Relations franco-allemandes : de plus en plus d’eau dans le gaz !

olaf scholz

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le couple franco-allemand fut une nécessité. Après la réunification des deux Allemagnes, il devint une menace pour la France, que François Mitterrand tenta de contrecarrer avec la création de cet euro, monnaie européenne censée éviter à Berlin de reprendre la main sur le Vieux Continent. Aujourd’hui, le couple en question n’est plus qu’une fiction, passée des espoirs d’antan aux actuelles désillusions.

Nonobstant les soubresauts de l’Histoire, la géopolitique et, surtout, la géographie ont depuis longtemps repris leurs droits et il n’y a plus guère que l’Élysée pour faire encore semblant de croire que ce couple en est toujours un. Car depuis, les rapports de force se sont inversés. De nain politique, quoique géant économique, l’Allemagne est désormais devenue championne en ces deux domaines. Dans les couples, il y a souvent un cocu. La France, donc.

Et Jean Quatremer, journaliste à Libération et un des meilleurs connaisseurs des arcanes européennes, de citer un diplomate français, au lendemain du retrait de la chancelière Angela Merkel : « À chaque changement de gouvernement allemand, on revient au point de départ. Il faut le temps que Berlin admette que, seul, il ne peut rien. »

Pourtant, voilà qui n’a pas empêché Olaf Scholz, le nouveau chancelier, d’ajourner le Conseil des ministres franco-allemand, pourtant prévu à Fontainebleau la semaine prochaine, à une date ultérieure. Soit, selon la même source, « un signal politique d’autant plus désastreux qu’il intervient à la veille du sommet européen de ces jeudi et vendredi censé enfin apporter une réponse à la flambée des prix du gaz et de l’électricité ».

Mais il est vrai que l’Allemagne, jouant cavalier de plus en plus seul, semble tenir pour quantité négligeable les avis de ses « partenaires européens », dont la France, l’Espagne et le Portugal qui entendent revenir sur « ce système baroque [même Libération en convient, NDLR] mis en place lors de la l’ouverture à la concurrence du marché de l’énergie », à cause duquel « le prix de l’électricité dépend de la dernière centrale mise en marche (charbon ou gaz) pour répondre à la demande afin de pousser les acteurs de l’énergie à investir dans le renouvelable, moins polluant et moins cher ».

Tout cela était certes bien beau ; au moins vu de Berlin : la France, de fait, ne pouvait plus vendre à bon marché son électricité fournie par le nucléaire tout en se trouvant sommée de polluer nos paysages à grands coups d’éoliennes, tandis que Berlin - Jean Quatremer dixit -, « certain de son modèle de dépendance au gaz russe bon marché, de sortie du nucléaire et d’investissements massifs dans le renouvelable », continuait de dicter sa loi, fort qu’il était du soutien de l’Allemande Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne.

Seulement voilà, le gaz russe ne coule plus comme naguère, pour cause de guerre en Ukraine. Et maintenant qu’Olaf Scholz commence à changer son fusil d’épaule, Ursula von der Leyen esquisse une possible réforme du marché européen de l’énergie à l’horizon 2023. Pour redonner un nouvel élan à la construction européenne ? Pas du tout, cette démarche ayant manifestement plus à voir avec la survie de la puissante industrie allemande dont le moins qu’on puisse prétendre est qu’elle n’a plus le lustre de jadis : « Outre-Rhin, la forte dépendance au gaz russe des entreprises est profondément remise en cause par la crise énergétique, qui entraîne une violente hausse des prix et des dépôts de bilan en cascade », toujours selon Jean Quatremer ; et ce, surtout dans ces petites et moyennes entreprises faisant la richesse industrielle de notre voisin.

Bref, une fois de plus, si les instances européennes changent de stratégie, ce sera pour satisfaire aux exigences de la puissante Allemagne et non point à celles de la France, éternelle oubliée de ce couple qui n’en fut jamais vraiment un. Quant à l’Europe, c’est à croire qu’il s’agit du dernier souci de la Commission européenne.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 22/10/2022 à 7:55.
Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

48 commentaires

  1. Il n’y a jamais eu de couple franco allemand, c’est un leurre…..S’il y a eu couple ce n’est pas la France qui a porté la culotte !! L’un l’All. est riche et fait ce qu’il veut, et l’autre est endetté comme nul autre donc dépendant, soumis, et à terme plus du tout maître chez lui. La France risque bientôt de recevoir les Huissiers !…Obligé aux éoliennes, de fermer ses Centrales Nucléaires, de payer des taxes, etc….

  2.  » Quant à l’Europe, c’est à croire qu’il s’agit du dernier souci de la Commission européenne. » Il faudrait ouvrir les yeux. Il y a longtemps que la capitale de l’Europe a déménagé de Bruxelles à Berlin. Il y a longtemps que la sacro-sainte concurrence loyale, catéchisme de la Commission, est au service des intérêts allemands. Ex. : le prix européen de l’électricité, dont le seul but est de supprimer l’avantage français d’une électricité à moitié prix. Et la France, toujours soumise, a accepté sans rien dire. Pire, elle est obligée de vendre son électricité au prix de reviens à des entreprises allemandes qui la revendent le double, au prix du marché. Bravo l’arnaque. Le frexit devient plus qu’urgent.

  3. Cette pseudo brouille est feinte. Pour détourner le regard brouillé des électeurs par autant d’erreurs commises par l’Europe germanisée …Énergies, indépendance…
    La France est économiquement et désormais politiquement soumise à l’Allemagne sur ordre des USA par OTAN interposée et «grâce à» Macron et à son rêve irresponsable mondialiste et multiculturel.
    Mais que dira la macronie si le jour vient peut-être où les guerriers allemands anti-russes type Vanderleyen seront attaqués et où les USA resteront planqués derrière nous en nous obligeant à les défendre. … puisque depuis 1945 ils n’ont heureusement plus d’armée officielle.
    Où sont souverainisme et sécurité du peuple français qui a déjà tant souffert à-cause de cette Allemagne réunifiée et donc redevenue dangereuse ? … Cette Allemagne qui a refusé de soutenir la France au Sahel…
    L‘Europe l’Europe, l’Europe… La honte.

  4. L’UE est allemande , la présidente de commission est allemande , la BCE est en allemagne et l’euro a été accepté des allemands que si il était étalonné sur le mark et pour terminer ce pays est le représentant des US en europe .

  5. Cela fait 25 ans que la France est cocue et qu’elle paie la chambre !
    Il serait temps qu’elle s’en aperçoive.
    La CE est gouvernée depuis Berlin. Ursula ne parle pas elle-même, il y a un ventriloque à Berlin qui parle à sa place.
    L’hégémonie allemande sur l’UE est insupportable.

  6. Pour lever la tête nous devons:
    1 retrouver notre indépendance énergétique en remettant en route notre nucléaire civile.
    2 retrouver notre indépendance militaire en déployant notre artillerie nucléaire tactique, Pluton.et Hadès et tant pis si leur portée depuis nos frontières sont en dessous de 200km.

    • d’accord avec vous mais vu le chef de guerre qui commande, ce n’est pas demain. pour lui c’est l’europe avant tout et la France…………

  7. Les avis et discussions tournent en vase clos.Pour pouvoir juger d’une affaire encore faut-il entendre les points de vue des deux parties, la presse allemande donne un tout autre point de vue de ce qui est affirmé sur ce site, concernant les résultats du sommet européen, lisez aussi, au besoin avec l’aide de Google traduction les articles parus sur die Welt, FAZ, et Spiegel. Concernant la volonté d’imposer un plafond au prix du gaz, il ne faut pas jouer au tarzan, que feront les industriels s’ils ne trouvent pas de fournisseurs au prix qu’ils ont rêvé?
    Par ailleurs il ne faut pas tout mettre sur le dos de l’Euro qui rappelons-le a été instauré sur exigence de Mitterrand, et non des Allemands. Les problèmes viennent aussi du fait que les investisseurs aussi bien en France qu’au Royaume-Uni qui n’est pas dans l’Euro ont davantage misé sur la Finance et la spéculation plutôt que sur les usines:pas d’ouvriers, pas de syndicats….pas de grèves. Par contre il y a bien des investisseurs industriels comme Bernard Arnault, l’homme le plus riche d’Europe qui s’en sont bien sortis…cherchez l’erreur.

  8. Il y en a qui s’accrochent à leur rêve et il y en a qui se raccrochent à leur rêve quitte à se prostituer pour croire que ça va marcher…
    Nous avons une « chance pour la France » qui gouverne avec des cauchemars qui ne font surtout pas rêver les français.
    L’indécence de ces zélites est de croire que seul leur nombril a le droit d’exister et qui refusent obstinément la dictature que nous impose une ovni non élue, la sinistre vanderlayen.
    Ce pauvre macron, couvert de ridicule ose encore nous dire : « notre Europe », preuve qu’il n’écoute pas son peuple qui lui n’en veut plus (sous cette forme). Même mis au pied du mur de la honte par les allemands il continue à gesticuler pour croire qu’il existe encore et qu’il deviendra, plus tard, le grand vizir européen !

    • Ach ! L’amour… Emmanuel a longtemps regardé l’Allemagne avec les yeux de Chimène, poursuivant ses chimères. Macron pleure sur son amour déçu, la belle « Verlobte », qui au fond ne l’a jamais aimé. On dit bien que l’amour est comme une auberge espagnole, on y mange que ce que l’on y apporte. Et comme nous le savons tous (sauf Emmanuel), aimer c’est regarder ensemble dans la même direction.
      Les élites françaises rêvent uniquement d’Europe au détriment même de la France qu’elles sacrifient consciencieusement depuis des décennies au profit de l’idéologie européiste et de ce rêve de voir, un jour, émerger, les États-Unis d’Europe !
      En Allemagne, on se sert de l’Europe seulement comme d’un outil de puissance et de domination économique au seul profit de l’Allemagne.
      Dans les élites françaises, c’est le déni, on ne veut point voir la réalité (comme d’habitude)
      Ach ! Que la France est naïve !

  9. De Mitterrand à Macron on a constaté la déplorable inculture économique française, des présidents français plus soucieux d’une Europe utopique et de plaire à l’Allemagne que du peuple français. Une lubie « universaliste » et socialiste qui conduit au sacrifice des siens (mais pas le leur) au bénéfice des autres.

  10. Dans quelques mois, 6 tout au plus. Notre pays s’effondrera si nous ne sortons pas du système de fixation européen des prix de l’énergie.
    Il faut le faire, car le « bouclier tarifaire », creuse réellement le déficit parce que nous nous imposons des prix virtuels qu’il suffit de changer d’un simple trait de plume appelé décret. Il suffit de dire que le prix est de 50 euros le Mgw au lieu de 1 000 et le tour est joué.
    Un décret, une simple décision suffisent !
    Tant que nous ne décidons pas pour nous, nous laissons l’Allemagne nous dicter notre avenir. Et l’avenir que l’Allemagne nous impose est celui de l’effondrement. Elle veut une France faible pour rester maître de l’Europe.
    Aucune de nos entreprises, aucune de nos écoles, fac ou centres de formations, aucune de nos communes ne pourra tenir plus de 6 mois avec des prix multipliés par 30 ou même par 10. Ce n’est plus une question d’idéologie européenne ou anti-européenne.
    C’est une question de vie ou de mort.
    Pour la première fois depuis la seconde mondiale, l’Allemagne d’Olaf menace les intérêts vitaux de la nation française. C’est une erreur historique majeure de la part de l’Allemagne qui avait l’immense chance d’avoir une élite française d’une naïveté incroyable.
    L’Allemagne a voulu aller trop loin, et même le président Macron, européiste convaincu, sait que notre économie s’effondrera si nous suivons la voie tracée par l’Allemagne.

    Les européistes français, devenus des europathes, qui ne peuvent changer de logiciel, car formaté au biberon de l’Europe depuis leur naissance, vont entraîner la chute du pays et même de l’Europe dont ils rêvaient.
    Tout cela va impliquer beaucoup de souffrances pour notre pays et notre population.
    Le peuple français est généreux et peut se montrer parfois fort, mais il est, hélas, dirigé par des ânes.

      • Il faut reconnaître qu’ils ont subi un lavage de cerveau des plus intense pendant des années. Peut-être un jour bougeront-ils, ou plutôt seront-ils obligés de bouger devant la réalité des choses. Espérons que ce ne sera pas trop tard…

  11. « l….a France, éternelle oubliée de ce couple qui n’en fut jamais vraiment un. » La faute à qui ? Primo à nos présidents successifs incapables de laisser la France prendre la tête cette institution qu’est la Communauté Européenne, deuxio le Traité de Maastrich, traité ô combien scélérat signé par un président qui n’aurait jamais dû l’être. La fin de la souveraineté monétaire de chaque pays européen, avec cette monnaie de singe qu’est l’Euro, maintenant à la botte du US$.

  12. Les allemands sont des épiciers. Ils ont été infoutu de participer aux combats contre le terrorisme islamique et laisser les soldats français se faire tuer.

  13.  Macron ou le cocu magnifique.
    L’Allemagne est connue pour acheter du matériel américain depuis des années, et ce au détriment du matériel européen, français en particulier.
    Le projet de bouclier antimissile allemand (European Sky Shield Initiative) a rallié 14 pays européens de l’OTAN (Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, Norvège, Finlande, Bulgarie, Roumanie, République tchèque, Estonie, Lettonie, Lituanie, Slovaquie, Slovénie, et Hongrie). Cet équipement serait israélien (Arrow 3) et américain (Patriot).
    C’est un camouflet pour Paris qui n’en fait pas partie. Pourtant, la France et l’Italie développent ensemble un système antimissile avec le SAMP/T (MAMBA).
    La liste des pays participants au bouclier antimissile allemand est d’ailleurs en soi révélatrice : des pays nordiques et d’Europe centrale qui sont sous l’influence politique et économique de Berlin. La capacité de Berlin de fédérer un nombre non négligeable de pays autour de son projet, et ce, en période de crise, montre la force de sa diplomatie. Et la faiblesse de celle de la France de Macron. De fait, l’Europe politique et industrielle est allemande.

  14. Depuis Giscard, la France s’en va par morceaux. Ça s’accélère tout simplement avec l’accord des veaux.

  15. Si je comprends bien nous venons de découvrir l’eau chaude ! Cela fait des décennies que l’allemagne nous mène par le bout du nez et nous le découvrons aujourd’hui ! Vu la rapidité d’esprit des français qui en ont encore un, parce qu’une grande partie de la population s’en contrefiche, seul le social et autres avantages les intéressent, après nous les mouches, ce n’est pas demain que nous changerons quelque chose dans ce pays.
    Voyez ou est le regard des français en cette période, je ne vais pas me répéter, vous suivez ?
    Ne donnons-nous pas en ce moment du gaz aux allemands, 5% je crois me souvenir, en vue d’un hypothétique retour sur une électricité produite par des centrales à charbon ! Mais je crois que se sont ces mêmes personnes qui nous donnent des leçons d’écologie ?

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