Les camps de redressement encadrés par l’armée, vraie proposition de Macron, fausse bonne idée

macron

La rubrique « Fake Off » de 20 Minutes est formelle : la proposition d'enfermer les jeunes délinquants dans des lieux fermés, et de les faire encadrer par des militaires, n'est pas sortie du cerveau, pourtant fécond, de Gérald Darmanin. Après avoir suggéré, lors de son déplacement à Mayotte, la mise en place de ce genre de structures, le ministre de l'Intérieur a précisé qu'il en avait déjà parlé à Emmanuel Macron. Des internautes incrédules se sont saisis de cette phrase pour mettre en doute la sincérité de Darmanin. Allons donc ! Il se trouve, rappelle le journal, que la page 20 du tract « Avec vous », édité pour la campagne de 2022, précisait, au chapitre « sécurité », « pour les mineurs délinquants, la possibilité d'un encadrement par des militaires ». Ca, c'est fait, donc. Maintenant, voyons un peu ce qui se cache derrière cet éternel fantasme du pouvoir politique.

L'idée que les politiques se font des militaires me semble mêlée de fascination, de mépris et d'incompréhension. Fascination pour des gens qui ont des convictions, pour l'engagement personnel et même, osons le dire, pour une certaine idée de la force de caractère. On admire toujours ce que l'on n'a pas. Mépris pour des bidasses toujours assis en bout de table lors des réunions stratégiques, et ce, jusqu'au grade de général, des exécutants techniques, à qui on ne demande pas leur avis, qu'on pousse à la démission quand ils l'ouvrent (Villiers) et pour qui cette caste de petits politiciens, qui n'ont pourtant pas fait leur service, ont autant de mépris que leurs aïeux, en leur temps, pour les adjudants alcoolos et les corvées de patates. Incompréhension, enfin, pour le sens de leur service qui est, en fin de compte, la mort, donnée ou reçue - et certainement pas le gardiennage de jeunes délinquants.

L'idée pourrait faire sourire si elle n'était pas complètement stupide. On imagine bien des soldats français, revenus d'opération, obligés d'emmener en randonnée de petites frappes abruties par le chichon, de faire faire de la voile à des violeurs sous bracelet électronique, d'enseigner, sans autre levier de coercition que la bonne volonté des détenus, l'importance de se lever le matin, d'apprendre un métier ou d'arriver à l'heure... On demande déjà aux soldats de l'opération Sentinelle de faire un travail de flics, parce qu'ils ont, comme Pascal dans Les Tontons flingueurs, « une présence tranquillisante » : peu d'entre eux, à mon avis, se sont engagés pour déambuler, l'arme à la bretelle, devant des synagogues ou des musées. Mais la machine est lancée, et bien malin (ou bien courageux) l'homme politique qui reviendra en arrière.

On peut convenir que, dans l'histoire des armées occidentales (et peut-être des autres), 20 % des soldats produisent 80 % des effets, et vice versa. 20 % de samouraïs, dont les noms d'unité ont changé selon les modes et le cadre des batailles, pour 80 % d'honnêtes formateurs de conscrits ; c'est peut-être même encore le cas de nos jours. Il faudrait le leur demander. L'armée est le deuxième employeur de jeunes après McDonald's, à ce qu'il paraît : en quelque sorte, nos soldats forment déjà des jeunes dont McDo n'a pas voulu. Ils éduquent déjà des jeunes majeurs dont les familles sont déficientes, le cursus scolaire chaotique. La seule différence, c'est que ces jeunes-là sont volontaires pour changer de vie.

Autrefois, il y avait, on le sait, quatre piliers dans l'éducation : la famille, l'école, l'église, l'armée. L'État restait à sa place : apprendre à lire, servir son pays. On voit bien ce que sont devenus les trois premiers de ces piliers. L'État-nounou essaie donc de pallier l'échec phénoménal de la mentalité libérale occidentale en se transformant en éducateur bienveillant. L'État-copain devient un de ces moniteurs des années 90, un de ces éducateurs des téléfilms de France 2, qui font du canyoning ou du parapente, portent des bracelets brésiliens et des catogans, et s'appellent Jean-Marc ou Pascal. Et cette bienveillance pleutre passe mécaniquement par un volet coercitif un peu honteux (« Attention, Abdou, je ne suis pas d'accord »). Facile : comme à chaque fois que l'État est trop lâche, y a qu'à envoyer l'armée ! Les banlieues ? L'armée ! Les narcotrafiquants impunis ? L'armée ! Les mineurs délinquants ? L'armée, vous dis-je !

Et les autres leviers ? Suspension des allocs, expulsion des délinquants étrangers, peines planchers, construction de prisons ? C'est l'armée qui va s'y coller ?

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

40 commentaires

  1. Et encore et toujours du grand n’importe quoi ! Si cette mesure était retenue, les recrutements dans l’armée seront, c’est certain, en chute libre ! On ne s’engage pas dans l’armée pour faire nounou (attention gentille nounou….) mais pour défendre son pays … A moins que l’on estime (enfin) que cette jeunesse représente un danger pour la France ?Allez Jupiter pourra à nouveau nous sortir son « nous sommes en guerre » …. Ce gouvernement m’évoque un rat pris dans une cage et qui, affolé et ne sachant pas comment s’en sortir, court dans les sens en se cognant aux parois !
    On a tenté les centres fermés qui ont coûté un pognon de dingue par « jeune » avec les résultats que l’on sait : aucune discipline, dégradation des locaux et du matériel, fugues, … Et pourtant ce n’était pas faute de manque de personnel : il me semble au oins 2 adultes par « jeune ». Tant que ne changera pas notre idéologie, le pédagogisme à la noix stype prison de Fresne, tant que l’on ne renverra pas immédiatement ces pauvres mineurs isolés privés de leur famille à leurs parents, on ne s’en sortira pas ! Les pays d’origine n’en veulent pas ? On réhabilite sommairement un bâtiment sur une île et on les y installe de force ! Moi, on ne me demande pas si je veux payer des impôts ou pas ou si je veux payer mes contraventions ou pas !

  2. « Et les autres leviers ? Suspension des allocs, expulsion des délinquants étrangers, peines planchers, construction de prisons ? » — Très bien, mais si on commençait par le début : 1) référendum sur l’immigration, rapprochement familial à revoir, des textes juridiques forts au-dessus de la CEDH. Ensuite du courage …………..

  3. Solution inconcevable pour une Armée en sous effectifs qui a autre chose à faire puisque nous déclarons la guerre à la Russie après qu’on l’ait contrainte à repousser elle-même ses nouvelles frontières . Le rêve gaullien d’une Europe jusqu’en Oural n’est ainsi plus possible et les USA s’en félicitent .

  4. Pas besoin de l’armée, qui n’a d’ailleurs pas les moyens pour une telle mission. Bizarrement, quand on veut impliquer l’armée dans des missions de maintien de l’ordre on nous explique que ce n’est pas son rôle (ce qui est exact). Mais on nous explique que les militaires vont remplacer les parents, les professeurs, les éducateurs et les gardiens de prison. Tout ça en même temps ! Peut-être fera-t-on appel aux contingents qui nous reviennent du Mali … il faut dire qu’ils seront guère dépaysés.
    L’équation est pourtant simple, ces gens ne respectent et ne comprennent que la force. Jusqu’ici nous avons fait preuve de faiblesse. En retour, et c’est logique, ils méprisent tout ce qui incarne cette autorité faible et lâche : policiers, enseignants, pompiers, services de secours, facteurs,…
    La solution est simple : le retour de l’autorité, la vraie, celle qui ordonne et qui, quand elle n’est pas écoutée et respectée, sanctionne. Bien sûr, avec de vraies sanctions, réellement appliquées et de plus en plus lourdes avec les récidivistes.
    On peut toujours rêver …

  5. Certes il est toujours préférable de créer des structures qui coûtent de l’argent que de régler définitivement ce problème. La République parmi les pays les plus endettés, le plus taxé au monde continue à vouloir sauver toute la misère du monde coûte que coûte.

  6. Dans le vaste territoire ultra marin français il existe nombre d’îles et d’îlots désertiques pour y parquer tous ceux, jeunes et moins jeunes, qui pourrissent ou attentent à la vie des compatriotes. Pas besoin de surveillance, la mer pour les garder et ravitaillement une fois par moi par parachutage. Cela ne coûterait pas grand chose à l’état, donc à nous pauvres CONtribuables et ce qui n’est pas rien notre existence serait assainie. Ah mais oui, c’est vrai, j’allais oublié, idiot que je suis ! Il y a les droits de l’homme, la CEDH et ses cohortes de juges idéologues et mortifères qui défendent la racaille au détriment des victimes Hélas, trois fois …

  7. Les militaires ne sont pas des nounous ou des garde-chiourmes ! On devrait engager la responsabilité des parents, dont on ne parle jamais ! Comme disait le père G. Gilbert : un « coup de poing évangélique » (il parlait des adultes qu’il avait en charge ) remet les idées en place ! Bien que je sois contre les corrections physiques . Mon fils (42 ans actuellement) a eu une seule petite fessée de principe, (à l’époque, il n’y avait pas d’interdiction) tant il avait été loin dans sa provocation, il était revenu, s’excusant, en me répondant « qui aime bien châtie bien », une phrase que je lui disais quand il dépassait les bornes, un non c’était non et je m’y maintenais , dernièrement je lui ai posé la question sur sa fameuse fessée, il m’a répondu en riant qu’il l’avait bien méritée ! Pas traumatisé, Il est très bien dans sa peau, apprécié, sociable, cultivé et occupe un poste important ! Comme quoi…les enfants ont besoin de limites, d’exigences, de rigueur et surtout qu’on leur donne un sens à leur vie ! Si la solution de l’éducation des jeunes est l’encadrement par les militaires, cela prouve une chose la reconnaissance du manque d’autorité, d’encadrement de la part des parents ! Les enfants ont besoin de tuteur pour grandir comme une plante qui va dans tous les sens et qu’on a besoin de le rediriger dans la bonne direction et devenir des adultes responsables

  8. On a vu ce que ça a donné la « danseuse » de l’amiral avec ses équipes JET dans la pénitentiaire des années 90, quel fiasco ! Ce n’était pas du niveau des épreuves de kart de Fresnes mais pas loin ! Dupon-Moretti et son DAP en panne d’idée, macron reprend à son compte tout ce qui a échoué faute de mieux !

  9. Idée à l’image de son auteur ,c’est à dire stupide et il ne faut jamais avoir élevé d’enfant pour ne pas savoir que tout se passe entre 0 et 7 ans.

  10. La suppression par Chirac, Président de la République, du Service National est une réussite au moins aussi brillante que le regroupement familial instauré par son gouvernement sous la présidence de Giscard. Giscard a reconnu ses torts avant sa mort. Chirac, non.

    • Le Service national dans son volet militaire ne formait pas des hommes. Ils servait à l’envol du cocon familial mais il n’avait – en dehors de la formation militaire proprement dite – un effet sur le conscrit que lorsqu’une base éducative le sous-tendait.
      Former moralement et physiquement des raclures de banlieue ne peut rien apporter de bon. Ces petites frappes deviendront plus redoutables si elles possèdent une meilleure résistance physique et morale face à la douleur et ont gagné en résistance face à l’adversité.
      Pour rappel, Mitterrand avait lancé une bêtise (euphémisme) de ce genre mais les « éducateurs » et les militaires n’ont pu s’entendre, les premiers détricotant régulièrement les résultats obtenus par les second.

      Cordialement

    • ce sont effectivement les 2 causes qui ont « enclenchées » le délitement sociétal de la France … L’idéologie mondialiste des « politicards ont achevé de fracasser les valeurs « travail » et « nation souveraine ». Des Jeux et du pain sans valeurs familiales sont en train d’être fracassés par macron qui se prend tantôt « Jupiter » ou « vulcain » après s’être autoproclamé « premier de cordée » …
      Vider les prisons des étrangers = au minimum 17000 places … Les « chances pour la France » doivent retourner d’où elles viennent pour offrir leur service à leur pays d’origine. Les « casseurs de flics »: mutation dans les zones décimées par les feux, les inondations et/ou au « chevet » des monuments historiques ( sans karting ni piscine ) … Ils apprendront un métier « en direct » …

  11. Idée complètement obsolète, les GET inventés dans les années 90 ont été abandonnés rapidement. Première raison les militaires n’ont pas vocation à réparer les errements d’une Société débordée par ces fausses bonnes idées. Deuxième raison il va falloir trouver des volontaires et il n’y aura pas foule. Troisième raison, il me semble trop facile de transmettre le baby-sitting de ces générations perdues, bercée aux allocs, aux rappels à la loi, à la mansuétude des partie de nos Politiques. Les militaires ont actuellement bien d’autres missions de sécurité à remplir.

  12. Je plains ce pauvres militaires transformés en nounous pour petites frappes récalcitrantes. Avec aucun moyen ni soutien de la part du politique. Le premier qui ne sera pas content fera un procès à ses gardes que nos juges rouges s’empresseront de condamner et nos journalistes (tout aussi rouges) de vilipender.
    Une petite anecdote. Je suis un ancien officier de l’Armée de l’Air et j’ai dû encadrer des jeunes recrues qui venaient faire leur service (ça ne date pas d’hier). Je suis tombé sur un contingent venant de Martinique/Guadeloupe. Je ne sais pourquoi, ces gosses étaient convaincus qu’on avait le droit de les frapper. Nous nous sommes bien gardés de les détromper bien que nous n’ayons jamais rien fait en ce sens. Tout marchait très bien jusqu’au jour où ils ont posé la question au colonel qui a pris un air horrifié en démentant catégoriquement. De cette minute, ils ont été intenables!

  13. Un macron ou un darmanin ne me paraissent pas tellement aptes à initier des camps de redressement, qui ne sont pas des colonies de vacances modèle soixante-huitard. Un encadrement militaire on non, strict me paraît de nature à mettre à la raison beaucoup de petites frappes qui ont toujours eu, en face d’eux, des pétochards démissionnaires.

    • Un retour au « bled », avec toute la famille au sens large serait bien plus efficace et moins coûteux dans cette période de « serrage » de ceinture !

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