Entre « union nationale » et « arc républicain », l’Élysée transformé en magasin de farces et attrapes !

MACRON NDIAYE

Comme le chantait jadis Gilbert Bécaud, « Et maintenant, que vais-je faire ? », Emmanuel Macron est aujourd’hui à la croisée des chemins, d’où cet « arc républicain » ressorti du placard aux accessoires, concept des plus flous, mais qui faisait encore son petit effet mondain, au siècle dernier.

Ainsi, c’est Olivier Véran, le ministre des Solidarités et de la Santé qu’on sait, qui est chargé d’une autre mission de confinement : « On ne se mettra pas en situation de dépendre des voix du RN pour faire majorité au Parlement. […] Faire le calcul que par anticipation, grâce au RN, nous passerions un texte que nous ne passerions pas sans les voix du RN, c’est non. Ni d’ailleurs avec les voix de La France insoumise. Nous sommes dans l’arc républicain » (BFM TV-RMC, 22 juin).

L’Élysée entendrait donc rassembler tous et toutes, hormis les deux principaux partis d’opposition ? Au fait, ce storytelling tient-il seulement un instant la route ? Pas forcément, le Parti communiste de Fabien Roussel se trouvant inclus dans cet « arc » de circonstance et de cette « union nationale », dans la foulée prônée par l’Élysée. En effet, si cet homme, par ailleurs parfois sympathique de par ses positions pro-viande, pro-pinard et pro-flic, n’est pas responsable des quelque 150 millions de morts dus à ce marxisme-léninisme qu’il persiste à encore défendre peu ou prou, il n’en demeure pas moins que le communisme mondialisé n’a jamais été parangon de concorde entre les peuples. Mais il est vrai que la Corée du Nord, comme autrefois l’URSS, est aussi une république, tels l’Iran, le Zimbabwe et le Venezuela ; alors que les pays les plus « progressistes » d’Europe, ceux du Nord, sont des monarchies constitutionnelles. Quand la République est partout, elle n’est finalement nulle part.

À peine plus sérieusement, Fabien Roussel fait un peu penser à Marcel Zanini et sa chanson « Tu veux ou tu veux pas ? » : « Toi, tu dis noir, et puis après, tu dis blanc. C’est noir, c’est noir, oui, mais si c’est blanc, c’est blanc. C’est noir ou blanc, mais ce n’est pas noir et blanc. » Car a priori, ce serait non. Mais peut-être aussi que oui, à en croire Le Parisien (27 juin). Fabien Roussel : « On a déjà participé à un gouvernement d’union nationale en 1945 avec le général de Gaulle. Ce n’est pas quelque chose qui nous choque. » À ce menu détail près, toutefois, c’est que le petit Emmanuel n’est pas tout à fait le grand Charles…

Du côté des exclus, RN et LFI, Marine Le Pen affirme que l’hypothèse de « l’union nationale » a pourtant été « évoquée » lors de ses entretiens avec le premier des Français, le 22 juin dernier : « Je pense que la situation ne le justifie pas. » Son de cloche à peine différent du côté de l’insoumis Adrien Quatennens, qui affirme qu’Emmanuel Macron lui a confirmé que La France insoumise faisait partie du même arc « républicain », donc appelée à faire partie de cette « union nationale » ne faisant décidément pas l’unanimité, Julien Bayou, secrétaire national d’EELV ayant assuré le lendemain, tout comme Marine Le Pen, qu’il ne voyait pas « la nécessité » d’une telle union. Quant à la possible troisième force d’appoint, Les Républicains, même fin de non-recevoir, par la voix d’Aurélien Pradié, tenant cette demande pour « mariage forcé ». Bref, qui croire ?

Le comble, c’est que ces mouvements couvrant la quasi-totalité de l’échiquier politique ont tous appelé à voter Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle pour sauver le même « arc républicain ». Dans cette nef de fous, le plus prosaïque demeure finalement Michel Onfray, socialiste de l’espèce proudhonienne qui, ce 23 juin, affirme qu’il aurait été parfaitement « républicain » qu’Emmanuel Macron nomme Marine Le Pen à Matignon, puisque représentante du plus puissant groupe d’opposition au palais Bourbon. « C’est ce que les institutions exigent », à l’en croire. Pas faux.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

12 commentaires

  1. Ils ne cherchent pas à sauver « l’arc républicain », mais leurs intérêts et les bonnes places.

  2. L’« arc républicain », bien belle invention sémantique. Mais le carquois des promoteurs n’est plein que d’une foule hétéroclite d’individus qui sont loin d’être tous des flèches ! Peut-on suggérer à ces élites qu’on ne tire pas à l’arc avec des boulets ?

  3. L’arc républicain serait-il électrique et, après tout, Staline, en définitive, un bon « camarade » ? Attention à l’électrochoc…populaire…celui, vous savez, du « bon sens près de chez vous »…

  4. Quand ils auront fini de décerner des brevets républicains, ils pourront peut-être songer à sauver la France…

  5. Sauf erreur de ma part, si le groupe parlementaire le plus puissant de l’opposition, par tradition, peut prétendre à obtenir la présidence de la commission des finances de l’assemblée nationale, en revanche c’est du courant du groupe le plus puissant à l’assemblée nationale (aujourd’hui la majorité, relative, présidentielle) que doit venir le premier ministre…

  6. A ce jeu, E.Macron et les autres risquent de se brûler car mépriser prés de 42% des français pendant 5 ans deviendra insoutenable avec toutes les conséquences desastreuses que cela pourrait entraîner.

      • L’Histoire nous a malheureusement appris qu’une dictature est TOUJOURS soutenue par une majorité. Si elle s’y oppose, sa chute est immédiate.

  7. C’est bien là le problème, ils ont tous voté pour qu’il revienne. c’est cela le vote utile … des trolles en République. Cela étant j’ose rappeler que la grande majorité des médias surtout ceux qui sont largement assistés par la République pour les remercier du peu mais du bon travail qu’ils fournissent pour que les Trolles puissent se maintenir à la gouvernance. Certes il y a le trolle travailleur, le trolle intelligent et malheureusement les Con-trolles qui eux sont tous en politique.

  8. En tout cas, lors du récent vote au parlement européen, les députés de la France insoumise ont voté pour le pass sanitaire numérique, méprisant par là les milliers de soignants jetés dehors comme des malpropres parce que refusant le vaccin poison, ainsi que tous les non-vaccinés. Faute morale, mais aussi politique puisque par ce vote, ils ont certainement perdu pas mal d’électeurs. Vont-ils remettre ça à l’Assemblée Nationale ?

    • Leur discours sur la réintégration des soignants et le passe était uniquement électoral. Ces gens-là n’ont aucune morale: la fin justifie les moyens

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