Iran, Corée, Mueller : Trump le caméléon va-t-il finalement s’en sortir ?

Il est difficile de faire le tri entre les scories médiatiques et les événements significatifs. C’est d’autant plus vrai avec Trump qui, d’un piège à l’autre, use ses adversaires. Les récentes analyses du Media Research Center le confirment : les scories (donc les informations hostiles) représentent 91 % de l’information dans les semaines récentes. Cependant - événement significatif -, 57 % des Américains pensent que le pays va dans la bonne direction. Hiatus…

En faisant descendre les médias dans le caniveau, Trump les discrédite, les contient au sein d’une bulle de plus en plus restreinte, si l’on en juge par les taux d’écoute et de suivi en chute des grands médias. Trump a vécu dans la boue toute sa vie et y prospère ; les médias ont vécu dans leurs bas de soie et s’en étranglent. Trump est aussi un caméléon à multiples personnalités. Sa dernière étant celle du néo-conservateur hégémoniste. Trump, « archéofuturiste » sans le savoir autant que brillant homme de marketing, avait promu un impérialisme économique et technologique américain évoluant lui-même au sein d’un nouvel ordre mondial multipolaire, assis sur des principes traditionnels.

Face au coup d’état du « deep state », il lui a fallu gommer le plus souvent le terme « multipolaire » de son discours et accepter avec enthousiasme de s’entourer de ses ennemis idéologiques pour faire barrage à ses ennemis existentiels.

Certains diront qu’avec son retrait de l’accord iranien, Trump s’est acheté un asile politique chez Netanyahou pour le jour où il serait limogé puis inculpé par ce "deep state" si habitué des coups politiques à l’étranger qu’il a maintenant l’audace de s’en prendre au gouvernement de son propre territoire national. Trump sera, ici, testé à l’aune des sanctions à venir : seront-elles un nouveau prétexte pour casser les reins du commerce eurasien ? Ou bien ont-elles déjà été négociées avec Macron et Merkel afin d’enclencher un nouvel accord ? Trump va-t-il encore plus menacer les économies russe et chinoise ou y renoncer, au contraire, en échange d’un prix Nobel pour la Corée ? Netanyahou, à Moscou pour les cérémonies de la victoire, a-t-il aussi négocié pour le compte de son grand ami Trump sur l’Iran, la Corée ou la situation russo-américaine?

Reste que, en façade, les quatorze premiers mois de la présidence Trump représentent un incontestable succès, avec plusieurs mois de croissance soutenue, une bonne performance boursière (indispensable aux fonds de retraite), une réduction considérable du taux de chômage et, pour la première fois, autant d’emplois créés qu’il y a de chômeurs (qui, certes, n’ont pas tous les qualifications — d’où la politique de rapatriement des industries au pays). Les négociations tarifaires vont bon train avec l’ALENA (Canada, Mexique) et les intentions tarifaires américaines sur l’acier comme l’aluminium sont autant d’arguments de négociation avec la Chine, la Russie et l’Europe.

Alors, quid du procureur Mueller ? Réussira-t-il à faire tomber Trump en faisant tomber son avocat Michael Cohen ? L’étau se resserre bel et bien et toutes les bombes à retardement explosent comme prévu. Mais le pays a tant de fers économiques et diplomatiques au feu, et Mueller a tant été discrédité par les activistes pro-Trump du Congrès, qu’il est difficile de savoir quand et si le "deep state" osera, surtout en cas de prix Nobel de la paix. Le destin de Trump semble donc bien, en ce cas, être entre les mains de la Chine.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:43.
André Archimbaud
André Archimbaud
Consultant stratégique

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