« On va avoir un très gros problème en 2027 »

© Geoffroy Antoine
© Geoffroy Antoine

Il y a parfois de petites phrases, lâchées comme ça, qui en disent plus long que n’importe quel pensum étalé comme trop de confiture sur plusieurs pages. Celle-ci, par exemple : « On va avoir un très gros problème en 2027. » C’est de qui, c’est à quel sujet ? On vous dit tout.

C’est d’une journaliste de Mediapart, Ellen Salvi, dont on salue ici le sens de la synthèse. Ce dimanche après-midi, elle a posté sur Twitter l'extrait d’un article de Thibaud Métais et Ivanne Trippenbach, publié dans Le Monde le même jour. Article intitulé « Olivier Dussopt, l’écorché de la réforme des retraites ». Ces journalistes auraient été rosses, ils auraient évoqué l’écartelé de la réforme des retraites, quand on connaît le passé simple et pas très antérieur de l’ancien député socialiste qu’est Dussopt. Disons alors l’écorché et l’écartelé, histoire de faire bon poids. Mais ce n’est pas le sujet.

Le sujet pointé par la journaliste de Mediapart, c’est les relations qui ont pu se nouer, disons subrepticement, durant ce débat homérique sur la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, entre la majorité et le groupe Rassemblement national. Bon, on se calme, on n’est pas en train de vous dire qu’on va assister à un renversement des alliances fantastique sur notre échiquier politique. Non, mais de petits détails relatés dans cet article du Monde veulent peut-être dire beaucoup. En tout cas, ils n’ont pas manqué de sortir de son repos dominical la journaliste de Mediapart. Voici : « Marine Le Pen debout, applaudie par les députés de la majorité, alors qu’elle venait de faire lever son groupe en soutien au ministre malmené. […] Un peu plus tard, Olivier Dussopt croise la représentante de l’extrême droite dans un couloir. "Merci pour vos mots", lui dit-il. "C’est normal", répond-elle du tac au tac. L’Ardéchois n’oublie rien. Quelques jours après, le calme est revenu. "Elle a été bien plus républicaine que beaucoup d’autres dans ce moment-là", justifie l’ancien socialiste auprès du Monde, en ciblant "une partie de la gauche". »

Bien sûr, Olivier Dussopt ne va pas rejoindre le Rassemblement national et Marine Le Pen le gouvernement, mais il faut bien avouer qu’avec de tels épisodes, on est loin de l'exclusion du fameux « arc républicain » si cher à Élisabeth Borne, qui d’ailleurs a sans doute été très heureuse qu’un tâcheron se coltine le sale boulot dans l’Hémicycle. On pourrait, du reste, relater un autre épisode qui a finalement été peu relevé durant ces débats : celui où des députés RN se levèrent pour applaudir Yaël Braun-Pivet lorsqu’elle sortit de ses gonds à juste titre après avoir été attaquée, assez salement, il faut bien le dire, par une députée LFI sur sa possession d’actions Total. Mais puisqu’on évoque cet « arc républicain », il est évident que par le comportement d’un grand nombre de ses députés, la NUPES a semblé vouloir s’extraire d'elle-même de cet arc.

Le 20 février dernier, un sondage pour le JDD révélait que derrière les syndicats (43 %), le Rassemblement national incarnait « le mieux l’opposition à la réforme des retraites » pour 25 % des Français, juste devant la NUPES (23 %) et bien loin devant les LR (9 %). L’écart entre le RN et la NUPES est certes faible, mais il sera intéressant de connaître l’impact final sur l’électorat, notamment populaire et des classes moyennes, de cet épisode parlementaire où la NUPES n'a pas montré son meilleur visage ou, pour tout dire, a révélé sa vraie nature. En début de législature, on reprochait aux députés RN de mettre une cravate. Ils faisaient ça pour faire fréquentable mais il fallait se méfier de ces personnes trop propres sur elles. Puis on a découvert qu’ils travaillaient. Pas possible ! Et voici que Marine Le Pen aurait été bien plus républicaine que beaucoup d’autres. Effectivement, on risque d’avoir un très gros problème en 2027. Au fait, c’est qui, « on » ?

Vos commentaires

60 commentaires

  1. « On va avoir un très gros problème en 2027. ». Quand on voit que le RN – avec sa cheftaine en tête – se macronise à vitesse grand V et Bardella qui applaudit à tout rompre l’archi-corrompu Zelinski, il est clair que 2027 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. En tout cas, pour ce qui me concerne, hors de question de voter MLP en 2027.

    • Moi aussi, hors de question que je vote pour cette opposition dite contrôlée!
      J’ai voté pour elle par défaut au deuxième tour des présidentielles.
      Mais lorsque j’ai constaté qu’elle n’a rien fait devant l’évidence d’un problème de décompte des voix, je me suis posée des questions.
      Tout montre qu’elle est aussi macronienne que macron lui-même, en faisant du « en même temps ».
      J’ai voté pour Dupont-Aignan au 1er tour. Je préfère Florian Philippot, mais grâce aux lois insipides, il n’a pas pu se présenter.
      2027 est loin, heureusement.
      Nous aurons peut être eu le temps de faire le ménage devant un tribunal spécial dans tous ces fausses élites.
      Mais il est loin malheureusement, car encore 4 ans à se payer ces pourritures va être difficile!
      (moi aussi je fais du en même temps)

  2. Le problème qui semble insoluble,c’est le rassemblement des patriotes.
    Toujours absorbés par leur ego ,les leaders ne semblent pas pressés à discuter sérieusement sur les futures échéances électorales.

  3. Le RN a montré son sérieux dans l’examen de la réforme des retraites , contrairement à la NUPES qui n’a fait que semer le bazar. La contradiction , le débat , n’empêchent pas un respect de l’adversaire .

  4. Quand le RN, Jean-Philippe Tanguy prend la parole à l’Assemblée Nationale, costume et chemise blanche impeccables, même si quelques fois c’est sans cravate, c’est toujours du grand spectacle. Autre chose qu’un LFIstes qui s’égosille vulgairement.
    Élégant, y compris dans son langage, il fait trembler la Nupes, et surtout l’Élisabeth ou l’un es membres de son gouvernement présents.
    Et effet, il va y avoir de gros problèmes en 2027, si non avant, ce qui expliquerait l’état de santé chancelant parmi tout ce qui se fait de mieux en matière de « journalistes-de-gauche » !

  5. Bonjour Thomas Bertin. Merci pour cet éclairage. Ces échanges me laisse-t-à penser, et, ayant été de longues années au FN/RN, Marine aurait dû laisser se présenter Mr Bardella à la présidentielle, la face du monde en eût été changé.

  6. Je trouve quand même inquiétant que les députés du RN ne se comportent pas comme des sauvageons, tant dans l’hémicycle que dans la rue. Ils ont raison à Médiapart et à Le Monde, ça pose et ça va poser un sérieux problème ! A qui, pour qui, telle est la question ?

  7. Aie aie, deux conditionnels à la queue leu leu me contrarient. Cependant la catastrophe sera si elle ne passe pas le plafond de verre.

  8. Le problème du RN, c’est la nullité de MLP et l’absence de cadres de bon niveau.
    Bien que si l’on compare le RN à la NUPES et surtout LFI, le RN fait figure de génies face à des demeurés.
    Alors, oui, si on a au 2ème tour LFI vs RN, oui, on a un problème

    • MLP ne fera pas oublier la façon dont elle c est aplatie par 2 fois devant macron, et elle a évincé son père comme un malpropre , il avait pourtant tout prédit sur l’avenir de la France et malheureusement on en est là , il avait raison ,c est pour ça que les reptiliens l on tant diabolisé

  9. Oui c’est qui « on » bonne question . Il faudra remotiver les français pour qu’ils retrouvent le chemin des urnes . Qui pour convaincre un peuple déçu depuis plus de 40 ans par des élus de tout bord . Affaire à suivre ….

  10. Le gros problème pour l’instant, c’est Bardella qui prend à fond le parti de Zelensky et de Macron.
    Pour moi, c’est adieu le vote RN.

    • C est sur , il devient un bon politicien il écoute la voie de sa maîtresse qui trouve ainsi le moyen de laisser son ardoise à Poutine
      Depuis un moment on la voit venir la MLP plus ça va plus le RN devient un parti comme les autres , il reste Zemmour mais tous veulent l étouffer

    • Le RN essaie d’avoir une position censée . Ne vous en déplaise , c’est bien Poutine l’agresseur. La position de RN sur ce conflit , c’est un appel à la raison. Nul ne sortira vainqueur militairement de ce conflit. Il faut entamer la désescalade, c’est à la table des négociations que se résoudra ce conflit.

      • Désolé, Poutine n’est pas l’agresseur. Les agresseurs sont bien ceux qui ont poussé l’Ukraine à exiger son entrée dans l’Otan et l’UE. Quand on promène un jambon devant un rottweiler attaché il ne faut pas s’étonner qu’il casse sa chaîne. D’autant que seuls les USA espèrent tirer profit du conflit.

      • Désolée, mais je vous demande un petit effort : lisez les traités de MInsk (si, si, ils ont été signés, ce n’est pas qu’oral)
        Vladimir Poutine n’a voulu que défendre son peuple massacré pendant 8 ans (maintenant 9) par des fous furieux aimant le sang et la brutalité (entre 15000 et 20000 morts, que des civils, avant sa décision de leur porter secours. Bon, selon vous, 2500 morts par an, cela ne justifie pas de défendre un peuple, peut être??) après avoir demandé d’arrêter ce massacre par la diplomatie nombre de fois. Vlad a demandé un grand nombre de fois des négociations (comme vous suggérez de le faire) : les meurtriers ont dit non : ils doivent adorer tuer des civiles dont nombre d’enfants.

        J’ignorais que tuer 2500 civils (dont nombre de femmes et d’enfants) par an, ne pouvait pas qualifier l’auteur de ces meurtres d’agresseur.

      • « Marine le Pen appelle à une conférence de paix organisée par la France » titre ces jours-ci la presse. Doit-on rappeler à Mme le Pen le précédent des accords de Minsk, mascarade dont se sont portés garants les duettistes Merkel Hollande, uniquement dans le but de gagner du temps ? Les occidentaux n’ayant aucune parole, vous pouvez dire adieu à votre « table des négociations ». Et je ne parle même pas de l’envoi massif d’armes dans ce pays archi-corrompu qu’est l’Ukraine. Quant à Macron, il s’est complètement carbonisé, tout seul comme un grand. J’en profite d’ailleurs pour saluer ici la lucidité de Régis de Castelnau lorsqu’il fait remarquer que : « L’Europe est à la porte ! » Apparemment, cela n’a même pas effleuré Mme le Pen.

  11. Ce qui est finalement le plus triste, c’est qu’un comportement normal entre des adversaires politiques devienne aujourd’hui une sujet d’étonnement.

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