Mardi ont été dévoilées les citations aux Oscar qui se dérouleront le 13 mars prochain. Sans grande surprise, Le film Top Gun se voit distingué six fois : meilleur film, meilleur scénario adapté, meilleur montage, meilleur montage de son, meilleurs effets spéciaux, meilleure chanson. 

De ce côté-ci de l’Atlantique, avec un peu moins d’écho, ce sont les citations des César - programmés le 24 février, qui ont été annoncées aujourd’hui avec, sans surprise non plus, une sélection d’entre-soi pour lecteurs de Télérama CSP+ - il faut l'être, désormais, pour s'offrir une place pouvant désormais osciller entre 8 et 14 euros. À titre d’exemple, l'un des grands favoris, La nuit du 12 - 10 citations -, est un polar que Libération résumait, le 12 juillet dernier, en un titre subtil : « L’enfer, c’est les hommes. » Un film « précis et sobre » qui « s’affranchit des codes virils du polar au profit d’une dénonciation nécessaire des violences masculines ». Les lourds effluves de sacristie bien-pensante plombent par avance les talents cinématographiques qu’on pourrait éventuellement lui trouver.

Le cinéma français connaît une désaffection vertigineuse. « Le problème réside peut-être dans le choix des sujets ? », suggère, candide, Laurent Tirard, réalisateur de l’immense succès Le Petit Nicolas. Calimero des salles obscures, nos mandarins du cinéma déplorent l’engouement de nos jeunes pour Top Gun, mais qui nous empêche d'utiliser les mêmes recettes ? Comme si les héros français manquaient. Si Arnaud Beltrame valait plus qu’un timbre ? Si Caroline Aigle méritait mieux qu’une pancarte sur un rond-point ? Et que dire de Fidélio, qu'Arnaud Florac évoquait dans ces colonnes il y a quelques jours ? Pourquoi un « remake » de Trois de Saint-Cyr - « Il faut tenir, capitaine Mercier, il faut tenir ! » - dont le décor serait cette fois non pas la Syrie mais l'Afghanistan ou le Mali, fonctionnerait-il moins bien que la refonte de La Cage aux rossignols en Choristes ? 

Coïncidence, c’est aussi ce mercredi qu’est sorti Vaincre ou mourir, le film du Puy du Fou auquel Libération (encore lui) a rendu un fier service par un effet Streisand très efficace. Étant désormais établi que ses critiques ont valeur de boussole indiquant le sud et que ses films « solaires », « inspirés » et « pudiques » sont en général des navets glauques, laborieux et scabreux, le vachard « Puy du fourbe » sonne, forcément, comme un gage de beau, de bien, de vrai. Le monde du cinéma ultra-subventionné qui est au fond du puits se permet de toiser le Puy du Fou. 

Pas besoin de boule de cristal : la probabilité que Vaincre ou mourir décroche la moindre citation pour un César est nulle. Mais qui peut jurer que dans quelques dizaines d’années, de la même façon qu’à force d’efforts, de recherche d'excellence, d’améliorations et de succès populaire, Philippe de Villiers a été, pour les quarante ans du Puy du Fou, comparé à Walt Disney en recevant, outre-Atlantique, le prix que la France n'a jamais daigné lui décerner, les studios du Puy du Fou ne se verront pas un jour… couronnés par les Oscar ? C'est tout le mal qu'on leur souhaite. 

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25 janvier 2023 à 20:55

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57 commentaires

  1. Certes les sujets ne lmanquent pas qui permettraient de faire un film digne de top gun , mais voilà, nos réalisateurs et les spectateurs préfèrent les « héros » de la « 7° compagnie »ou de « la vache et le prisonnier », on a les « héros » que l’on peut chez nos cinéastes qui aiment nous tourner en ridicule…La 317° section était pourtant un bon film…Mais on n’a aucun cinéaste digne de ce nom capable de glorifier nos soldats…Il est vrai que ce sont d’abominables blancs hétérosexuels et dominants…

  2.  » Étant désormais établi que ses critiques ont valeur de boussole indiquant le sud  »

    Ca, c’est un petit morceau d’anthologie. Bravo et merci ! J’ai ri de bon coeur.

  3. Et Dieu sait qu’il y en a des TOP GUN français!
    Certains sont déjà tournés. On pourrait alors les revoir.., peut-être ? Mais non trop franchouillard, baguette de pain et saucisson.
    C’est tellement mieux sous la bannière étoilée et puis baragouiner l’américain et importer leurs sales idées pour mieux salir la France, c’est beau ça madame c’est beaucoup plus mieux!…

  4. Bonjour,
    Il est certain que le cinéma engagé français ne risque pas de faire un film sur un de nos héros,pourtant il y en a! Le colonel BELTRAME a été cité,il y a eu le caporal chef BLASCO tué au mali,tireur d’élite et dont le courage aurait mérité un film! oui mais voilà il ne rentre pas dans les cases du wokisme,de la cancel culture et autres dégénérescences gauchistes! et puis surement que ces mi-hommes mi-femmes ont peur que des héros comme ces hommes fassent des émules!

  5. S’il n’y avait que Libération encore à dénigrer le film. Mais Le Monde, L’Obs, Ouest-France, Première, Le Figaro, Le Parisien… se sont ligués pour dire que c’était une bouse. En fait, mis à part Gabrielle Cluzel (mais a-t-elle seulement vu le film ?), tout le monde s’accorde à dire que le film est mauvais sur la forme, sans même parler du fond contesté par certains historiens.
    Ce film a été « ultra-subventionné » comme tous les autres, avec en plus une belle participation de 200K de la région qui n’a pas été appréciée de tout le monde(« Généralement, un film doit passer devant un comité technique, composé de professionnels de l’industrie du cinéma, avant de toucher la subvention. Mais cette fois la majorité nous a fait comprendre que l’avis du comité importait peu »)

    Bref, c’est pas encore aujourd’hui que les studios Puy du Fou obtiendront un oscar. Bonne chance à eux.

  6. Vaincre ou mourir est un film absolument formidable qui met en avent notre histoire et notre culture . Un grand bravo au Puy du Fou qui a osé mettre en scène cette histoire de la France que toute la classe Bobos voudrait voir disparaitre de notre culture .

  7. Cela fait bien au moins 5 ans que je ne suis pas aller au cinéma. Mais là grâce à ce journal … « Libe », je vais m’en offrir une séance. Et pour enfoncer le clou un peu plus … j’achèterai le DVD.

    Il faudra bien qu’ils comprennent une bonne fois pour toute ces adepte du Wokisme le plus crasse, ces jobastres que la France n’existe pas … que depuis la Révolution Française; et qu’en Vendée, en Charente, et dans tout ce coin où l’histoire à une empreinte forte on peut apprécier la foi des vendéens et celles du Dr Clémenceau qui passa sa dernière nuit en compagnie d’une religieuse (eh oui!!!) qui garda secrètement jusqu’à sa mort les dernières paroles du Président du Conseil.

    Si cela fait 5 ans que je ne suis pas aller au cinéma, cela fait … 30, 35 ans que je n’ai pas ouvert un « Libe » … Ils s’en foutent, tant mieux, moi aussi.

  8. Un beau sujet de film : la vie et la mort du capitaine N’Tchoréré et de son fils à un jour d’écart en 1940. Deux héros morts pour la France, d’origine gabonaise.

  9. On peut aimer profondément la France, et ne pas aimer sa révolution. On a le droit de préférer Georges Cadoudal, ce colosse, aux maigrelets de la terreur, tous confondus . On peut dire que nos trois couleurs sont: pour le bleu, la couleur du manteau de St Martin, le blanc, celle du Roi, le rouge, la couleur du sang de nos martyres chrétiens…
    J’aime cette France.

  10. J’ai vu les 2 TOP GUN. Honnêtement, j’avais un peu peur que le dernier ne respecte pas l’esprit du premier mais en réalité, son succès est mérité : il porte justement certaines valeurs comme le dépassement de soi, l’héroïsme et le partage. Et de ce point de vue, il a certainement des points communs avec le film qui vient de sortir « Vaincre ou mourir », que j’irai volontiers voir. Ce sont ces valeurs là qui nous manquent aujourd’hui.

  11. Juste un commentaire concernant Top Gun Maverick. Des pilotes de chasse qui causent avec le masque dégrafé, la visière relevée – tout particulièrement idiot pour ne pas dire plus – qui plus est quand on vole à très basse altitude ou en manœuvre de combat, des vitesses de plus de 450 nœuds dans une gorge montagneuse à une hauteur de vol de 100 pieds…. Tout cela est complètement débile, incohérent et totalement irréaliste et peu même donner des idées malsaines pouvant amener à l’accident. Le métier de pilote de chasse ce n’est pas ça du tout. Arrêtons les fantasmes. C’est déjà suffisamment difficile et ça n’est pas synonyme d’imprudence et de gros bras. Un « vieux pilote » (un bon pilote) est un pilote vivant, de soit-disant « as » du manche à balai, il y en a plein les cimetières… Parole d’ancien pilote de chasse embarquée. Par contre, dans le genre film militaire, je ne saurais trop conseiller « Le chant du loup », un film français mais tourné (contrairement aux scénarios américains) dans des conditions tout à fait réalistes concernant les attitudes et l’atmosphère de travail propres au monde des sous-marins (tous les sous-mariniers vous le diront). Même le scénario pourrait être crédible et peu importe si les acteurs principaux ne sont particulièrement des militaristes convaincus mais ils sont bien dans leur rôle et ça suffit. N’oublions pas non plus un grand ancien de ce genre : Pierre Schoendoerffer.

  12. >>> Le cinéma français connaît une désaffection vertigineuse. <<<
    Et malheureusement ce n'est pas vrai que pour le seul cinéma dont la fonction primordiale est devenue la propagande !
    A l'exception de quelques rares secteurs et de quelques rarissimes personnalités, presque tout ce qui est français ne se trouve plus désormais qu'au rayon des soldes !
    Or, s'il est facile de détruire, il est beaucoup plus long et difficile de reconstruire. En particulier dans le domaine culturel lorsque la culture et les esprits ont été systématiquement appauvris pendant un demi-siècle pour être maintenant purement et simplement asservis !
    Traduction libre : "Pour le moment du moins, les destructeurs de la France semblent bien avoir gagné" !

    Merci, donc, de continuer le combat !

  13. Pour faire un film qui attire et fidélise le public, il faut :
    – une histoire capable de créer une émotion,
    – un bon scénariste associé à un bon dialoguiste,
    – un bon réalisateur aidé d’un bon directeur de la photographie,
    – de bons acteurs professionnels qui ne se prennent pas pour desmaîtres à penser,
    – un producteur qui pense à autre chose que de lutiner des starlettes.
    Le cinéma français n’a plus rien de tout ça.
    Que les acteurs et réalisateurs continuent leur cérémonie entre « happy few », on s’en fiche royalement.
    Simplement, on aimerait que nos impôts cessent de subventionner ces nanars que personne n’a envie de voir.

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