La catholicité en France serait-elle en soins palliatifs ?

moulins beaufort

C’est ce que nous serions en droit de croire quand on entend la recommandation de Monseigneur de Moulins-Beaufort, qui s’adressait aux jeunes prêtres de la très féconde communauté Saint-Martin dont il présidait, à Évron (Mayenne), fin juin, la cérémonie d’ordination : « De plus en plus, votre ministère sera un ministère d’accompagnement », leur a indiqué le président de la Conférence des évêques de France.

« Accompagner » est le terme que l’on utilise davantage au chevet des mourants en soins palliatifs, quand il n’y a plus d’espoir de guérir, que lorsqu’il s’agit de diriger une communauté pleine de vie ; ce qui sera la mission de ces jeunes prêtres. Le Christ s’était exprimé en termes plus audacieux, alors que son Église n’en était encore qu’à ses premiers balbutiements : « Allez dans le monde entier et de tous les peuples faites des disciples. »

Ramener la mission de futurs pasteurs au seul accompagnement du troupeau plutôt qu'à son édification spirituelle n’est pas très encourageant pour des jeunes qui ont tout quitté pour la mission.
Le bon pasteur à la recherche de sa brebis perdue va-t-il l’accompagner dans son égarement plutôt que de la ramener ? Saint Pierre a-t-il reçu seulement la mission d’accompagner ses brebis et son Église ? À travers les épîtres de saint Paul, voyons-nous cet apôtre des gentils ne faire que de l’accompagnement ?

L’Église de France, dont la première mission est de perpétuer l’enseignement du Christ, semble donc elle aussi contaminée par la pédagogie contemporaine, c'est-à-dire par le constructivisme, qui recommande aux enseignants de se mettre en retrait et seulement d’accompagner sans chercher à transmettre directement leur savoir : « C'est par la compréhension, par ses perceptions de la réalité que l'élève construit son apprentissage et non pas par la réalité absolue, toute faite », peut-on lire dans les circulaires.

Si l’on suit le représentant de l’Église de France, la mission d’avenir pour les jeunes prêtres, ce ne sera plus en priorité d’enseigner la vérité révélée mais d’accompagner chaque personne dans leur propre cheminement personnel de découverte.

Est-ce seulement en accompagnant plutôt qu’en instruisant et en guidant ou en fortifiant que l’Église contribuera à l’édification des consciences, sur lesquelles compte pourtant Monseigneur de Moulins-Beaufort, pour faire face à la terrible loi « bioéthique » : « Maintenant que la loi de notre pays autorise de nouvelles transgressions, a-t-il souligné, il importe plus que jamais que chacun trouve les moyens de la vigilance et d’un discernement personnel afin de faire ses choix en pleine conscience de ses conséquences éthiques. »

La responsabilité de l’Église en matière de transmission de la culture et de la civilisation chrétiennes en France n’a pourtant jamais été aussi importante qu’aujourd’hui, puisqu’elle en est le dernier dépositaire et qu’elle dispose de milliers d’établissements scolaires diocésains. Il est donc urgent que son projet pastoral et le caractère propre de son enseignement se manifestent autrement que par l’accompagnement de la dégringolade culturelle et spirituelle du pays.

Gilles Colcombet
Gilles Colcombet
Ancien cadre de banque

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