Le Royaume-Uni décide l’expulsion des migrants au Rwanda, en dépit de la CEDH

© Amakuru Wikipedia
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Dans la nuit du lundi 22 au mardi 23 avril, le Parlement britannique a adopté un projet de loi qui permet l’expulsion vers le Rwanda des demandeurs d’asile, d’où qu’ils viennent, entrés illégalement sur le territoire britannique. Après un long ping-pong parlementaire entre la chambre haute et la chambre basse, le Premier ministre Rishi Sunak a haussé le ton, assurant que personne ne quitterait le Parlement tant que ce projet ne serait pas ratifié. Londres et Kisali, capitale du Rwanda, ont conclu un accord : le Rwanda accueille les migrants entrés illégalement - principalement par voie maritime – sur le sol britannique en échange de sommes substantielles. Cette politique avait été amorcée par le précédent gouvernement de Boris Johnson.

Le gouvernement pourra outrepasser les injonctions de la CEDH

Le traité signé en décembre 2023 entre la Grande-Bretagne et le Rwanda, qui a rejoint le Commonwealth en 2009, implique un apport financier à hauteur de 150 millions d’euros au Rwanda en échange de l’accueil des demandeurs d’asile, acheminés des côtes britanniques vers Kigali en avion. Ce n’est pas un projet inédit, puisqu’en juin 2022, un avion avait été affrété dans ce but. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), instance sans lien avec l’Union européenne, avait alors rendu en urgence une décision empêchant la mise en œuvre d’expulsion vers le Rwanda, arguant que le pays d’accueil n’était pas sûr et que, par conséquent, cette mesure mettait en péril la vie des demandeurs d’asile en cause. L’avion était resté cloué sur le tarmac en dépit de la volonté du gouvernement. Pourtant, en 2021, déjà, Dominic Raab, ministre de la Justice, dénonçait ce qu'il considérait comme une ingérence européenne : « Nous voulons que la Cour suprême ait le dernier mot sur l’interprétation des lois du pays, pas la Cour de Strasbourg. »

C’est dans cet esprit que l’accord avec le Rwanda a été conclu : le texte adopté au Parlement indique que le Rwanda est un pays sûr, assurant ainsi la sécurité des individus envoyés sur ce territoire. Il prévoit, de plus, que le gouvernement pourra passer outre d’éventuelles injonctions de la CEDH pour empêcher ces expulsions. Cette dynamique, Rishi Sunak l’exprime à nouveau en 2024 : « Aucune cour étrangère ne nous empêchera de faire décoller des avions. » Dès lors, seul manque le sceau royal pour l’adoption complète de cette loi. Les prochains avions devraient décoller d’ici dix à douze semaines, assure le Premier ministre.

« Reconquête prône ce genre d’accord »

Cette mise en place d’expulsion systématique a-t-elle un lien avec le Brexit ? Il semble que non. Pour se dédouaner des décisions européennes telles que celle de 2021, il faudrait que le Royaume-Uni se retire de la Convention européenne des droits de l’homme - ce qui n’est pas le cas. C'est ce qu'affirme à BV Nicolas Bay, député européen sortant et quatrième sur la liste Reconquête aux élections du 9 juin : « Il n’y a aucun lien entre quitter l’UE et envoyer les demandeurs d’asile dans les pays tiers pour que leurs dossiers y soient étudiés. » La preuve avec Giorgia Meloni : « Elle a signé un accord du même type avec l’Albanie pour y envoyer des dizaines de milliers de migrants, chaque année, en échange d’une compensation financière. » Il ne s’agit pas forcément de quitter l’Union européenne mais, au moins, d’asseoir la souveraineté des États à la table des négociations, surtout en matière d’immigration. Rappelant que « l’immense majorité » des migrants « ne répondent pas aux critères de l’asile au sens strict et ne font que le dévoyer pour en faire une filière supplémentaire d’immigration », Nicolas Bay conclut : « Reconquête prône depuis le début ce genre d’accord, bénéfique pour les pays tiers qui accueilleraient les migrants dans des centres fermés et pour les pays de l’UE qui n’auraient pas à les accueillir et à instruire leurs demandes d’asile. »

Maintenant, on peut se demander si cette loi britannique ne risque pas d'avoir des répercussions pour la France. En effet, les demandeurs d’asile seront-ils toujours aussi nombreux à tenter la traversée de la Manche au risque de devoir monter dans un avion à l’arrivée, destination Kigali ? D'autant que l’accueil est si protecteur, dans l’Hexagone...

Raphaelle Claisse
Raphaelle Claisse
Journaliste stagiaire à BV. Etudiante école de journalisme.

Vos commentaires

35 commentaires

  1. Coûteuse opération de communication qui n’aboutira que pour des retours de l’ordre de 0,3% des arrivées. Mesures coûteuses pour sauver le brexit. C’est le capital qui décide et il est ivre de salariés law coast. Le capital se moque des frontières.

  2. Ces populations d’immigrés délinquants puisque non autorisés à s’installer dans le pays de leur choix sont majoritairement des mâles d’origine africaine avec de très nombreux mineurs (parait-il) isolés. N’est-ce pas un geste humanitaire de permettre à tous ces gens déracinés de se rapprocher de leurs racines et à ces mineurs de retrouver leur famille. Nul doute que ces familles sont ravies et rassurées de retrouver leurs enfants. Et bravo à l’Angleterre, humaniste, qui refuse de s’enrichir sur le dos de ces immigrés mais qui préfère paye cher pour permettre à ces populations de retourner vivre dans leur environnement.

  3. Une nouvelle « chance » pour la France, effectivement, de voir augmenter le nombre de nos migrants. Il y a sûrement des crétins pour s’en réjouir, les mêmes qui se lamenteront plus tard en accusant les autres d’avoir été aveugles!

  4. Vous avez raison de souligner que cette loi britannique qui dissuade les candidats au départ à y aller,…risque de surmultiplier la présence de migrants (non invités)…en France , car ils sont obligés de rester dans notre pays !!

  5. 1-Le Royaume d’Angleterre est libre de faire ce qu’il veut ;Avez vous entendu parler du Brexit?
    2-Ce quil fait n’est pa criticable ; Il pourrait simplement rejeter les clandestins à la mer or il les renvoit dans un pays ami et de surcroit paye une somme très importante par immigré pour que chacun soit bien accueilli

  6. Bien sûr que cette politique audacieuse a un lien avec le Brexit puisque cela était une des motivations fortes du vote en faveur du Brexit et que cette échappée aurait été plus difficile sans le Brexit. Mais il n’est effectivement pas indispensable de sortir de l’UE pour engager une telle initiative. A suivre donc…

  7. « Expulsion » , ce mot est-il la bonne interprétation de l’esprit de la loi britannique . je verrais plus exactement « transfert » vers le Rwanda dans l’objectif de prendre le temps d’analyser les dossiers présentés. Ce qui correspondrait à nos enclos « déterritorialisés » sur terrains européens (cf le Pacte) destinés au même but. Coté britannique, cette mesure dissuasive devrait freiner leur immigration venant de France. Coté France, compte-tenu de ce blocage et des avantages sociaux, notre territoire deviendra une réserve, un stockage qui ne fera d’enfler la colonisation . Car ne rien espérer du pacte en matière de dissuasion. D’autant que Macron est réfractaire à une telle mesure de transfert vers un pays tiers. Sa dite sensibilité humaniste s’y refuse et surtout, surtout, ce qui ne répond pas à son objectif majeur : développer le multiculturalisme en France, contre vents et marées, confier les naissances françaises aux peuplades d’origines étrangères, sans obstacles majeurs (cf sa préférence affichée, ses appétences : la chanteuse sélectionnée pour les JO). Ce n’est pas bon pour l’avenir de la France historique.

  8. A tous les inconscients qui, en France, ne prônent pas le Frexit, voilà une magnifique leçon des « grands britanniques » (ici, bien nommés), qui agissent en adultes responsables et non en enfants soumis.
    Et je rappelle que nous pourrions faire la même chose, pour nos condamnés à la prison également, que nous pourrions alors confier à des pays tiers, « en pension complète » puisque nos prisons sont pleines. Au bout de quelques années, voire de quelques mois, nos prisons seraient vides puisque la sanction décourage les crimes et délits (et nous pourrions ainsi arrêter ces délocalisations pénitentiaires).

  9. Le royaume uni a retrouvée son autonomie et son pouvoir de décision ..de quoi nous tendre jaloux,nous pauvres français condamnés à financer une immigration parfois violente,et surtout inutile er parasite par l' »Europe »..

  10. Il est malheureux de constater que parmi ces personnes qui vont être expulsées, il y aura certainement quelques une qui auraient eu l’intention de s’assimiler à la population autochtone, mais enfin, comme il s’agit très majoritairement d’arabo-musulmans, même les intégrables doivent être comme les poissons volants, ce ne doit pas être la majorité du genre. Ceci étant dit, dans le cas évoqué, on peut comprendre la réaction de autorités anglaises, s’ils ne veulent pas être submergés par cette immigration qui est déjà bien avancée. Si cela, pouvait nous servir d’exemple, ce serait une bonne chose.

    • C’est surtout une excellente idée, permise à un peuple libre et responsable, et non à des pantins soumis à l’u.e. et Cie, tel que nous sommes en France.
      Il nous faudrait une once de bon sens et de courage politique quand nous votons pour élire nos représentants. Mais nous ne votons pas exclusivement pour le Frexit ! Puis nous nous lamentons ; nous n’avons pourtant que ce que nous méritons et nous le savons bien…

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