L’espoir déçu

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L’élection de 2016 avait constitué une surprise. Il faut, toutefois, se souvenir que Hillary Clinton avait mobilisé bien plus d’électeurs que son adversaire (66 millions contre 63), et que ce dernier l’avait emporté grâce au gain de quelques États qui lui avaient assuré une majorité de grands électeurs (304 contre 227). Le scrutin de 2020 supprime ce paradoxe aux yeux des Français qui oublient que les États-Unis sont une république fédérale et non une démocratie unitaire.

Biden a attiré 81 millions de suffrages, contre 74 pour le sortant républicain, tous deux bénéficiant d’un taux de participation inhabituel aux États-Unis. Le candidat démocrate obtient 306 grands électeurs, contre 232 à son rival. L’importance des votes par correspondance, qui sont interdits en France en raison des facilités qu’ils offrent à la fraude, et le basculement massif que leur prise en compte a opéré de façon décisive en faveur du vainqueur ont suscité de nombreux recours fondés sur plusieurs suspicions de tricheries diverses sur l’identité des votants, sur la véracité des bulletins et sur l’usage de l’informatique. La procédure de nomination du nouveau président s’est néanmoins poursuivie.

Deux hypothèses se font aujourd’hui face : soit le système, l'« establishment » qui a combattu Trump depuis son élection par pratiquement tous les moyens, est arrivé à ses fins, y compris en truquant les résultats du vote ; mais le danger qu’il y aurait à prolonger l’incertitude et les troubles pour le pays, et son image aux yeux du monde, est tel qu’il conduit l’ensemble de la classe politique à se rallier, depuis les républicains les moins « trumpistes » jusqu’à ses partisans qui ne tiennent pas à participer à un suicide collectif. Soit les efforts déployés par la quasi-totalité des médias et par l’opposition démocrate ont porté leurs fruits, avec deux alliés, le Covid-19, « divine surprise » qui a anéanti les succès économiques et sociaux du mandat en faisant remonter le chômage, et Trump lui-même, dont la gesticulation, certes caricaturée, a donné du grain à moudre à ses détracteurs. Il est probable que le sortant aurait été réélu en avril 2019 lorsqu’il caracolait en tête des sondages avec un chômage tombé à 3,6 %. Les 14,7 % de fin 2020 ont pesé sur l’électorat.

Le succès inattendu du bâtisseur new-yorkais avait soulevé un grand espoir. Il incarnait, comme d’autres responsables politiques réputés « populistes », la lutte contre le mondialisme et le progressisme, en un mot contre la décadence qui menace l’Occident. La hargne qui l’a poursuivi durant quatre ans, les accusations infondées, par exemple sur les liens avec la Russie, les tentatives de destitution qui se poursuivent encore en ce moment, la mobilisation des médias américains et occidentaux (à quelques exceptions près) ne peuvent qu’accréditer l’idée que le « complot » n’est pas un fantasme. Il y a, dans le monde, des forces qui conspirent à détruire les fondements de notre civilisation, le christianisme, une certaine idée de la nature humaine, la conception de la famille qui en résulte, les nations et leurs identités diverses qui en font la richesse. S’il y a bien des hypothèses extravagantes qui servent à disqualifier les « complotistes », cela n’empêche nullement de supposer l’existence de « comploteurs » au service d’intérêts et animés par une idéologie, qu’on peut identifier d’autant plus facilement qu’on les retrouve toujours non à la recherche du bien commun des nations mais favorables à une immigration qui les dilue, à la promotion des « avancées sociétales » qui détruisent la famille et les modèles qui ont constitué la solidité de nos sociétés.

Il y a, en Occident, une lutte ouverte entre les peuples qui veulent persévérer dans leur être et des oligarchies souvent corrompues qui les méprisent. Donald Trump avait soulevé l’espoir des premiers dans le pays le plus puissant du monde. Il était fascinant, aussi, de voir le populisme l’emporter dans le pays le plus avancé. Malheureusement, contrairement à Reagan, qui avait endossé la tenue du président au propre et au figuré, Donald Trump est resté lui-même, abordant la seconde élection comme la première, alors qu’il n’était plus un opposant mais un sortant porteur d’un bilan et revêtu d’une responsabilité. Le style de pirate à l’abordage doit alors être délaissé pour incarner celui de protecteur de la nation. Il n’y est pas parvenu.

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Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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