Rien à cirer des César qui se préparent : on veut des Top Gun français !

Bangkok,,Thailand,-,May,7,,2022:,Standee,Of,The,Movie

Mardi ont été dévoilées les citations aux Oscar qui se dérouleront le 13 mars prochain. Sans grande surprise, Le film Top Gun se voit distingué six fois : meilleur film, meilleur scénario adapté, meilleur montage, meilleur montage de son, meilleurs effets spéciaux, meilleure chanson. 

De ce côté-ci de l’Atlantique, avec un peu moins d’écho, ce sont les citations des César - programmés le 24 février, qui ont été annoncées aujourd’hui avec, sans surprise non plus, une sélection d’entre-soi pour lecteurs de Télérama CSP+ - il faut l'être, désormais, pour s'offrir une place pouvant désormais osciller entre 8 et 14 euros. À titre d’exemple, l'un des grands favoris, La nuit du 12 - 10 citations -, est un polar que Libération résumait, le 12 juillet dernier, en un titre subtil : « L’enfer, c’est les hommes. » Un film « précis et sobre » qui « s’affranchit des codes virils du polar au profit d’une dénonciation nécessaire des violences masculines ». Les lourds effluves de sacristie bien-pensante plombent par avance les talents cinématographiques qu’on pourrait éventuellement lui trouver.

Le cinéma français connaît une désaffection vertigineuse. « Le problème réside peut-être dans le choix des sujets ? », suggère, candide, Laurent Tirard, réalisateur de l’immense succès Le Petit Nicolas. Calimero des salles obscures, nos mandarins du cinéma déplorent l’engouement de nos jeunes pour Top Gun, mais qui nous empêche d'utiliser les mêmes recettes ? Comme si les héros français manquaient. Si Arnaud Beltrame valait plus qu’un timbre ? Si Caroline Aigle méritait mieux qu’une pancarte sur un rond-point ? Et que dire de Fidélio, qu'Arnaud Florac évoquait dans ces colonnes il y a quelques jours ? Pourquoi un « remake » de Trois de Saint-Cyr - « Il faut tenir, capitaine Mercier, il faut tenir ! » - dont le décor serait cette fois non pas la Syrie mais l'Afghanistan ou le Mali, fonctionnerait-il moins bien que la refonte de La Cage aux rossignols en Choristes ? 

Coïncidence, c’est aussi ce mercredi qu’est sorti Vaincre ou mourir, le film du Puy du Fou auquel Libération (encore lui) a rendu un fier service par un effet Streisand très efficace. Étant désormais établi que ses critiques ont valeur de boussole indiquant le sud et que ses films « solaires », « inspirés » et « pudiques » sont en général des navets glauques, laborieux et scabreux, le vachard « Puy du fourbe » sonne, forcément, comme un gage de beau, de bien, de vrai. Le monde du cinéma ultra-subventionné qui est au fond du puits se permet de toiser le Puy du Fou. 

Pas besoin de boule de cristal : la probabilité que Vaincre ou mourir décroche la moindre citation pour un César est nulle. Mais qui peut jurer que dans quelques dizaines d’années, de la même façon qu’à force d’efforts, de recherche d'excellence, d’améliorations et de succès populaire, Philippe de Villiers a été, pour les quarante ans du Puy du Fou, comparé à Walt Disney en recevant, outre-Atlantique, le prix que la France n'a jamais daigné lui décerner, les studios du Puy du Fou ne se verront pas un jour… couronnés par les Oscar ? C'est tout le mal qu'on leur souhaite. 

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

57 commentaires

  1. Dommage le cinéma Français existe mais depuis l’épuration culturelle, il reste à gauche, de plus « ils » ne savent pas faire de films d’action. Aller voir le film « vaincre ou mourir » est un acte militant. A quand un « Clovis » ?

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