L’élection présidentielle de 1965 : autres temps, autres mœurs ?

élection 1965

Décembre 1965 : une époque très différente de la nôtre dont les plus anciens de nos lecteurs se souviennent. À mi-chemin entre la fin de la guerre d'Algérie et la chienlit de Mai 1968. Pour la première fois, sous la Cinquième République, le Président est élu au suffrage universel ; en 1958, il avait été élu par un collège électoral de grands électeurs. Autre différence notable : il s'agissait d'un septennat.

Six candidats étaient en lice : faut-il les présenter tels qu'ils pouvaient apparaître aux électeurs ? Par ordre alphabétique, Marcel Barbu, inconnu au bataillon, Charles de Gaulle, l'homme de la Résistance ou le bradeur de l'Algérie, Jean Lecanuet, le centriste aux dents blanches, Pierre Marcilhacy, bien austère, François Mitterrand, vieux renard de 49 ans, Jean-Louis Tixier-Vignancour, un des avocats du général Salan. Le Président sortant est largement favori, donné pour vainqueur dès le premier tour : 66 % de bonnes opinions selon le baromètre de l'IFOP ! Surprise, quand, à l'issue du scrutin, il est mis en ballottage par François Mitterrand, qui commence son ascension vers la magistrature suprême, qu'il atteindra en 1981.

La candidature de Gaston Defferre, « Monsieur X », comme le désigne L'Express, et celle de Pierre Mendès France avaient échoué à cause des divisions de la gauche et des peaux de banane mises sous leurs pieds. François Mitterrand, ancien ministre de la Quatrième République, sans doute plus roué, est investi par la SFIO, soutenu par le PCF, le Parti radical et le PSU, et se présente comme « le candidat unique de la gauche ». Au second tour, il obtient 44,80 %, de Gaulle étant élu avec 55,20 % des voix. Une victoire qui, pour lui, a un peu le goût de la défaite.
Il est à noter que le Président sortant, pendant la campagne électorale, interdit au ministre de l'Intérieur d'utiliser le passé de François Mitterrand pour essayer de le déstabiliser. Pas question de publier une photo du candidat de gauche aux côtés du maréchal Pétain ou de mener une enquête sur ses liens supposés avec René Bousquet. Quoi qu'on pense du général de Gaulle, force est de constater que tous les candidats aux élections suivantes n'ont pas eu la même élégance, fût-elle teintée d'orgueil. O tempora, o mores !

De Gaulle ne savait pas, à ce moment, qu'il ne terminerait pas son second mandat. Désavoué le 27 avril 1969, lorsque les Français rejettent le référendum sur « le projet de loi relatif à la création de régions et à la rénovation du Sénat », il quitte aussitôt ses fonctions, comme il s'y était engagé. Un certain panache, une certaine conception de la politique que certains de ses successeurs pourraient lui envier. Nous nous garderons bien de donner plus de détails, période de réserve oblige. Toute ressemblance avec des personnages existants serait, comme on dit, purement fortuite.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Nous avons voté non et la régionalisation s’est faite quand même. Il me semble que la question n’était pas « réforme du sénat » mais « suppression du sénat ».

  2. La grande différence entre ces temps-là et aujourd’hui, c’est que , à l’époque, certains candidats à la Présidence pensaient à la France.
    Aujourd’hui, les politiciens ne pensent qu’à leur carrière, avec les avantages princiers et l’immunité accordés . Le sort de la France est loin, très loin, de leurs préoccupations.
    C’est l’une des principales cause du désavoeux et de l’abstention des électeurs

  3. Comparer est chose impossible. Le pays est devenu une république bananière avec à sa tête des démolisseurs à la solde la la City et Wall Street. Vous allez voir les résultats électoraux ça va être hallucinant. Un peuple qui n’est plus un peuple mais un troupeau. Une seule espérance le chaos afin que quelque chose d’autre prenne naissance dans les cendres.

  4. La situation n’était pas idéale, avec l’OAS, l’abandon de l’Algérie, les massacres d’Oran et la « remigration » des pieds noirs. Mais au moins on avait des candidats – de Gaulle, Lecanuet, Mitterrand – qui aimaient encore la France et on pouvait voter sans craindre d’être trahis par un parti ne visant qu’à sa destruction. On disait « Charlot des sous », mais les finances restaient tenues et la France vivait une renaissance. Mitterrand, qui avait envoyé le contingent en Algérie ne faisait que poindre

    • Non Michel, Mitterrand ne faisait pas que poindre à ce moment-là. Il avait commencé son parcours sous Vichy, et appartenu à la Cagoule. Marrant, la bêtise crasse des socialistes !

  5. Après De Gaulle , le commencement de la fin ! Mitterand l’homme décoré de la francisque , fallait pas en parler , même encore maintenant , ça fait tâche au PS . Aujourd’hui , nous risquons de remettre le couvert pour 5 ans avec un petit président ,méprisant , orgueilleux qui à très envie d’emm.er une partie des Français. Une lueur d’espoir, qu’un ou qu’une candidat(e) remette un peu d’ordre et de sécurité dans notre pays. Je croise les doigts …..

  6. Pardon de vous rectifier: c’est bien une « première fois »….après celle utilisée pour l’élection du Prince-Président en 1848…(empereur en 1852…).qui fit choisir par les constituants de 1870 le Collège d’élus maintenu jusqu’à 1958!
    7 ans et 5 pour l’Assemblée Nationale restaient inchangés et le passage au Quinquennat rend cela impossible à perpétuer…..surtout si le 3ème de ce système devait, lui aussi, s’arrêter là!

  7. Euh, je n’ai aucun souvenir, car trop jeune!
    Je me souviens que ma mère trouvait Lecanuet très beau, mais très dangereux…
    C’est tout!
    J’ignore pour qui ils ont voté tous les 2, mon père et elle, mais surement pas pour Mitterrand qu’ils détestaient car collabo de 1ère heure selon eux (qui ont fait la résistance) arrivés à faire croire aux « veauxtants » que la résistance avait été faite par des socialistes, alors que, toujours selon eux, qu’ils avaient tourné leur veste avec le vent!

  8. En 2017 les sondages se sont trompés de 1% sur 2 candidats. la technique avait évolué

  9. Souvenez-vous, été 1965, la campagne « TVDemain » TIXIER-VIGNACOURT parcourait la France avec son chapiteau…, nous les « Jeunes » le suivions avec la même ferveur que les jeunes suivent ZEMMOUR aujourd’hui…! Que de bons souvenirs…!

    • Je me souviens qu’à l’époque, je jouais encore à la poupée (euh oui, à l’époque, les filles avaient encore le droit de jouer à la poupée) en écoutant SLC salut les Copains.
      Le reste, non… ;-(

      • Je n’avais pas encore le droit de voter, mais j’avais déjà ma petite idée. Je n’avais pas tout à fait 20 ans.

    • Sauf que moi, je n’ai jamais voté à gôche pour le sauteur d e l’Observatoire (octobre 1959) ni pour Chevènement.

    • Ce fut mon premier vote…déjà j’avais dépouillé, c’était tellement respectueux à l’époque……

  10. Et c’est depuis l’élection de Mitterand que ce pays coule .Il s’est octroyé tous les droits , toutes les dérives , a financer la presse pour qu’elle ne révèle pas l’existence de sa maitresse et sa fille illégitime , a dépensé sans compter l’argent du contribuable à des fins personnelles , a menti sur son état de santé ,a ouvert les portes à la délocalisation des entreprises ,les migrants etc .Et depuis tous ceux qui ont pris le pouvoir ont continué .Demain on peut les arrêter.

  11. On mesure d’autant mieux la différence existant entre les politiciens d’alors et ceux de maintenant. De Gaulle n’a jamais dit qu’il voulait emm….. une partie des citoyens, … et Mitterrand non plus d’ailleurs. Preuve qu’il faut irrémédiablement renvoyer (à ses chères études) cette pseudo-élite auto-proclamée.

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