Macron tacle Trump au Groenland : « Ce n’est pas ce qui se fait entre alliés »

À Nuuk, en escale avant le G7 au Canada, Emmanuel Macron a prononcé un discours incisif pour défendre la souveraineté du Groenland, territoire autonome danois, face aux ambitions de Donald Trump, ce 15 juin. Entouré du Premier ministre groenlandais Jens-Frederik Nielsen et du Premier ministre danois Mette Frederiksen, le chef de l’État a déclaré : « Je viens dire la solidarité de la France et de l’Union européenne pour la souveraineté et l’intégrité territoriale de ce territoire. » Cela, dans un contexte où le Groenland, riche en minerais rares et stratégique pour les routes maritimes arctiques, suscite les convoitises de la Chine, de la Russie et des États-Unis. Trump évoquait une annexion pour des raisons de « sécurité internationale ». Cette visite, première d’un chef d’État étranger depuis les déclarations américaines, vise à positionner l’UE comme un rempart. Rempart de granite ou rempart en mousse ?

Un costume trop grand pour Emmanuel Macron

« En France, au sein de l’UE, tout le monde pense que le Groenland ne doit être ni vendu ni pris. » Emmanuel Macron propose des exercices militaires conjoints avec les pays du sud de l’Arctique et l’ouverture d’un consulat à Nuuk pour renforcer les liens franco-groenlandais. Ce discours, qui insiste sur « l’intégrité territoriale » et « l’intangibilité » des frontières, cherche à fédérer une réponse européenne face aux insistantes déclarations américaines de Donald Trump et J.D. Vance. Mais cette ambition se heurte à des obstacles majeurs. L’UE, forte de ses belles paroles, souvent divisée, peine à contrer les investissements chinois dans les infrastructures ou la présence militaire russe en Arctique. 

Le Danemark, sous pression de Washington, a d’ores et déjà engagé deux milliards d’euros pour sa défense de l’Arctique - un territoire convoité. Côté français, les promesses d’Emmanuel Macron comme « réinvestir massivement dans les connaissances de ces écosystèmes » manquent cruellement de clarté face à ces dynamiques géopolitiques complexes. Face aux enjeux politiques et aux pressions exercées par un pouvoir étranger, Emmanuel Macron choisit donc en priorité l’écologie - programme qui sonne bien creux, comparé aux valises chinoises et russes remplies de billets pour développer ce territoire polaire.

Un éclat médiatique sans impact durable ?

Habitué des coups d’éclat diplomatiques, Emmanuel Macron a dénoncé la position américaine sur le territoire groenlandais : « Ce n’est pas ce qui se fait entre alliés. » Finalement, de cet énième coup d’éclat médiatique, les Groenlandais ne retiendront qu’une visite de six heures - incluant un survol de glacier et une rencontre sur une frégate danoise - où le Président français aura tout fait pour se donner les atours d’un leader européen sans jamais vraiment y parvenir. Face aux ambitions américaines et aux avancées sino-russes dans les minerais rares, les déclarations françaises semblent - comme trop souvent - fragiles et peu concrètes.

Le Groenland est un enjeu stratégique clé. Macron, après avoir survolé le glacier du mont Nunatarsuaq, fondant 17 fois plus vite que la moyenne historique (d'après les données recueillies par le réseau scientifique World Weather Attribution), a plaidé pour une coopération scientifique accrue. Frederiksen a salué ce « témoignage concret de l’unité européenne », mais les Groenlandais, pragmatiques, savent que les financements chinois dans les mines ou les incitations américaines pèsent plus lourd que les promesses françaises.

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