Au lendemain du 49.3 : et maintenant ?

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Ambiance de fin de règne, alors qu’Emmanuel Macron a encore plus de quatre ans « à tirer » à l’Élysée, pour certains, victoire à la Pyrrhus, pour ne pas dire échec du gouvernement, pour d’autres. Mais nom d’une pipe, pas du tout, dit Olivier Dussopt, « cela n’est pas un échec » ! Si on veut. « Ce n' fut pas Waterloo, mais ce n' fut pas Arcole », comme chantait Jacques Brel dans « Au suivant ». Au fait, qui sera le suivant ou la suivante ? Élisabeth Borne n’est peut-être pas toute nue dans sa serviette (précisions : toujours comme dans la chanson de Brel, pour qu’il n’y ait pas de mauvaise interprétation !), mais plus d’un commentateur n’a pas manqué de pointer du doigt que, désormais, Emmanuel Macron est un roi nu et que l’image du premier de ses ministres est salement esquintée. Échec dans ses tentatives pour convaincre les syndicats, l’opinion et, finalement, une majorité de députés. Cet échec est aussi celui d’Emmanuel Macron, qui est resté « tapi dans l’ombre », pour reprendre les mots mêmes d’Élisabeth Borne, jeudi après-midi, à la tribune de l’Assemblée, à l’adresse des députés RN. Et maintenant ?

Motions de censure. Notre ami Marc Eynaud a fait les comptes. Sauf coup de théâtre, il est peu probable que la motion de censure déposée par le groupe Libertés, Indépendants, Outre-Mer et Territoires (LIOT), groupe dans lequel on trouve le très chevronné Charles de Courson, rassemble assez de députés LR pour faire chuter le gouvernement. Donc, le gouvernement ne devrait pas tomber. Éric Ciotti, qui ne veut « pas ajouter du chaos au chaos », ne votera aucune mention de censure. Le chaos pour qui ? Pour les LR, peut-être en cas de dissolution. Peut-on rappeler à ce gaulliste que la seule fois où un gouvernement fut renversé à l’issue d’une motion de censure, ce fut sous de Gaulle, le 5 octobre 1962. On était au sortir de la guerre d’Algérie et tout n’était pas que paix et félicité dans le pays. De Gaulle prononça la dissolution de l’Assemblée et les Français lui donnèrent raison. Il est vrai que le parti gaulliste, alors, n’était pas constitué en syndic de faillite et que, probablement, l’issue des urnes aujourd'hui ne permettrait pas de dégager une majorité claire, tant le pays est fracturé. Une fracture aggravée par bientôt six années de macronisme.

D’aucuns voient les prémices de ce chaos dans les manifestations et leur cortège de « débordements », comme on dit. Des débordements qui se sont multipliés, jeudi soir, dans plusieurs grandes villes, après l’annonce du déclenchement du 49.3. Des « incidents ont éclaté », selon la formule consacrée, un peu partout dans le pays : « Rennes, Nantes, Amiens, Lille, Grenoble ou encore Marseille », nous dit Ouest-France. À Paris, place de la Concorde, gaz lacrymogènes et canons à eau ont été utilisés. Combien étaient les manifestants ? Autour de 6.000. Ce n’était pas, non plus, le 6 février 1934, lorsque des dizaines de milliers de manifestants de droite s’étaient massés, en quelques heures à peine, pour crier leur dégoût d’une IIIe République à bout de souffle. Ce vendredi, toujours à Paris, le périphérique à hauteur de la porte de Clignancourt a été envahi par des manifestants, bloquant ainsi la circulation.

Alors, va-t-on voir ces mouvements d’humeur plus ou moins spontanés se multiplier à travers le pays dans les prochains jours ? Un mouvement du genre « gilets jaunes », c’est-à-dire hors de contrôle des syndicats qui, d’une certaine façon, dans cette affaire de la réforme des retraites, ont aussi échoué à convaincre… le gouvernement. Si la situation chaotique venait ainsi à perdurer, sauf drame (mort, par exemple), il est possible que le pouvoir finisse par en profiter en jouant, comme il a su si bien le faire lors du mouvement des gilets jaunes, la carte du parti de l’ordre. N’oublions pas qu’Emmanuel Macron, dans les sondages, conserve son noyau dur. Cette carte de l’ordre qui, finalement, depuis Thiers, a toujours payé, un personnage semble vouloir l’utiliser : Gérald Darmanin, bien sûr. Un ministre de l’Intérieur qui a demandé, jeudi soir, aux préfets, des « mesures renforcées de protection » pour les élus de la majorité (on en est là, dans ce pays), sans doute à juste titre. Un Gérald Darmanin, encore, qui, ce vendredi matin, selon Mediapart, après avoir annulé un déplacement en Gironde, a convoqué tous les préfets pour une visioconférence au sujet de la situation sociale. Une petite dramaturgie, ça ne peut pas faire de mal pour l'image. Une façon de tenter de s’imposer comme l’homme fort d’un gouvernement sans doute un peu médusé. On ne sait jamais, au cas où…

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

40 commentaires

  1. Et si les LR avaient négocié beaucoup plus qu’une abstention salvatrice ? Un poste de premier ministre par exemple, histoire de relancer la machine et les copains. Toit ceci me dégoûte au plus haut point.

  2. et ils attendent quoi les FDO pour rejoindre le peuple ? sont ils conscients qu’ils seront jetés comme des kleenex sales quand ils seront devenus inutiles, ce qui se passera avec ce que nous prépare les cinglés de davos, tous « connectés……

  3. Pourquoi toujours parler de la retraite et du 49.3 qui, entre parenthèses, respecte tout à fait la démocratie contrairement à ce que braillent les manifestants ? Oui, c’est l’actualité mais ce n’est pas ce qui m’inquiète.
    Notre existence culturelle est menacée (cf. le désastre démographique , financier, intellectuel) par les suicidistes (je veux dire la gauche wokistes) et nous nous polarisons sur la retraite à 64 ans. De toute façon il est naturel de travailler pour vivre. Le travail c’est l’ensemble des activités qu’on doit réaliser pour assurer sa subsistance. « Si tu ne travailles pas, tu ne mange pas » me disait-on dans la ferme de mon enfance. J’ai toujours dit à mes enfants : « c’est le travail qui commande ». Enfin à Constantinople ils s’intéressaient au sexe des anges avant de tomber. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil mais c’est inquiétant.

  4. Darmanin, ce ministre au langage fleuri tout à fait adapté à sa personnalité, qui se prosterne à alger, qui renforce la sécurité de certains de ses amis pendant que la majorité des français subit quotidiennement l’insécurité et la violence de la racaille depuis des années ! A l’inverse d’une citation célèbre je dirais « le pire de tous », ça promet
    Merci mon colonel de nous rappeller la poésie de ce grand artiste que fut Jacques BREL, et comme vous dites: « au suivant » !

  5. Darmanin un homme fort ?, je dirai plutôt un matamore adepte du coup de menton, mais au final les casseurs ressortent indemnes quand ils sont arrêtés, et l’usage du LBD n’est réservé qu’aux  » gilet jaune » , faut pas éborgner les blacks blocs, on sait que dans leur rangs y figure des bons fils de famille bien à » gôche « . Le chaos qui risque de profiter à un Mélenchon qui rêve du grand soir et de la chienlit….. Macron s’est cramé avec son 49.3 . Un article certes légal , mais employé pour faire passer une réforme injuste et bâclée , c’est bien une victoire à la Pyrrhus ! Hélas , pas de De Gaulle à l’Horizon , un de Villiers peut être …..

  6. « Lorsque les Peuples cessent d’aimer, ils cessent d’obéir ». Rivarol aurait pu ajouter que lorsque, de surcroît, le Pouvoir les provoque par le mépris de leur volonté souveraine, ils se révoltent dans la rue et font tomber les régimes, par exemple en 1830 et 1848. On a l’impression que l’histoire se répète.

  7. Je crains qu’il ne laisse pourrir pour récupérer la chenlit en ramenant l’ordre

  8. Comme d’habitude, quelques cris et tout va rentrer dans l’ordre ;y compris la mesure contestée. Nous sommes gouvernés par des incapables, et les syndicats sont toujours aussi bornés, mais de plus en plus faibles. Pauvres France, dans quel état ils l’ont mise…

  9. Bien sûr que ce Président utilisera tous les moyens possibles pour se maintenir au pouvoir suprême, même et surtout les plus fallacieux

  10. Ce gouvernement me rappelle ces pyromanes qui mettent le feu, puis appellent les pompiers et finissent par expliquer qu’on a évité le pire grâce à eux. En général, ils finissent par se faire avoir bêtement. La même personne qui se trouve « par hasard » sur plusieurs départs d’incendies criminels finit par attirer l’attention des enquêteurs. les Français ont eu le choix entre Macron ou le chaos, on a tout de même l’impression qu’on a Macron ET le chaos. Les quatre années à venir s’annoncent compliquées. On a l’impression que ces gens ne réalisent pas que notre pays va très mal et sa population avec.

  11. En fait il y a deux forces d’opposition en France aujourd’hui, le gouvernement contre une grande majorité du peuple. Les français ne veulent plus de Macron.

    • Comment se fait-il que e résultat des élections lui aient été favorable ? Y-a-t-il eu tricherie ?

  12. Nous verrons ce qu’il en sera du prochain remaniement, il sera intéressant de voir s’étriper Le Maire et Darmanin dans la course au poste de premier ministre, étant entendu qu’ils sont aussi inaptes l’un que l’autre.

  13. A toute chose malheur est bon
    La crise du Covid avait permis la révélation d’Olivier Véran, anciennement troisième couteau au PS
    La crise des retraites nous fait connaitre Olivier Dussopt, qui ,n’hésitons pas à l’affirmer, l’a détrôné dans nos coeurs et qui, selon la formule consacrée, est promis à un grand avenir
    Et on me communique dans l’oreille droite que la Macronie n »a pas dit son dernier mot!

    • Oui un autre bon à rien attend son heure: un certain xavier…………………………..bertrand. ! Et son ancien métier de courtier en assurance n’est pas fait pour rassurer ! Rappelez-vous c’est un L.R !

  14. Et on va pouvoir faire le tri de ceux qui ont des convictions et ceux qui sont prêts à toutes les compromissions. Madame Menard ne surprend personne. Comme Robert, elle fait l’éolienne. Elle cherche le sens du vent et brasse de l’air. Elle avait déjà montré sa soumission au macronisme en faisant la promotion de l’injection du jus Pfizer … Qui, comme nous l’avons appris de Pfizer, ne sert à rien quand il n’est pas nocif. Il faut crever l’abcès . Ce gouvernement doit partir et Macron être destitué, puis jugé.

    • Vous avez raison, les ménard sont « tapis dans l’ombre » en attendant un maroquin ministériel !
      Quand à macron, j’espère qu’un prochain gouvernement lui supprimera, et aux autres, tous les « privilèges républicains » de la fonction: plus de bureau, plus de secrétariat, plus de gardes du corps, plus d’indemnité à vie, plus de voiture de fonction,… On a assez donné !

      • Il faudrait récupérer tout ce que ses « petits arrangements » lui ont rapporté (Alsthom, Autoroutes , …)

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