L'Institut de sciences sociales économiques et politiques (ISSEP) va ouvrir une antenne en Espagne. Sa directrice générale, Marion Maréchal, s'en explique au micro de Boulevard Voltaire. L'occasion, pour elle, de donner son analyse sur les manifestations racialistes qui traversent les États-Unis mais aussi la France.

Après deux ans d’existence, l’ISSEP ouvre une antenne à Madrid. Pourquoi s’ouvrir à l’européen et pourquoi en Espagne ?

Nous continuons notre développement. La motivation qui nous a conduits à construire l’ISSEP, à savoir former une nouvelle élite au service de la nation et de la cité, est un besoin qui ne s’arrête pas à la France. Ce besoin est profond dans toute l’Europe de l’Ouest, et notamment en Espagne. Une équipe espagnole nous a demandé à pouvoir importer ce modèle chez eux. Nous avons pu aller au bout de la démarche. Aujourd’hui, l’ISSEP Madrid a ouvert ses portes. La première formation commencera dès septembre prochain.

Après deux ans d’existence, vous avez pu voir des étudiants « voler de leurs propres ailes » après la formation. L’ISSEP prépare-t-il à un métier intéressant, démontrant que la formation n’était pas une perte de temps pour les étudiants ?

Nous y sommes presque puisque nous proposons, en l’occurrence, un magistère en deux ans. La première promotion vient de passer ses examens et sortira très prochainement de ce magistère. Elle n’est donc pas encore lancée sur le marché du travail. Néanmoins, ils finissent leur programme avec un stage. Tous ont trouvé des stages dans des domaines très variés, parfois dans de grands groupes d’industrie de défense ou dans des collectivités territoriales. Nous avons même la chance que deux d’entre eux aient été pré-embauchés avant même de valider leur année dans le cadre du cabinet d’une intercommunalité. Jusqu’à présent, ce sont plutôt des succès.

Lorsqu’on voit l’actualité, c’est important de former une jeunesse. Cette génération est marquée par l’indigénisme et le communautarisme. Vous êtes, certes, retirée de la vie politique, mais cela ne vous empêche pas de donner votre avis sur l’actualité. Vous l’avez d’ailleurs fait ces derniers jours. Que vous inspire cette génération ?

Je pense d’autant plus pouvoir en parler puisque ce problème n’est pas totalement déconnecté de la question de l’enseignement supérieur. Précisément, toutes ces théories dites indigénistes, postcoloniales, de l’intersectionnalité, du privilège blanc, du racisme systémique des pays occidentaux sont, la plupart du temps, des théories importées des campus américains. Ils ont très largement contaminé à la fois l’Université française mais aussi de nombreuses grandes écoles qui ont contribué à former nos élites.
Si nous en sommes là aujourd’hui, c’est aussi parce que, depuis des années, cette petite musique est distillée de manière assez véhémente. La plupart des enseignants et des intellectuels réfractaires sont très souvent vilipendés, mis au ban ou menacés ou stoppés dans leur carrière. C’est, finalement, l’autocensure qui prévaut et l’incapacité d’organiser une contestation.

Un professeur américain d’université de comptabilité a été suspendu pour avoir refusé de surnoter ses étudiants noirs. Ce genre d’anecdote peut-il arriver en France ?

Ceux qui considèrent que tous les phénomènes que nous voyons aux États-Unis resteront aux États-Unis se trompent. Aujourd’hui, il y a un lit pour que tous ces phénomènes de discrimination et de racisme se développent en France. Nous en voyons déjà les prémices. Cette idée de discrimination positive a été acceptée en France sous Nicolas Sarkozy. Cette discrimination est peut-être positive pour les minorités qui en bénéficient. En revanche, elle est négative pour ceux qu’on exclut d’office.
Cette forme d’accélération du phénomène est assez ironique. Aujourd’hui, ces indigénistes, ces identitaires communautaires sont les enfants monstrueux de la gauche de SOS Racisme. D’une certaine manière, ils sont en train de tuer le père. Ils sont en train de tuer cette gauche républicaine et universaliste, cette gauche des Lumières qui se revendique de tous ces socialistes de la IIIe République. Ils sont en train de tuer ce courant. D’une certaine manière, dans le monde journalistique, la gauche regarde cela de manière effarée et a du mal à réagir. Elle voit bien que ce racialisme et ce communautarisme sont en contradiction avec la République universelle. Dans le même temps, ils ont du mal à se départir de cette directive habituelle qui consisterait à dire qu’il y aurait une forme de discrimination systémique en France à l’égard des minorités.

Vos propos ont fait réagir un ministre. Brune Poirson vous a dit que personne n’avait à s’excuser d’être blanc. En revanche, vous seriez responsable de jeter de l’huile sur le feu…

C’est la réponse habituelle de la place des gens au pouvoir. C’est exactement la même chose que sur le terrorisme et l’islam radical. On accuse toujours ceux qui alertent sur le développement de l’islam radical et alertent sur les menaces terroristes d’être ceux qui, en réalité, propagent la haine et alimentent ces menaces. On est exactement dans la même démarche.
Je crois qu’au contraire, il faut nommer les choses pour les dénoncer. J’ai fait cette vidéo précisément pour dénoncer cette tendance racialiste et pour dénoncer cette propension qu'ont ces militants politiques à vouloir tout lire et juger à l’aune de la couleur de peau des uns et des autres. Je trouve cette société injuste et dangereuse. Si Mme Poirson n’a rien compris, puisque derrière cette dénonciation du racisme d’État, il y a bien la dénonciation de l’État français dans son ensemble. Il y a donc la volonté d’imposer une responsabilité collective de l’Europe, de l’Occident, de la France et de son peuple historique à travers des événements passés pour les tétaniser et pour les forcer à admettre des avantages, des quotas et de la discrimination positive.

L’ISSEP ne fait en aucun cas de la discrimination de quelque nature que ce soit.

Absolument pas. Nous sélectionnons uniquement au mérite. Je pense que c’est la manière la plus juste de procéder et la plus valorisante pour tout le monde. Tous les Français, quels qu’ils soient et quelles que soient leur origine et leur couleur de peau, ont intérêt à ce que nous soyons dans un système qui ne se base pas sur les origines. Je trouve que c’est une très mauvaise lecture des choses. Étonnamment, la gauche devrait le comprendre. Les facteurs sociaux et culturels sont évidemment des facteurs déterminants. En toute honnêteté, est-ce qu’aujourd’hui, un Antillais en métropole a moins de chance de trouver un travail qu’un migrant roumain blanc ? Je n’en suis pas tout à fait convaincue.
Tout cela pour dire que les choses sont beaucoup plus complexes qu’elles n’y paraissent. Personnellement, je ne crois pas du tout que le peuple français soit un peuple raciste et que la politique de l’État française soit une politique raciste. Il faut refuser ce présupposé et refuser cet acte de contrition. Ces menaces viennent de groupes politiques. On n’est pas face à des groupes mus uniquement par de l’émotion spontanée. Ce sont des groupes politiques organisés et financés. Ce serait bien de se pencher pour savoir par qui ils sont financés. Il faut donc apporter une réponse ferme et politique.

Le 13 juin, on commémore les quatre ans de l’attentat de Magnanville où deux policiers ont perdu la vie suite à un attentat terroriste. C’est aussi la mort de Jean Raspail, qui annonçait la submersion de l’Occident. Et, enfin, la grande manifestation des défenseurs du clan Traoré. Il y a beaucoup de symbolique en une seule journée…

Il y a, en effet, un symbole très fort. À travers le décès de ces policiers, on se souvient qu’en réalité, les premières victimes des violences ne sont pas les victimes de racisme et les minorités comme on l’entend, mais ce sont les policiers eux-mêmes. Ce sont elles les personnes les plus agressées, molestées et insultées, souvent victimes de guets-apens, voire de tentatives de meurtre. La plupart du temps, les policiers n’osent même pas riposter avec leur arme, tellement ils craignent d’être sanctionnés ou jetés en pâture. Il faut rappeler cette vérité qui, pourtant, est une évidence. Manifestement, cette évidence n’est même pas reconnue par le ministre de l’Intérieur. C’est absolument désespérant.

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14 juin 2020 à 12:34

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