Les fondements ambigus de « l’État » de la diaspora africaine

esclavage

France24 nous apprend qu'un nouvel « État » a été créé, suite à une initiative de l'Organisation de l’unité africaine (OUA) remontant à juillet 2018 : celui de la diaspora africaine. Son but est de rassembler tous les Africains vivant hors de leur continent d’origine. Une conférence de presse, qui s’est tenue le 24 octobre, a présenté cette nouvelle entité et a défini ses objectifs et moyens d’action.

Cet « État » possède un siège en Jamaïque, un drapeau, un Premier ministre, l’ancien président du CRAN (Conseil représentatif des associations noires) Louis-Georges Tin, et un gouvernement. Il sera doté d’un parlement et pourrait, pourquoi pas, être bientôt reconnu au niveau international. L’État de la diaspora africaine émet déjà des passeports. Pour en recevoir un, il faut avoir pour ancêtre un esclave africain déporté en Amérique ou être migrant ou descendant de migrant. Cette nouvelle entité confère des avantages à ses citoyens : des réductions sur les vols d’une compagnie aérienne qui vient de se créer (elle a déjà acheté des avions), un accès gratuit à un programme de télé-médecine et des prêts à des taux préférentiels. M. Tin justifie cette dernière initiative car, selon lui, les banques occidentales feraient payer plus cher leurs crédits aux personnes de couleur.

Ce programme pose problème : il est ambigu et pourrait se voir reproché d'être teinté de racisme. En effet, cette entité distribue des avantages indéniables suivant l’origine des personnes. Imaginons que notre gouvernement décide que les « Blancs » paieraient désormais moins cher leur billet SNCF, il provoquerait un tollé international tout à fait justifié.

Le but principal de l'État de la diaspora africaine est d’obtenir des réparations pour l’esclavage. Le montant exigé peut tutoyer des sommets : un chercheur américain a proposé que les États-Unis versent l’équivalent de leur PIB annuel ! Pourtant, cette demande de réparations est très discutable : peut-être 80 % des « Blancs » européens descendent de serfs dont le sort était sans doute peu enviable. Les derniers serfs français ont été libérés en 1789, 59 ans seulement avant les esclaves. Indemniser les descendants des uns et pas les autres ? Cela n’aurait aucun sens. En outre, une infime minorité de Blancs a pour aïeux des négriers.

Et pourquoi ne s’en prendre qu’à l’Occident ? La traite orientale vers les pays arabes a été bien plus longue, bien plus importante et bien plus cruelle que son homologue occidental : les jeunes garçons étaient souvent castrés et beaucoup en mouraient. Et les esclaves étaient capturés par des roitelets africains qui s'enrichissaient grâce à cet odieux trafic. Si, un jour, on taxe les pays occidentaux, pourquoi alors ne pas taxer les pays orientaux ou africains ?

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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