Petit paysan, un drame à l’étable

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Cet article a été publié le 15/09/2017.

À l'occasion de l'été, BV vous propose de redécouvrir des films mis en avant lors de leur sortie au cinéma. Aujourd'hui, BV vous invite à voir ou revoir Petit Paysan, un drame récompensé sur le difficile, mais beau, travail d'éleveur.

Éleveur de vaches laitières, Pierre s’occupe seul de la ferme familiale avec l’aide de sa sœur vétérinaire quand une épidémie de fièvre hémorragique frappe les exploitations un peu partout sur le territoire. Croyant ses vaches à l’abri du fléau, Pierre découvre avec effroi que l’une d’entre elles est infectée et risque de contaminer les autres. Dès lors, tout sera mis en œuvre pour sauver le troupeau, quitte à dissimuler le problème aux autorités sanitaires…

Ayant lui-même grandi dans le milieu de l’élevage laitier, le jeune réalisateur Hubert Charuel filme, dans la ferme de ses parents, son premier long-métrage, Petit Paysan. Un drame de terroir aux accents policiers – et parfois fantastiques – qui expose scrupuleusement le travail d’éleveur dans ses aspects gratifiants (le vêlage d’une vache) comme dans ses contraintes (la solitude affective du paysan ainsi que les normes et réglementations européennes). Certains clameront que le film ne se résume pas moins à un scénario-catastrophe autour d'une épidémie imaginaire. Certes, mais une épidémie qui n’est pas sans évoquer la vache folle, le virus H1N1 et, plus récemment, l'affaire des œufs contaminés au fipronil.

Dans chaque cas, les autorités sanitaires avaient effectivement procédé à l'abattage de troupeaux entiers, au grand malheur de leurs propriétaires.

C'est en cela qu’en dépit de ses fantaisies, le film semble parfaitement crédible dans son traitement. Il n'y a aucune complaisance gratuite de la part d’Hubert Charuel à filmer les déboires d'un éleveur fictif en proie à une épidémie imaginaire. Les craintes du personnage principal sont totalement fondées. À savoir le risque de voir ses vaches abattues sous ses yeux et d’être ruiné sans toucher la moindre indemnité de l’Union européenne, comme le signale avec mordant le personnage excentrique interprété par Bouli Lanners, acteur/cinéaste belge trop rare sur nos écrans.

En fin de compte, Hubert Charuel accouche, avec Petit Paysan, d'un film malin, un film de terroir qui, bien qu’empreint de fiction, fait écho dans son déroulé à des problématiques qui se sont déjà posées par le passé et qui, à la prochaine épidémie, se poseront de nouveau à un certain nombre d’éleveurs. Le réalisateur – c’est assez rare, au cinéma, pour être noté – jouit de par ses origines sociales d’une légitimité incontestable pour aborder ces thématiques, et c’est appréciable.

4 étoiles sur 5.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 13:53.
Pierre Marcellesi
Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

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