Nabilla ne s’est pas grandie à vomir sur Mila…

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Vous connaissez Twitter. Lorsque votre courte prose est, par miracle, retweetée quelques centaines de fois, vous vous imaginez avoir pondu la saillie - la punchline, comme on dit pour faire chic - du siècle : ciselée, spirituelle, synthétique, percutante. Jamais vous ne vous êtes senti aussi délié intellectuellement. Il faut dire que vous avez transpiré sur la syntaxe et pesé tous vos mots.

Puis arrive Nabilla. Et d’un coup, vous renouez avec l’humilité. La dame compte 2.709.000 followers. Son tweet sur Mila a été relayé plus de 83.000 fois. Et quel tweet... Pour commenter l’annonce faite par Le Quotidien de son interview exclusive, Nabilla s’est contentée du même émoji, aligné quatre fois : celui qui vomit, les yeux fermés de dégoût, des flots de bile verte. Amis de la poésie, de la pensée complexe et du trait d’esprit, bonsoir. Notez que la concision portée à un tel niveau de perfection évite les fautes d’orthographe. Et que le rapport coût/efficacité est imbattable.

Lors d'un passage récent sur Clique TV, elle a évoqué ses débuts : « À l’époque j’avais pas mal de lacunes. J’avais un manque de culture, mais au lieu de cacher, j’ai préférer en jouer. »

De l’usage de l’imparfait, on déduit que tout cela a été comblé, et que c’est à présent l’inverse : elle est désormais cultivée, mais elle le cache (bien) plutôt que d’en jouer. Même le rappeur Booba, par son tweet « La liberté d’expression c’est pour les cons » (retweeté 70.000 fois), à la philosophie sous-jacente passablement inquiétante, s’est donné au moins la peine d'une rime.

Évidemment, on aurait pu attendre un peu d’humanité, et a minima le silence, de la part de celle qui a fait douloureusement l’expérience du lynchage sur les réseaux sociaux… et pour des faits autrement plus graves que les mots d’une gamine - certes très grossiers, on peut le déplorer, mais pas s’en étonner quand l’exemple est donné par les adultes dans tant de médias et encore, récemment, par un chroniqueur de France Inter qui savait, lui, qu’il ne risquerait pas pire danger qu'un signalement au CSA.

Évidemment, on aurait pu espérer d’une femme adulte et « influenceuse » un peu de responsabilité, et la volonté de calmer le jeu plutôt que de jeter des bidons d’huile sur le feu. Ignore-t-elle que, dans un pays où ils feraient la loi, les islamistes les plus acharnés contre Mila ne lui réserveraient pas, à elle, Nabilla, sort tellement plus rassurant, au vu de ses bruyantes frasques, du déploiement massif de ses appas et de ses lourds artifices de beauté ?

Les jolies filles d’autrefois qui s’élevaient dans la société s’appliquaient à parler pointu et à boire leur tasse de thé le petit doigt en l'air pour avoir l'air distingué. Et puis aussi à faire la charité, comme les grandes dames. Mais Nabilla n’est pas une grande dame, elle vient de le montrer. Elle vomit sur ceux que l’on menace de tuer. Lance sa pierre contre ceux qui se font lyncher. La question est de savoir quel public elle entend, par cette petitesse pyromane, ainsi ménager ?

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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