Des détenus en pique-nique au château de Versailles : et puis quoi, encore ?

Après le karting, les cours de théâtre et les ateliers d’écriture, le pique-nique au château de Versailles. Ces activités pourraient faire penser au programme d’un centre aéré pour enfants ; il n’en est rien. Ces divertissements sont proposés aux personnes emprisonnées dans les centres de rétention français. Le dernier cité, le pique-nique au château de Versailles, n’a pas encore eu lieu; mais il est prévu pour le 27 juin prochain, comme le révèlent nos confrères d’Actu.fr, information relayée notamment par BFM TV.

Les détenus invités à déguster un repas sorti du sac dans l’enceinte du palais des rois Louis XIV, Louis XV et Louis XVI sont incarcérés à la prison de Toul, en Meurthe-et-Moselle (54), pour des peines supérieures à un an. Pour la plupart, ils ont été condamnés suite à des viols ou à des meurtres. Des gentils prisonniers « triés sur le volet » par l'administration, puisque cette activité nécessite « une permission de sortir » accordée par le conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation. Nous voilà rassurés ! De quoi, en tout cas, soulever tout un tas de questions, comme l'a fait l'ancien commissaire de police Matthieu Valet, candidat aux élections européennes sur la liste de Jordan Bardella.

Une mauvaise blague?
Des détenus de Toul visiteront le château de Versailles, ses jardins avec pique-nique le 27/06, rien que ça!
Une semaine après l’exécution de 2 agents pénitentiaires, c'est indécent!
Qui va les surveiller?
Qui va payer ?
Avec nos impôts?
C’est honteux!

— Matthieu Valet (@mvalet_officiel) May 21, 2024

Le centre de rétention aéré pénitentiaire

Les dix à quinze détenus sélectionnés pour faire 350 kilomètres, soit quatre heures de bus, seront accompagnés par trois surveillants. À leur arrivée au château de Versailles, ils seront « lâchés » au milieu des visiteurs lambda. Le jambon-beurre et le billet d’entrée seront bien évidemment pris en charge par le contribuable.

À un peu plus d’une semaine du meurtre de deux agents pénitentiaires dans le cadre du déplacement et de l’évasion de Mohamed Amra, la journée culturelle offerte aux prisonniers de Toul laisse à désirer. D’autant plus que, ces derniers mois, plusieurs sorties pédagogiques ont donné lieu à des évasions. En février dernier, un jeune homme de 24 ans incarcéré à Fleury-Mérogis s’est évadé alors qu’il avait obtenu l’autorisation de visiter le musée du Quai Branly, à Paris. Plus récemment, un détenu de la prison de Luynes a profité d’une sortie à la piscine pour s'enfuir. D’un point de vue sécuritaire, les déplacements de prisonniers sont toujours compliqués à organiser. Lorsqu’ils ne sont pas nécessaires, ils interrogent.

Et la sécurité, dans tout ça ?

Pour ce qui est du pique-nique versaillais, on peut aussi légitimement se demander si laisser vaquer des prisonniers dans un parc de 815 hectares, en contact direct avec la population, est une bonne idée. Pour les forces de l’ordre, cela n’en est clairement pas une. Guillaume Dordet, secrétaire régional (Yvelines) du syndicat Alliance Police, interrogé par BV, confie : « C’est impensable pour les gens qui ont la tête sur les épaules. On dénonce des faits qui sont inadmissibles, d’autant plus dans le contexte actuel. » Il précise : « Nous ne sommes pas contre la réinsertion, mais personne de sensé ne pourra vous dire qu’un pique-nique pourra les aider pour la suite. Je ne comprends pas qui a pu avoir l’idée de faire ça. »

Pour le policier, organiser cette sortie, c’est faire « prendre des risques à la population, aux agents pénitentiaires et aux policiers, pour un bénéfice nul ». Selon lui, il faudra « une vingtaine de fonctionnaires » pour sécuriser le château, ce jour-là. À l’approche des Jeux olympiques, où les forces de l’ordre seront fortement mobilisées, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Le syndicat policier « demande que la sortie soit annulée » mais n’est pas certain d’être écouté.

Une requête relayée par le bureau départemental de Reconquête. Sur son compte X, le parti d’Éric Zemmour affiche son soutien aux policiers des Yvelines et interpelle le garde des Sceaux : « De qui se moque-t-on, Éric Dupond-Moretti ? La semaine prochaine, ce sera une sortie au Festival de Cannes ? » La question mérite, en effet, d’être posée.

❌️ De qui se moque t'on @E_DupondM ?
La semaine prochaine, ce sera une sortie au @Festival_Cannes ?
Soutien total @PoliceNat78 !@Reconquete_off https://t.co/nvbEhbGRny

— Reconquête ! - Yvelines 78 (@Reconquete78) May 21, 2024

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