Les vrais enjeux de l’élection présidentielle

Selon une enquête du CEVIPOF, 32 % des électeurs français se situent à droite de l’échiquier politique, et même 11 % à l’extrême droite. Ces résultats reflètent le fait que 63 % d’entre eux pensent qu’il y a trop d’immigrés. Cela se traduit par l’émergence, dans la campagne présidentielle, d’Éric Zemmour, rejoignant sur ce thème Marine Le Pen, et que tente de suivre timidement Valérie Pécresse. Toutefois, il ne faut pas oublier que, selon le même sondage, les Français sont aussi soucieux, en même temps, de leur pouvoir d’achat, 73 % pensant que l’économie actuelle profite aux patrons aux dépens de ceux qui travaillent. C’est pourquoi Marine Le Pen est celle des candidats qui recueille le plus de soutien des classes populaires. Éric Zemmour ne pourra donc figurer au second tour en 2022, et donc espérer être élu, que s’il la surclasse dans ces catégories. Or, la principale lacune de son programme tient au fait qu’il semble ignorer la grande mutation que connaît l’économie mondiale depuis près de quatre décennies.

La France subit en effet, comme de nombreux pays occidentaux, les conséquences néfastes d’un néocapitalisme mondialisé dont Emmanuel Macron est, en France, le symbole. Des entreprises transnationales, les GAFAM, exercent un quasi-monopole dans les activités numériques, cependant que le rôle essentiel est joué désormais par d’énormes fonds d’investissement tels que BlackRock. Ceux-ci ne recherchent que l’élévation des bénéfices des entreprises en jouant constamment sur leur rachat ou leur démantèlement, n’ayant aucune considération sur le facteur travail qui concourt à la véritable création de valeur. Grâce à une création monétaire insensée, deux tendances majeures en découlent : d’une part une délocalisation des activités industrielles vers les pays à bas salaires grâce au dumping ; d’autre part, une explosion des inégalités sociales et une envolée des cours de Bourse. L’accroissement vertigineux des revenus et patrimoines des plus riches contraste ainsi avec sa stagnation pour le plus grand nombre des travailleurs.

Pour éviter un tel appauvrissement relatif, les gouvernements successifs n’ont pas trouvé d’autre formule que la vieille méthode socialiste consistant à élever sans cesse les transferts sociaux, ce qui engendre fatalement une hausse des prélèvements obligatoires ou de l’endettement public. La vraie solution est, en fait, de donner aux salariés un poids suffisant pour peser efficacement sur la stratégie des entreprises en mettant en œuvre un « pancapitalisme ». Il faut, dans ce but, que leur participation aux bénéfices soit démultipliée en étant obligatoirement convertie en une participation au capital de ces entreprises. Celle-ci serait bloquée jusqu’à la fin de la carrière, directement ou par des fonds de pension mutualisés par métier. Seule une telle solution pourra mettre fin au règne des fonds d’investissement prédateurs qui appauvrissent les entreprises et les démantèlent, n’ayant qu’un objet purement financier.

Gérard Lafay
Gérard Lafay
Professeur émérite à l’Université de Paris I

Vos commentaires

25 commentaires

  1. l’ état crée des fonctionnaires
    et lance des idées de formations inutiles mais coûteuses avec de + exonérations de charges qui pénalisent la Sécu. Un chômeur français avec ses avantages, ses aides se toutes sortes gagnent + qu’ un smicard.
    Tous les ,niveaux de l’ état sont doublé voir triplés,, et l’ administration du pays est déplorable Le moindre pet de moineau est l’ occasion de nouvelles lois et rien ne va
    Avant tout il faut réformer l’ état

  2. Les intéressements et primes non taxées, Zemmour l’a proposé. Il a de grands conseillers (ères). Il a bien de forts soutiens dans le Haut Patronat et Finances…Il est bon de rappeler que la Gauche c’est la fin des primes, c’est la répartition du travail, jusqu’à travailler de moins en moins pour cacher le taux de chômage. A notre porte l’Allemagne s’en tire bien mieux….et avec des centaines de milliards de dette en moins. Suspicion ! était ce volontaire ? France Terre de Tourisme et Services

  3. Le projet « pancapitaliste » de Marcel Loichot est unique en son genre. Le polytechnicien le publia en 1961 et il en fit un livre en 1966 . Le général de Gaulle en eut connaissance dès sa parution et le trouva passionnant. Ce projet répondait aux préoccupation du Général lequel était tout sauf libéral. Le projet pancapitaliste permettrait de faire de tous les travailleurs des actionnaires de leurs entreprises qui deviendraient majoritaires en 25 ans (selon l’hypothèse retenue par Loichot) .

  4. Lorsqu’en 1991, Mitterand et son gouvernement ont lancé le 1er salon de la délocalisations et aidé financièrement les entreprises à quitter la France, nous avions prévenu que l’emploi parti ne générera plus de rentrées dans les caisses sociales, caisses de retraites, etc. Ils prônaient le développement des services pour développer l’emploi. Des services créateurs de richesses ? J’en doute … Pendant ce temps on a augmenté les dépenses sociales pour camoufler le chômage et la misère galopants…

  5. Merci au très renommé Pr d’économie Lafay de ses explications que les ignorants devraient tenter de comprendre en le relisant.
    Je me permet d’ajouter que l’on ne pourra réimplanter ou régénérer les filières industrielles disparues ( facteur d’emploi et de rentrées fiscales) que si on taxe (comme l’avait fait Trump) les importations dumpées, hyper carbonées, issues de camps de travail ou d’enfants, ou tout simplement vendues chez nous en dessous de nos prix de revient (vente à perte)

  6. M. Lafay, vous devriez de temps en temps écouter ce que propose Zemmour. Vous affirmez, en clair, qu’il n’y connaît rien en économie, alors qu’il propose, comme vous, l’intéressement des employés au capital de l’entreprise.
    Doit on en conclure que vous êtes ignare en économie ?

  7. Bel exercice de contorsionnisme que cet article.
    Dénoncer les délocalisations et la hausse des prélèvements obligatoires pour proposer d’imposer plus de redistribution des bénéfices, c’est pour le moins surréaliste.
    Comment imaginer pareille solution dans un pays desindustrialisé qui voit la rentabilité de ses entreprises baisser d’années en années?
    Les Gafam et autres multinationales hégémoniques ne redistribueront rien, elles, de leurs bénéfices abrités dans les paradis fiscaux

    • Non : la redistribution des bénéfices dans l’entreprise est un nécessité : c’est la participation. Mais il faudra aussi du protectionnisme en rupture avec l’UE et l’OMC

  8. D’accord. Le partage aux profits et/ou participation à la gestion des entreprises multinationales est très  »vendeur » mais quel pays lanceront cette initiative? La pression d’agir devra venir des citoyens mais d’ou viendra le leadership? Certainnement pas de nos classes politiques inféodées au système actuel.

  9. Je ne suis pas économiste pour un sou, derrière cette boutade j’ai malgré tout ma petite analyse personnelle. Il existe autant de solutions qu’ils existent d’économistes, qu’ils soient professeurs en la matière, ou plus nombreux chroniqueurs en plateaux télés. Les riches et les pauvres, depuis que l’humain règne sur terre le fossé se creuse, il atteint aujourd’hui une dimension spatiale puisque les plus fortunés, œuvrent désormais pour conquérir la lune en oubliant le mot révolution.

    • Non : durant les 30 glorieuses l’écart entre les plus hauts et les plus bas salaires était de 1 à 30 : il est de 1 à 100

  10. Je ne pense pas qu’Eric Zemmour « ignore la grande mutation que connaît l’économie mondiale depuis près de quatre décennies ». La réindustrialisation et la mise en place de barrières douanières permettront à la France de remettre à flot son économie. Dès les années 70, on a voulu produire à l’étranger ce qui polluait où ne nécessitait pas de grosses compétences. On a mis sur le carreau des millions d’emplois et les produits ne sont pas durables. Où est l’économie et l’écologie?

  11. 1/il semble ignorer la grande mutation que connaît l’économie mondiale depuis près de quatre décennies. Faut être gonflé pour écrire ça !
    2/donner aux salariés un poids suffisant pour peser efficacement sur la stratégie des entreprises en mettant en œuvre un « pancapitalisme ». Là on confond le partage entre revenus du travail et revenus du capital avec gestion/direction. La stratégie, c’est celui qui risque qui la définit. L’Etat peut jouer « à la marge » (fiscalité, normes, protections…)

      • Désolé ! Dire ou laisser croire que Z ignore les conséquences économiques et sociales de la mondialisation, je regrette, c’est pire que gonflé, c’est idiot. Piketty est aussi un « professeur renommé en économie » ça ne m’empêche pas de dire que ses analyses et propositions ne valent pas un coup de cidre.

      • Autre chose « la grande mutation que connaît l’économie mondiale » (émergence de la Chine, GAFAM, financiarisation, UE à la remorque des US et de l’Allemagne etc…) C’est précisément ce qu’il faut « traiter ». Au plan politique. Et que Z traite, à la juste hauteur : géopolitique, historique, nationale. En voyant bien les enjeux : Industrie, indépendance, instruction. Mettre fin au grand déclassement.

  12. Je serais un peu étonnée qu’E. Zemmour, en tant que journaliste politique, ignore les mutations de l’économie mondiale. Son discours de Lille dément ces propos.

    • Journaliste politique certes mais pas économiste renommé ayant passé sa vie à étudier ce sujet ; Renseignez vous

  13. Le pays s’effondre à cause de son énorme état socialiste, des sommes énorme sont détournées pour alimenter une bureaucratie inepte et des millions de parasites qui ont permis à la gauche de prendre le pouvoir et des « intellectuels » viennent vous expliquer que c’est le « turbo-libéralisme » et le « capitalisme » qui sont coupables. Sacré « liberté » et « capitalisme » avec 70% d’imposition sur les PME !
    .
    Les bénéfices de blackrock représentent 1,26 jour de dépense de l’état français.

    •  »Le pays s’effondre à cause de son énorme état socialiste, des sommes énorme sont détournées pour alimenter une bureaucratie inepte et des millions de parasites ». Tout ça vous envoyez beaucoup à l »école, l’hôpital, la police, l’armée ? Vous voulez encore réduire leurs moyens ?

  14. Les PME ont 64.7% d’imposition socialiste et l’état français est le plus gros du monde avec 62% du PIB, 10% de plus que la Suède, 30% de plus que la suisse. L’état a aussi 320’000 article de lois au total.
    AUCUNE économie ne peut résister à cette fiscalité et régulation socialiste.
    Vous vous trompez complètement, nos économies sont en voie de soviétisation, même les manipulation de la FED sont de la bonne grosse économie administrée qui ne marche ni dans ce monde ni dans aucun autre.

    • Je précise que les 64.7% sont les charges totale, y compris sociale. L’état est spécialiste de multiplier les « contributions » charges et autres taxes « du bien » en plus de l’impôt officiel sur les entreprises déjà particulièrement gratiné.
      Les entreprises fournissent biens, services, emplois salaire, ce sont les vaches à lait de la société.
      Le socialisme repose sur le principe de tabasser les vaches à lait, d’où les faillites systématique de leur économie.

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