Isidore nous prend au mot… bonjour

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Mot qu’on emploie à toute heure du jour pour saluer quelqu’un. Autrement dit, une formule bienveillante pour accueillir, croiser ou rencontrer son prochain.

Mais méfiez-vous ! Le « bonjour » de la vendeuse n’est plus donné, aujourd’hui. En revanche, il vous est réclamé. Si vous interpellez un professionnel dans un lieu public et que vous commencez votre phrase par un autre terme que « bonjour », vous risquez fort de vous faire envoyer sur les roses.

En général, vous serez interrompu au milieu de votre phrase par un « bonjour » qui n’est pas des plus cordiaux mais qui ressemblera à l’aboiement d’un roquet. Exemple : « Pardon, Madame, pourriez-vous me dire où se trouvent les pantalons pour hommes, s’il vous plaît ? » Vous n’avez même pas eu le temps de dire s’il vous plaît. Vous avez été coupé. Eh oui, vous n’avez pas commencé par le mot magique, le sésame « bonjour ».

Pourtant, ce mot « bonjour » signifie bien que celui qui le prononce fait part à son interlocuteur de son souhait que sa journée se passe bien, et il fait ce vœu spontanément. Le bonjour est, par nature, gratuit, il n’a de sens que s’il vient du cœur et n’attend rien en retour. Le cœur ne calcule pas, ne règle pas des comptes.

Par ailleurs, aucune règle de savoir-vivre ne précise que les formules de politesse se réduisent à un seul mot pour s’adresser à quelqu’un. Un « s’il vous plaît », un « pardon » ne valent-ils pas un « bonjour » ? Ces mots ne vous semblent-ils pas aussi aimables, aussi généreux, aussi polis ?

Il paraît que ce serait les services de communication de plusieurs entreprises qui formeraient leurs vendeurs aujourd’hui en leur précisant que les clients doivent dire « bonjour ». Ces cadres oublient de leur préciser le sens du synonyme ou les circonstances qui autorisent la variété des formules de politesse. Et que c’est au cœur de parler. Bref, l’inculture moyenne, ou l’éducation pauvre, ne connaît plus qu’un mot : « bonjour ! »

Allons plus loin. Le vendeur (ou la vendeuse) - et c’est là qu’il se distingue - doit être capable d’empathie vis-à-vis d’un client bougon, de mauvaise humeur ou simplement un peu perdu ; cela fait également partie de son travail (et de sa rémunération) de prendre sur lui en restant encore plus courtois et dévoué. Et en ne jugeant pas. Comme par hasard, il va même, la plupart du temps, gagner progressivement la sympathie de son client qu’il aura su apaiser. « C’est pas beau, ça ? » Des vendeurs comme ça, les magasins devraient se les arracher !

Et, bien sûr, réciproquement, on se doit d’être indulgent envers un personnel grognon. Empathie ! on vous dit. Chaque personne qu’on croise, pensons-y, vient peut-être d’apprendre une mauvaise nouvelle ou est encore perturbée par un mauvais moment qu’elle vient de passer.

Alors, chers lecteurs, la prochaine fois, au vendeur qui vous lance, sur un ton de reproche à peine dissimulé, un « bonjour » peu amical, pensez à lui demander très gentiment : « Ce “bonjour”, est-ce que vous le vendez aussi ? Et combien il coûte ? Eh bien, moi, je suis heureux de vous le donner : “bonjour Monsieur” » !

Isidore
Isidore
Chroniqueur

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