[ÉDITO] Bon, bah, Bayrou est tranquille jusqu’à l’automne ! Normalement…

Il y a 85 ans, un général à titre temporaire, qui venait de faire un passage très éphémère comme sous-secrétaire d’État dans un gouvernement en déroute, décidait de prendre le grand large en s’envolant depuis Bordeaux pour l’Angleterre. Le grand large par rapport à tout ce qui retenait de Gaulle de rester en France : un maréchal de France couvert de gloire investi chef du gouvernement et qui, quelques semaines plus tard, se verrait confier les pleins pouvoirs de l’État par la grande majorité des parlementaires ; une carrière dans l’armée dont la force principale, comme le stipulaient les règlements d’alors, reposait sur une obéissance et une soumission « sans hésitation ni murmure » ; une extraction de bonne bourgeoisie peu propice à l’aventurisme ; enfin, il ne faut pas l’oublier, une famille avec trois enfants, dont une fille handicapée. Et malgré tout cela, le grand large. Et la conviction, pour ne pas dire la vision, que la même force mécanique qui avait battu la France pourrait un jour défaire l’Allemagne.
Le grand large...
On aime, on n’aime pas de Gaulle - les plaies de l’Algérie française sont toujours vives pour beaucoup, malgré le temps qui passe -, mais l’on ne peut que se désoler en voyant que 85 ans après l’appel du 18 juin, le grand large, en dépit des incessants voyages présidentiels à travers le monde (un jour à Hanoï, l’autre à Monaco, le lendemain au Groenland : on n’arrive plus à suivre...), a fait place à un pénible et laborieux cabotage aux plus hauts sommets de l’État. Pour ne pas dire que l’on fait du surplace. L’ancien ministre de Sarkozy, Hervé Morin, ne disait pas autre chose, dimanche, comme le rappelait hier Gabrielle Cluzel, en souhaitant que Macron démissionne. On peut rêver. Et Bayrou ? Fort d’une impopularité record, c’est pareil : il tire des bords. Les socialistes lui ont lancé une bouée de sauvetage, cet hiver, en ne le censurant pas et en faisant semblant de croire qu’il sortirait quelque chose de ce conclave sur les retraites, usine à gagner du temps (pour Bayrou) qui se termine normalement ce 17 juin. Quoi qu'il sorte de ce conclave, Bayrou ne chutera pas sur ce sujet, Jordan Bardella, ce 16 juin, ayant annoncé sur RTL que le RN ne censurerait pas Bayrou sur la seule question des retraites.
À l'automne, on verra bien...
Par ailleurs, la semaine dernière, le président de la République, sur le rapport du Premier ministre, a signé le décret convoquant l’Assemblée nationale en session extraordinaire du 1er au 11 juillet, histoire d’essayer de combler le retard dans l’examen des projets de loi actuellement dans le tube - une liste longue comme un jour sans pain. Jusqu’au 11 juillet, pas au-delà. Comme par hasard. Avant les grandes annonces que Bayrou va faire sur le budget 2026. Des annonces qui pourraient être de sérieux motifs de censure, tant à gauche que du côté du Rassemblement national. Mais comme l’Assemblée nationale sera en vacances, Bayrou pourra passer un été tranquille à faire des allers-retours entre Paris et Pau. Encore du temps de gagné. Pour lui. Pour la France, c’est une autre affaire et chacun en jugera par lui-même. Et à l'automne, on verra bien, il fera jour...
Tirer des bords à la petite semaine
Il y a tout juste 79 ans, le 16 juin 1946, l'homme qui avait pris le large six ans plus tôt et qui avait quitté la tête du gouvernement provisoire de la République française en début d'année prononçait son fameux discours de Bayeux. Un discours dans lequel il esquissait ce que seraient, douze plus tard, les institutions de la Ve République. Des institutions qui devaient permettre à la France de faire de grandes choses, de prendre le large, de voir loin. Paradoxalement, ces mêmes institutions, aujourd’hui, entretiennent une stabilité de façade et permettent à une classe politique exsangue de se maintenir au pouvoir, de bricoler, en tirant des bords à la petite semaine. Dans ce discours de Bayeux, le général de Gaulle évoquait la Grèce antique : « Des Grecs, jadis, demandaient au sage Solon : "Quelle est la meilleure Constitution ?" Il répondait : "Dites-moi d'abord pour quel peuple et à quelle époque". » Au fond, aujourd'hui, les Français n’ont peut-être que ce qu’ils souhaitent. On aimerait se tromper.
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44 commentaires
Quand le néant dirige ce pays….
Exactement ça…les bons français en ce mois de juin 2025 veulent la tranquillité , ils pensent aux vacances qui approchent , espèrent que le carburant n’augmentera pas trop , que les grèves n’impacteront pas leurs déplacements futurs , que le prix du camembert restera stable ainsi celui de la baguette de pain …des inquiétudes comme celles qu’ont connu nos parents en somme . Mais aujourd’hui la liste des contrariétés s’allonge quelque peu , on espère que nos enfants ou petits enfants ne rencontreront pas des couteaux manipulés par des déséquilibrés ou des gamins de 12/14 ans , qu’ une balle perdue ne nous envoie pas ad patres , qu’une bombe ne nous déchiquete pas , que l’autobus que nous attendons sous l’abri bus ne nous vienne pas directement dans la figure ..tous ces signes qui suscitent un léger sentiment d’insécurité très injustifié…O tempora …O mores
Père gardez vous à droite, père gardez vous à gauche » bataille célèbre. Les juges ont protégés Bayrou de sa droite ( marine intelligible le RN ne va pas demander la dissolution) et les batailles internes PS / LFI / Ecolos ( ainsi que le bon fromage entant que député. Et il ne faudrait pas risquer de perdre sa place ) protège Bayrou d’une demande de dissolution par sa gauche.. chaque époque sa bataille
D’accord avec vous .
Depuis plus de 40 ans qu’il essayait de décrocher la timbale, cela se saurait si Monsieur Bayrou avait la consistance d’un véritable homme d’État ! Et pourtant il a réussi à prendre en main le hochet de Matignon, grâce à un président de la République lui-même en perdition, le tout d’ailleurs accompagné de quelques casseroles, vite enterrées.. Nous n’irons pas bien loin avec un tel chasseur de postes ministériels. Soyons patients l’Automne arrive.
Avec de tels -telles hommes, femmes politiques, la France avance….droit dans le mur…
Apres une carrière aussi brillante dans la parjure, la trahison et l’ineptie, quand viendra son heure de passer devant celui qui le jugera pour ses non-actions terrestres, il nous faudra certainement l’empailler, comme une chouette, ou le momifier, pour garder ce genre de spécimen en exemple dans nos musée pour preuve des fausses théories de Darwin, et pour rester dans l’ambiance de notre école républicaine dont il fut un sinistre brillant par son absence !
Comme le sujet Bayrou est pour le moins généraliste et sans importance, je m’excuse de cette digression mais BV n’en parle pas, j’en profite pour vous signaler la nouvelle affiche LR quelque peu innovante pour une fois avec son slogan: « La France des honnêtes gens ».
Je n’ai rien contre l’humour ni l’union des droites mais tout de même, la liste des honnêtes gens est longue: Sarkozy, Fillon, Bertrand, Dati, Copé, Balkany, les barons locaux et j’en passe, c’est pas très sérieux pour convaincre les honnêtes gens qui sont passés de LR vers le RN ou Reconquête, en parfaite connaissance de cause, non?
Heureusement que l’Algérie n’est pas devenue française…Algérie française hier… Et
France algérienne aujourd’hui… Ce n’est qu’une histoire de temps.
Monsieur Zémmour est la seule personne qui pourra changer notre pays.
A QUEL PRIX ? Une honte pour la France
Quand je vois la tête du bonhomme , je me dis qu’il a plus sa place dans une résidence séniors qu’à matignon , un centrisme pur jus qui n’a jamais rien apporté sauf a joué les ajustements à droite un jour et à gauche le lendemain .