Omar Raddad innocent ?

©YannCaradec
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Omar Raddad, jardinier de Mme Marchal, a été déclaré coupable de meurtre en 1994. Cette culpabilité est, pour l’instant, une vérité judiciaire, nullement altérée par la grâce partielle dont il a bénéficié, quelques années plus tard. L’affaire Raddad a défrayé la chronique à partir de juin 1991, lorsque le corps de Ghislaine Marchal a été retrouvé dans sa villa de Mougins aux côtés d’une inscription en lettres de sang devenue célèbre : « Omar m’a tuer. »

L’homme a toujours clamé son innocence. L’instruction, longue et minutieuse, laisse un goût d’inachevé. Le procès, début 1994, a mis en scène les ténors du barreau, notamment Jacques Vergès, pour la défense, et Henri Leclerc, pour la famille. Reconnu coupable avec circonstances atténuantes, Omar Raddad a été condamné à 18 ans de réclusion.

L’affaire a déchaîné les passions, comme souvent dans les causes criminelles célèbres. Mais jusqu’à ce jour, la Justice n’est jamais revenue sur le verdict de culpabilité. Peut-être le fera-t-elle en considération de nouveaux éléments scientifiques que la défense du jardinier a mis en avant pour présenter une nouvelle demande de révision.

Une nouvelle analyse des lettres de sang aurait démontré la présence de trente traces d’ADN différentes de celui du meurtrier, ce qui, selon son avocat, permettrait de disculper son client en écartant toute possibilité de pollution accidentelle ultérieure. La commission de révision, saisie d’une demande, devra donc se prononcer et décider si ces éléments nouveaux sont de nature à jeter un doute sérieux justifiant un nouveau procès.

Il est à l’honneur de notre système judiciaire de permettre la révision d’un procès lorsque, des années plus tard, de nouvelles révélations permettent de mettre en cause les conclusions initiales. Cette procédure très ancienne instituée par Louis XIV, éclipsée - pour les raisons qu’on imagine - sous la Révolution, n’a jamais été remise en cause et a permis, dans un certain nombre d’affaires célèbres, de laver l’honneur de condamnés, même post mortem.

C’est par elle que le capitaine Dreyfus, en 1906, a été innocenté du crime dont il avait été déclaré coupable douze ans auparavant. Baudelaire, condamné pour outrage aux bonnes mœurs en 1857 pour Les Fleurs du mal, Patrick Dils, condamné à la réclusion à perpétuité en 1989 pour meurtres, Marc Machin, également condamné pour meurtre, en ont bénéficié.

La révision d’un procès présente cependant un caractère exceptionnel. Les descendants de Guillaume Seznec n’ont, par exemple, jamais obtenu satisfaction.

Aucun pronostic n’est possible dans le cas d’Omar Raddad. Les partisans de son innocence sont aussi nombreux et ont des arguments aussi pertinents que les tenants de sa culpabilité. Reste un principe fondamental : même après des décennies, la reconnaissance de ce que la justice des hommes s’est trompée est un événement majeur, un acte qui grandit un système judiciaire souvent décrié pour ses faiblesses, ses lenteurs et ses complaisances.

Omar Raddad est-il coupable ? Lui seul le sait.

Raddad innocent ? Et pourquoi pas ?

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