Cinq ans après la première Manif pour tous, la présidente de L'Avenir pour tous revient sur cette aventure et, face à la menace du transhumanisme, appelle à poursuivre le combat.

Frigide Barjot, la première Manif pour tous voyait le jour le 17 novembre 2013. Cinq ans après, jour pour jour, quel souvenir gardez-vous de cette première mobilisation qui a été le point de départ de tant d'autres ?

Je ne m'appelle plus Frigide Barjot. Je suis Virginie Tellenne maintenant, et présidente de L'Avenir pour tous. Mais je garde un souvenir très ému de cette période d'unité. C'était un peu le tour de chauffe qui a failli ne pas voir le jour. En effet, il y a eu beaucoup de péripéties avant l'accord de ralliement des associations. Je ne vous cache pas que des tensions étaient déjà présentes au départ. Finalement, cela s'est fait grâce à l'adhésion de Monseigneur Barbarin à Lyon à la date du 17 novembre. À Lyon, la date était déjà prévue et je ne vous cache pas que nous essayions de nous démarquer pour ne pas nous faire amalgamer à Civitas. La première réunion du 5 septembre 2012 avait été faite avec toutes les sensibilités, de Civitas aux Poissons rouges.

C'était le leitmotiv pendant cinq ans : ni couleur politique, ni d'autres revendications que l'opposition à loi Taubira. Les seules couleurs représentables étaient le blanc, le bleu et le rose.

Au départ, on avait expliqué que c'était un collectif d'associations de toutes sortes, plutôt pro-vie , mais aussi de chrétiens engagés dans l'espace public et sur les domaines de la politique.
Le but était de faire une sorte de marque, d'ombrelle qui regroupe tout le monde. Cela a été le cas le 17 novembre. Ensuite, cela a évolué, car au moment du vote de la loi, les positionnements ne vont plus être les mêmes, d'où les séparations ultérieures. Il fallait bien prendre des marquages politiques.
En l'occurrence, le 17 novembre, l'unité était parfaite. Pour être véritablement le plus large possible, mes amis et partenaires de l'époque m'avaient plutôt laissée prendre non pas le leadership de fond, car tout a toujours été managé par les réseaux catholiques, même si on ne se rendait pas compte. Toute l'organisation et même le fondement politique et idéologique vont rester très catholiques. Mais, comme il fallait ratisser large, on m'a fait passer devant avec Xavier Bongibault, homosexuel. On incluait donc bien les homosexuels, et j'incluais le couple homosexuel dans nos revendications de maintenir le mariage entre l'homme et la femme. On avait aussi inclus la gauche, avec Laurence Tcheng, plutôt proche des chrétiens de gauche, et d'autres comme Poisson Rouge.

En tant que présidente de L'Avenir pour tous, restez-vous opposée à la PMA et à la GPA ?

Je ne suis pas opposée à la PMA si elle se passe entre personnes de sexes opposés, c'est-à-dire si les géniteurs homme et femme sont inscrits sur l'acte de naissance de l'enfant. Des PMA peuvent se faire, mais il ne doit pas y avoir de donneurs anonymes. Le sperme fécondant l'ovule est le sperme du père, et il est inscrit comme père même s'il ne va pas élever l'enfant. L'enfant a le droit de savoir d'où il est issu. Sinon, on est perdu dans la vie et on laisse la porte ouverte à toutes les manipulations génétiques.
Ce qui se cache derrière tout cela est la transformation de notre humanité en post-humanité. D'autres appellent cela plus sympathiquement transhumanisme. C'est la création d'une nouvelle espèce.
J'appelle aujourd'hui tous mes camarades du 17 novembre 2013, comme le demandent d'ailleurs les évêques aujourd'hui, à reprendre le dialogue les uns avec les autres. Nous avons des divergences sur le fond, mais politiquement et surtout humainement, nous devons retrouver un dialogue et un axe d'opposition commun.

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18 novembre 2017 à 9:33

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