Aubervilliers : la grenade, nouvelle arme urbaine

Capture d'écran © CNews
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La scène a eu lieu ce jeudi soir, vers 20h30 à Aubervilliers, à quelques kilomètres de la capitale. Une grenade a été lancée en pleine voie publique depuis un scooter, au croisement des rues Heurtault et Moutier. Deux blessés graves sont à déplorer. Un cycliste de 40 ans a eu le bras arraché et souffre d’importantes plaies au visage. Il a été transporté à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, son pronostic vital est engagé. La seconde victime, une femme de 51 ans qui était située sur le trottoir opposé, « souffre d’une fracture du doigt », indique le procureur de Bobigny, Éric Mathais. Les auteurs de l’agression, toujours recherchés à l’heure actuelle, ont pris la fuite à bord d'un maxi-scooter Yamaha™ T-Max™.

L’explosion a, également, provoqué plusieurs dégâts non corporels sur des véhicules stationnés à proximité - vitres brisées, pneu crevé, trous dans la carrosserie - ainsi que sur la façade et à l’intérieur d’un restaurant, selon le procureur. La grenade employée, de facture yougoslave, est une grenade défensive de type M52, un modèle particulièrement dangereux et bien connu des policiers de Seine-Saint-Denis, qui s’inquiètent de voir de telles armes de guerre, interdites à l'acquisition et à la détention, proliférer sur le territoire national via les filières d’Europe de l’Est, notamment. Contacté, le commissariat d'Aubervilliers n'a pas répondu à nos questions.

Un quartier connu pour trafic de stupéfiants

Selon des sources policières citées par Le Monde, ce quartier est connu pour trafic de stupéfiants. Pour autant, l’emploi de grenades reste encore rare, selon Grégory Goupil, secrétaire régional du syndicat Alliance Police 93 et maire adjoint à la sécurité de Champigny-sur Marne, interrogé au micro de BFM TV. Voilà quelques semaines, un jet de grenade avait endommagé un hall d’immeuble à Bobigny, à près de sept kilomètres d'Aubervilliers. « Visiblement, ça circule aussi bien que les AK-47 sur un marché parallèle », poursuit Grégory Goupil, qui précise qu'une grenade est plus « compliquée à déceler » qu’une arme d’épaule.

S’agissait-il d’un règlement de comptes ou d’un pur acte de barbarie gratuit ?

Une semaine auparavant, selon Le Dauphiné libéré, Mehdi Bounenouane, un homme « hautement impliqué dans le trafic de stupéfiants », avait été tué par balle à Dugny, au nord d'Aubervilliers. À Sevran, deux fusillades avait éclaté, suite aux actions policières dans le cadre des opérations « Place nette XXL » visant à démanteler les trafic de stupéfiants dans l’ensemble du département. En trois semaines d’opérations, 931 personnes ont été placées en garde à vue et une cinquantaine d’armes saisies, rapportait le préfet de Paris, Laurent Nuñez, au micro de France Inter, le 19 avril dernier.

La Seine-Saint-Denis et l'insécurité

Le département de la Seine-Saint-Denis est l’un des plus violents de France : homicides volontaires, fusillades, trafics de stupéfiants, les causes d’insécurité sont nombreuses. Selon l’INSEE, en 2023, le taux annuel des « autres coups et blessures volontaires » s’élevait à 4,1 %. Un chiffre qui classe le département dans le Top cinq des départements les plus dangereux, Mayotte occupant la première position (5,4 %). En 2022, la Seine-Saint-Denis a l’une des densités carcérales les plus élevées : le rapport entre le nombre de places occupées et le nombre de places disponibles en établissement pénitentiaire atteint 174 %, selon l'INSEE.

Anna Morel
Anna Morel
Journaliste stagiaire. Master en relations internationales.

Vos commentaires

31 commentaires

  1. Est e qu’un jet de grenade défensif est un motif réel et sérieux pour organiser marche blanche ? Sachant qu’il n’y a que des blessés

  2. Si le trafic des stupéfiants se règle à la grenade, il faut espérer que cette fois le gouvernement va prendre des dispositions urgentes et encore plus sécuriser les JO. Mais dans quel monde nous fait t’on vivre.

  3. quelle naïveté ; èvidement,

    quelle naïveté ! les grenades, bien sûr : souvenez vous de l’algèrie, on y est , bientôt..

  4. Et dans le ,même temps « notre » ministre de l’Intérieur se lance :
    – dans une collecte nationale d’arme auprès des français, j’allais dire de souche, car je vois mal les habitants de certains quartiers, même français, rendre les armes automatiques en leur possession,
    – dans la remise en cause du port d’un couteau, même un Opinel ou un Laguiole.
    Logique dans notre société apaisée de retirer les moyens d’auto-défense et laisser toute liberté aux trafiquants d’être armé.
    Et si nous lancions un procès pour forfaiture auprès de nos ministres de l’Intérieur, de la Justice, notre premier ministre au au chef d’orchestre de cette pétaudière, le président de la République ?

  5. « des policiers de Seine-Saint-Denis qui s’inquiètent de voir de telles armes de guerre, interdites à l’acquisition et à la détention, proliférer sur le territoire national ». Surprise! La législation française, quasiment négative sur les armes, ne concerne que les autochtones respectueux de la loi. Pour les autres, ils obéissent à une autre loi, celle de la jungle, à laquelle ne veulent à aucun prix se frotter nos autorités. Cela s’appelle une partition et c’est de notoriété publique

  6. Vite, vite, faisons entrer tous les territoires mafieux issus de l’ex-Yougoslavie dans l’Europe, pour permettre aux protagonistes du vivre-ensemble de s’exprimer plus efficacement dans notre vie quotidienne. Appeler mortiers ces espèces de pétards de 14 juillet, c’était vraiment exagéré, mais maintenant on va pouvoir passer à quelque chose de plus sérieux …

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