C'est une information du Figaro tombée vendredi soir et passée inaperçue, alors que vous hésitez toujours entre les options journée du pull, changement de chaudière, branchement de votre batterie sur le réseau façon Pannier-Runacher. Elle est pourtant au cœur du problème. Nicolas Sarkozy a accédé à la demande du président du groupe LR à l'Assemblée nationale, Olivier Marleix, qui souhaite l'auditionner devant une commission d'enquête parlementaire pour faire la lumière sur les responsabilités qui ont conduit « au dépeçage de l'industrie nucléaire et de l'énergie en France ». François Hollande, lui aussi concerné, n'a pas donné sa réponse. Olivier Marleix, toujours selon Le Figaro, estime que l'ancien Président socialiste, vu l'ampleur de la crise - et de ses responsabilités -, ne pourra pas se défiler.

On comprend que Nicolas Sarkozy ait rapidement répondu positivement à l'invitation. Pour une fois qu'il n'est pas convoqué par un juge. Pour une fois, aussi, qu'il peut aller défendre son bilan et montrer qu'il a eu raison, qu'il a été cohérent, constant et visionnaire sur ce sujet. La crise énergétique actuelle met en effet crûment en lumière les erreurs stratégiques de la France et de ses deux derniers Présidents : l'abandon du nucléaire a été une erreur industrielle et économique majeure. On peut rétorquer qu'il est facile de dire cela, dix ans après, d'invoquer les imprévus de l'Histoire, etc. Sauf que cette décision fut prise il y a exactement dix ans, alors que tous les éléments du dossier étaient sur la table.

Pour les décideurs, les Présidents et les candidats à la présidentielle, mais aussi pour nous, les électeurs. Oui, tous les éléments de la crise actuelle étaient, en mai 2012, sur la table du débat de l'entre-deux-tours qui opposait François Hollande à Nicolas Sarkozy. Olivier Marleix rappelle l'accord de gouvernement conclu entre Europe Écologie Les Verts et le Parti socialiste qui prévoyait « la fermeture de 24 réacteurs contre 15 circonscriptions législatives en échange ». On comprend que Sandrine Rousseau préfère, aujourd'hui, parler barbecue et paresse, mais on aimerait que des journalistes aillent aussi la chercher sur ce sujet-là. On aimerait aussi voir rappeler l'action et les responsabilités précises d'un Emmanuel Macron et d'une Élisabeth Borne dans la mise en œuvre de la politique Hollande sur le nucléaire.

Donc, le soir du 2 mai 2012, Nicolas Sarkozy avait réaffirmé son soutien au nucléaire et son opposition à la fermeture des réacteurs prévue dans le programme de François Hollande, rappelant son importance pour faire bénéficier les Français d'une électricité bon marché : « Le nucléaire, depuis le général de Gaulle [...], ça fait l'objet d'un consensus. C'est un atout français. [...] Nous avons une électricité moins chère de 35 % que nos partenaires allemands, [...] c'est 240.000 emplois [...] C'est un avantage considérable pour notre industrie, et pour nos compatriotes qui se chauffent à l'électricité [...]. Pourquoi sacrifier le nucléaire pour un accord politique misérable ? »

Force est de reconnaître, sur ce point, la constance gaulliste de Nicolas Sarkozy et de sa famille politique, ce que ne se prive pas de rappeler Olivier Marleix : « Tout le monde ne doit pas être mis dans le même sac. Sur le nucléaire, notre formation politique a toujours été constante. En témoigne le lancement de l'EPR de Flamanville sous Nicolas Sarkozy. »

Au second tour, en 2012, Nicolas Sarkozy fut devancé par François Hollande d'un peu plus d'un million de voix. Mais il y eut - et c'était historique - plus de deux millions de bulletins blancs et nuls. Les commentateurs de l'époque, analysant les reports de voix, indiquèrent qu'un quart des électeurs de Marine le Pen et de François Bayrou de l'époque s'étaient abstenus. Dix ans après, ils sont certainement nombreux à déplorer la gestion calamiteuse de l'énergie depuis dix ans et à pester contre leurs factures et leurs dirigeants. Et, espérons-le, contre leur vote insouciant de 2012.

Il va sans dire que la fable du vote irresponsable de 2012 vaut évidemment pour 2022. Et 2027.

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17 septembre 2022 à 13:00

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41 commentaires

  1. Sur ce coup là Sarko avait raison. Moins sur Mayotte et le traité de Lisbonne. Nous n’aurions peut-être pas eu cette horrible affaire ukrainienne qui est en train de nous tuer. Pour mourir nous n’avons pas besoin d’une loi il suffit de donner le pouvoir aux socialistes et leurs moudjahidine les khmers verts

  2. Réhabilité Sarkozy, à tout prix et à n’importe quel prix !
    Et pour que rien ne change, in fine. C’est à vomir.
    Corrompu comme les autres, l’homme de la guerre en Lybie, de la liquidation de la France par le traité de Lisbonne, l’artisan de la défaite du centre et de la droite, n’a d’autre choix et devoir de se faire oublier.
    Le problème de l’énergie vient de l’Europe, qui impose la libéralisation du marché, l’Européanisation de la distribution, l’indexation du prix de l’énergie électrique sur le gaz, etc.
    Sarkozy est également le promoteur de cette politique…

    1. « Le problème de l’énergie vient de l’Europe, qui impose la libéralisation du marché, l’Européanisation de la distribution, l’indexation du prix de l’énergie électrique sur le gaz, etc. » Et plus exactement de l’Allemagne, qui supporte très mal le prix (-50%) de l’électricité française et qui dirige la Commission par l’intermédiaire de ses lobbies. Tout en étant elle-même aux ordres de Washington, OTAN oblige.

    2. Complètement d’accord avec vous. J’ajouterais aussi l’homme qui a supprimé la police de proximité et laissé des pans complets de territoire aux mains des délinquants.

  3. Pour une fois que Sarko avait raison !
    On lui doit bien d’autres avatars, comme la destruction de la démocratie avec son contournement du référendum de 2005, le vote du RIP interdisant la possibilité d’un référendum (avec lui plus des 3/5 des parlementaires)…
    La politique migratoire qu’il a continué…
    Peu de considération pour ce hâbleur de foire !

  4. Sarkozy « Le nucléaire, depuis le général de Gaulle […], ça fait l’objet d’un consensus. C’est un atout français. […] Nous avons une électricité moins chère de 35 % que nos partenaires allemands, […] c’est 240.000 emplois […] C’est un avantage considérable pour notre industrie, et pour nos compatriotes qui se chauffent à l’électricité […]. Pourquoi sacrifier le nucléaire pour un accord politique misérable ? »
    Pour une fois qu’il avait raison, ne tirons pas sur l’ambulance !

  5. Le 1ère chose qu’a voulue Hollande était de détricoter tout ce qu’avait fait Sarkozy. Macron le Brutus de service n’a fait que poursuivre . On voit le résultat ! Hier , nous étions exportateur d’électricité , aujourd’hui , les Français vont devoir mettre un deuxième pull over. Et dire que nos Zélites nous ont affirmé que Macron était le Mozart de l’économie.. Un Mozart tout juste bon à composer un Requiem pour la France.

  6. Comme quoi on ne peut pas avoir tort sur tout . Notre vaillant Sarko a déjà à son débit la mise à feu de l’Afrique, l’adoption de Mayotte (Lampeduza français !), le karcher toujours en panne et donc la fuite d’un million d’électeurs, ainsi que le retour en Otanie US. N’en jetons plus !

  7. C’est ce qui arrive quand les décideurs n’agissent pas dans l’intérêt du pays mais dans leur propre intérêt (élection puis réélection) en caressant dans le sens du poil ceux qui ont le plus de chances de voter pour eux.

  8. Sarkozy a eu raiqon sur ce point. Mais sachant que même une horloge arrêtée donne l’heure juste deux fois pas jour, ça ne va pas suffire pour en faire un chantre du gaullisme…

  9. Très bien et j’espère que ça permettra à ceux qui lui mettent tout sur le dos de comprendre que non, le fiasco actuel ne lui est pas imputable mais bien à la gauche (depuis Jospin et l’arrêt de Superphénix!) puis après lui, hollande et macron; Sous Sarko, les centrales étaient inspectées et Fessenheim pouvait reprendre du service pour X années. Ce sont les socialistes hollande et macron qui ont saboté notre filière nucléaire pour plaire aux khmers verts !

    1. c’est tout juste ! pourquoi toujours incriminer les mêmes alors que le sabotage est la responsabilité de 2 autres, mais au final qui paie la facture tant financière que morale ?

    2. La fermeture de Super Phénix à eut lieu sous Mitterrand, avec l’écologiste Voynet !
      Le retard à la msi de certaines tranches nucléaires fut bien le fait de Mitterrand sous la pression des verts de Voynet !
      Mitterrand n’était pas mieux que les autres pour avoir les voix dites « écologiques » !

  10. Sarkosy a été décevant à plus d’un titre, mais on doit lui reconnaître de ne pas s’être trompé sur ce point-là ! De là à lui décerner un brevet de gaullisme, sûrement pas et je crains que personne chez LR ne sache plus ce que le gaullisme aurait pu apporter à la France en matière d’indépendance, d’identité nationale, d’immigration, de sécurité, de défense, de respect des institutions, d’équilibre budgétaire, de relations internationales, et surtout, surtout d’autorité sur l’administration. Ces soient-disants gaullistes ont perdu tout repère, et l’on voit bien que ce qui émerge des lambeaux de ce parti, ce ne sont que les ambitions personnelles des petits maîtres de coteries sans imagination, ni perspectives. Il faut adhérer et soutenir le seul parti qui se réclame légitimement du gaullisme : Reconquête. Dispersées et écrasées par les images de la reine décédée, celles de l’Université d’été du parti Reconquête ont été ignorées à tort : personne n’a pu voir la ferveur des participants, ni l’ardeur de l’envie de construire une solution française à l’avenir de la France qui anime ses membres et ses dirigeants. Prenez date et soyez attentifs : vous serez surpris de voir à quel point les médias et les salons parisiens se trompent ou vous trompent. Ou bien, mieux encore, participez activement au réveil de l’opinion.

    1. De même que personne n’a vraiment vu le séisme politique survenu en Suède où l’union des Droites a gagné, l’alter ego de Reconquête étant prépondérant dans la coalition victorieuse, ce parti devenu le 2° parti le plus important dans ce pays. Et le 25 ce sera l’Italie. Et en novembre la déculottée de BIDEN aux midterm.

    2. Tout a fait d’accord avec vous, Zemmour a alerté, peut être trop tôt. Si cette crise avait éclaté plus tôt les dés aurait certainement désigné reconquête au lieu de Macron bis.

  11. Nous avons payé le programme nucléaire, nous en tirions quelques avantages. « Grâce » à Hollande et à Macron : Un secteur industriel dans lequel la France avait une maîtrise complète a été saccagé. Nous payons (à des fournisseurs étrangers) le coût démentiel de la laideur et de l’inefficacité des éoliennes. Au nom de la concurrence voulue par l’UE EDF a perdu des milliards en étant obligé de vendre son électricité à bas prix à des opérateurs étrangers . Nous avons perdu notre souveraineté énergétique. Et maintenant au nom de la solidarité européenne ce sont les contribuables français qui vont devoir payer les inconséquences de l’Allemagne et de ses calamiteuses décisions. Pour Macron, vous ajoutez dans le tableau la cession de la branche énergie d’ALSTOM à GE.

    1. Et pour terminer la fresque, l’indexation du prix de l’électricité sur celui du gaz . Le pompon !
      Le duvet d’eider va voir sa cote atteindre des sommets cet hiver, tout comme celui du kWh…
      Aller, tout va bien, nos chers gouvernants seront bien au chaud.

    2.  » Nous payons (à des fournisseurs étrangers) le coût démentiel de la laideur et de l’inefficacité des éoliennes. » Nous en sommes à 200 milliards d’€ pour le moment, mais il y en a autant de programmés pour les années à venir. Ces 200 milliards équivalent au prix de 10 centrales nucléaires.

  12. Sarkosy, à bien des aspects, est un detestable individu. Mais, sur ce coup-là, on ne peut que défendre sa vision. Avec un bémol. Son passage en force du traité de Lisbonne malgré le référendum a enfoncé un peu plus la France dans le marigot européen. Cette Europe qui s’est empressée de déréguler le marché de l’énergie pour aboutir à des inepties comme l’indexation du prix de l’électricité sur celui du gaz.

    1. Bien d’accord avec vous, Nicolas Sarkozy doit sa défaite à cette traitrise qu’est le traité de Lisbonne et aussi à tous ses coups de mentons et ses gesticulations jamais suivies d’effet entre autre auquel il ne faut pas oublier la guerre en Lybie.

    2. « des inepties comme l’indexation du prix de l’électricité sur celui du gaz. » Ce sont des inepties pour les Français, mais du bénef sans travailler pour les Allemands.

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