ça fonctionne comme chez nous.

  11. Macron gardera envers et contre tout ceux qui lui sont fidèles. Les médias aux ordres, vont une fois de plus polluer la campagne. Une fois encore, nous avons la possibilité de freiner les décisions de l’UE que Macron applique avec délectation, s’agissant de tuer la France. Dès l’école notre mise en condition est faite depuis longtemps, nous sommes devenus des moutons dociles qui ne réfléchissent même plus. Quel espoir reste t’il?

  12. « Cet usage est hérité de Nicolas Sarkozy. » Pas vraiment ! Il était en vigueur du temps du Général. Il est possible que Sarko l’ait rétabli après qu’il soit tombé en désuétude sous l’ère mitterrandienne.

  13. Ce serait un immense bonheur si la moitié de ce ce gouvernement devait démissionner après les législatives…en attendant un nouveau plus conforme aux besoins de notre pays.

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