Mélenchon a détesté le couronnement de Charles III

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Un couronnement, c'est comme un mariage : c'est l'occasion, pour les petits esprits, d'utiliser un jour heureux pour médire à tort et à travers. Une commentatrice s'est par exemple désolée, à la BBC, que la famille royale soit « terriblement blanche ». D'autres pourront trouver que, malgré un scrupuleux respect du protocole, cette cérémonie était un peu cheap, un peu trop volontairement diversitaire, trop longue, trop courte ou que sais-je encore.

Du côté des grincheux, il y a toujours une place pour Jean-Luc Mélenchon. Et si on agite devant lui, en plus de son tempérament naturellement atrabilaire, la vision d'un roi, on sait qu'on ne sera pas déçu par sa réaction. Or, donc, le maître a critiqué les « sirops dégoûtants de la monarchie » et le roi Charles lui-même : « Ce cinéma avec cet homme couvert de déguisement, de bijoux et de pierres précieuses a quelque chose d'écœurant. » Il a cité Saint-Just et Robespierre, évidemment, et son âme damnée, l'élégant Alexis Corbière, a rappelé que (selon lui, probablement), « nous, Français [étions] républicains car la monarchie [était] une aberration antidémocratique ».

La haine de la beauté, c'est très LFI, ça. La haine du sacré aussi. Depuis 1789, la France n'a rien su faire d'autre que profaner, salir, abaisser, dépouiller. Les inspirateurs de Mélenchon, Saint-Just et Robespierre notamment, étaient des psychopathes qui employaient des monstres. On peut, par exemple, lire à ce sujet l'excellent ouvrage de Joachim Boufflet, Le Charnier de la République, paru dernièrement chez Salvator. Sa galerie de portraits, minutieusement documentée, donne bien davantage envie de vomir que les « sirops » de la monarchie. Quant à la monarchie (surtout constitutionnelle !) en tant qu'aberration antidémocratique, on n'entrera pas dans le détail, mais c'est d'une stupidité remarquable.

Ce qui est drôle, c'est que les sans-culottes d'hier comme d'aujourd'hui salissent tout ce qui est grand mais n'ont, curieusement, pas la même dérision et la même haine des symboles quand il s'agit de leur propre camp. Les révolutionnaires plantaient des « arbres de la liberté » dans tous les villages. À Bédoin (Vaucluse), en l'an II de la République, 63 villageois furent exécutés légalement, 500 maisons rasées et la terre stérilisée au sel parce que personne n'avait dénoncé ceux qui avaient arraché ledit arbre. On ne rigole pas avec la liberté et la démocratie. Il y a des symboles plus sacrés, chez ces gens-là, que les pierres précieuses d'un monarque. Mélenchon a gardé le système de pensée de ses grands prédécesseurs.

C'est la même hypocrisie quand il s'agit des « déguisements ». Porter une couronne et un manteau quand on est roi, c'est forcément ridicule. Mais porter des coltins en velours côtelé pour jouer au paysan d'autrefois devant des bobos qui n'ont jamais vu un tracteur, c'est chic. Être oint par un évêque, c'est une vision ridicule de l'Histoire. Mais arborer un triangle rouge à son revers, comme si on était un détenu politique dans un camp de concentration, ce n'est pas obscène. Quant à l'aveuglement face à la situation politique, ce n'est, à ce stade, pas surprenant, et même presque drôle. La monarchie est une aberration antidémocratique, mais le communisme, ce sont les jours heureux. Et se prendre pour Che Guevara quand on a été sénateur, se faire l'avocat des pauvres quand on va toucher des milliers d'euros de retraite, c'est quel niveau de « sirop dégoûtant » ? On ne sait pas.

En octobre 2018, Mélenchon avait reçu un chef amazonien qui luttait contre la déforestation. L'homme était arrivé avec un collier traditionnel et un couvre-chef en feuilles assez imposant. Mélenchon ne trouvait pas ça ridicule. Et l'idée qu'il existe encore au XXIe siècle un chef de tribu, probablement pas élu au suffrage universel, n'avait pas semblé le défriser. Comme quoi... En fin de compte, ce que ces gens détestent, d'une haine qui relève presque de la haine du diable pour le Bon Dieu, c'est tout simplement la grandeur, le sacré ; en un mot, toutes les formes de la beauté. « Profonde est la haine qui brûle contre la beauté dans les cœurs abjects », dit le narrateur de Sur les falaises de marbre, d'Ernst Jünger. Pas mieux.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

39 commentaires

  1. Il faut enseigner à mr Mélanchon que tout est relatif et lui apprendre que son personnage qui a beaucoup de privilèges paraît aussi «  dégoulinant de fric » aux gens de ma catégorie sociale que le roi d’Angleterre a son niveau. En effet Mr Mêlanchon est très loin de la pauvreté et son sens du partage peu développé.
    En outre les bijoux sont ceux de la couronne et n’appartiennent pas à la famille royale et pour cette cérémonie le budget a été sérieusement étudié à la baisse. De plus ces manifestations rapportent à la couronne et les souvenirs vendus ne sont pas négligeables.
    Bref les sentiments révolutionnaires du sans culotte Mélanchon sont grossiers autant qu’inexacts et mal venus et Robespierre le sanguinaire n’est pas un parangon de vertu.

    • Si sa Majesté Macron n’était pas allée au couronnement, il y aurait eu une petite économie pour la couronne britannique!

  2. Royaliste de conviction, je rappelle à Mélanchon que tout ce qui fut et est grand en France, nous le devons à nos Rois et non aux sociopathes de 1789.

  3. cet ir-responsable politique ne serait admiratif que de son seul couronnement …. Le reste, l’intérêt de la nation, du monde, il s’en fiche …. royalement ! On se demande pourquoi les médias parlent encore de ce sinistre personnage, chantre de l’appel à la haine ?

  4. Critique facile de la part de Mélenchon, c’est vrai que ce couronnement était quelque peu ridicule d’un certain point de vue. Mais, surtout, je regrette que Charles n’ait pas eu la sagesse de laisser sa place à son fils. Cette vision de Charles et Camilla avait quelque chose d’obscène quand on réfléchit à tout ce qui s’est passé avant. Le jeune nouveau roi ne se serait pas traîné toutes les casseroles que le vieux roi se traîne et ça n’en aurait été que mieux pour la monarchie mais vanité, quand tu nous tiens. Et puis, si on creuse un peu plus, si tout ceci n’était que simagrées face à un pays qui compte 40 % d’étrangers à Londres, ville ayant un maire musulman, et pays un premier ministre issu de l’immigration ?
    Ce couronnement ne sentait pas l’espoir mais la fin.

    • Ne prenez pas vos désirs pour des réalités quant à la disparition de la monarchie anglaise..
      Ensuite si on a quelques références historiques on comprend mieux la portée et la valeur des traditions. Un roi n’est pas un parvenu du pouvoir élu comme en république, on peut le regretter mais pas critiquer le fait qu’il est dépositaire d’un devoir ce qu’a bien expliqué la défunte reine à ses débuts. Vieux malade et diminué par il doit. «  faire le job », passer le flambeau par commodité ou convenance est exclu.
      Enfin c’est l’occasion de rassembler tout le monde et vous semblez oublier l’importance du Commonwealth.

  5. Quand va-t-on se décider à obliger ce détraqué à rejoindre l’Ehpad le plus proche ?…

  6. Au fait si Mélenchon critique ce couronnement c’est qu’il l’a regardé CQFD. S’il avait fait comme moi de boycotter une cérémonie qui ne nous concerne pas il aurait fermé sa grande bouche. (je reste poli)

  7. Je déteste Mélenchon et encore plus le couronnement d’un multi milliardaire stupide et inutile qui nous bassine avec ses analyses écolos-bobs-imbéciles , qui veut nous enfermer dans tout ce qu’il refuse et dont les fréquentations sont plus que douteuses. Ras le bol de ces personnages anachroniques et manipulateurs.

  8. Si ce n’était pas encore compris par certains, Mélenchon affiche sa personnalité de petit dictateur. Car si le Royaume Uni a sauvegardé sa monarchie c’est par la volonté de sa population. Mélenchon déteste donc ce peuple qui décide et soutient son choix . Transposez en France. Mélenchon déteste ces français qui ne soutiennent pas sa doctrine d’ultra-gauche, autrement dit, l’essentiel des français. Les dictateurs ont toujours le verbe haut exalté qui suscite l’admiration puis la soumission.

  9. Tous ces symboles du pouvoirs de droite comme de gauche du milieu du haut ou du bas, sont signes de violence et d’asservissement consentis ou de soumission. Alors le roi d’Angleterre je m’en contrefout. Je serais plus choqué par cet épandage de richesses et les commentaires dégoulinants.

  10. Mélenchon lui , il adore Castro et Chavez , il en fait l’éloge sous la statue de Simon Bolivar. Castro et Chavez deux grands démocrates comme chacun le sait. A tout prendre je préférerai un roi Charles qu’un Castro ou un Chavez .

  11. Si je suis royaliste, ce n’est pas à cause des fastes Windsor & C° mais pour le bien de mon pays. Il n’est pas inutile de rappeler que depuis 89 celui-ci a été envahi 5 fois, ce qui n’était pas arrivé depuis Jeanne d’Arc , et que l’on assiste en ce moment à la 6ième invasion . Vive la République peut-être mais lorsqu’un étranger vient voir notre hexagone c’est pour découvrir les merveilles d’un passé princier ou royal.

  12. Que ce « robespierriste » se méfie car Robespierre et Saint-Just ont mal terminés !

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