Ils veulent « positiver le vote Macron » : c’est peut-être qu’il y a un problème, non ?

andré vallini

L'expression est d'André Vallini, sénateur PS de l'Isère et ancien secrétaire d'état de François Hollande, dans une tribune qu'il a signée, vendredi, dans L'Obs : « Stigmatiser le vote Le Pen ne suffit plus, il faut positiver le vote Macron. » Certes, le théâtre du « faire barrage » continue sa tournée, mais tous les analystes sérieux constatent que les salles ne marchent plus. D'autant plus que Marine Le Pen a habilement retourné, jeudi soir, à Avignon, la dialectique dudit barrage, trouvant un argument susceptible de mobiliser aussi bien des électeurs de Mélenchon que des abstentionnistes, ou les 2,5 millions d'électeurs de Zemmour : « Barrage à un nouveau quinquennat de désolation sociale et de déconstruction nationale. »

Oui, après son quinquennat, Emmanuel Macron n'est plus le produit vierge qui pouvait facilement attirer. Il est à lui tout seul devenu, pour des millions de Français, un repoussoir, parfois un objet de détestation. Certes, il y avait eu des signaux d'alerte très tôt, dès 2018 : affaire Benalla, puis gilets jaunes en 2018-2019, enfin l'apothéose des stigmatisations et des interdictions en tous genres avec les passes sanitaire et vaccinal. Aujourd'hui, par la magie d'un entre-deux-tours barragiste plus difficile, il faudrait tout oublier ? Olivier Véran a été mis au placard, McKinsey n'est plus qu'un lointain souvenir, les augmentations des carburants sont reportées au lendemain de l'élection, le Président qui s'est avisé qu'il ferait bien de faire enfin campagne promet d'aménager sa retraite à 65 ans. Tout va bien se passer. Et pourtant, l'électeur renâcle encore.

Le Monde, qui a suivi un des ministres en campagne, s'en est ému, découvrant que le président sortant puisse ainsi susciter « animosité » et « nihilisme » : « Il y a beaucoup de gens qui sont dans la détestation de leur vie, dans la colère, et qui attribuent ça aux politiques, souligne-t-il. Ils me disent : “On fera avec, si Marine Le Pen est élue ; de toute façon, la politique ne change rien à ma vie.” » Le ministre en question fait-il semblant d'ignorer que beaucoup de Français ont de bonnes raisons d'attribuer une part de leurs problèmes aux politiques, et donc à Emmanuel Macron ?

L'état d'esprit dominant de toutes ces catégories méprisées par Emmanuel Macron, et qui sont aujourd'hui appelées à venir le sauver, est bien résumé par la réaction de jeunes électeurs mélenchonistes de Montpellier interviewés par France Info : « Macron, il ne s'est quasiment pas intéressé aux étudiants pendant cinq ans. Et maintenant, il faudrait voter pour lui ? C'est facile. » Ou encore : « On n'a pas vu les amis du Président pendant toute la campagne. Personne, pas un militant, pas un tract. Et là, ils viendraient faire les beaux parce que notre vote les intéresse… Fi-ni-to. » Car au « Qu'ils viennent me chercher », on oppose instinctivement, dans les milieux populaires, un « Qu'il se sauve lui-même, le maître des horloges, le Jupiter tonnant ! »

Et ce ne sont pas les trois pistes avancées par le cacique PS Vallini qui changeront la donne : « Renforcer la démocratie, renforcer la Justice, renforcer l'Europe ». Certes, sur ces trois points, le compte n'y est pas, pour beaucoup de Français. Mais ce qu'il faut avant tout « positiver », arranger, travestir, repeindre, le produit défectueux qu'il faut empaqueter pour trouver preneur le 24 avril, ce n'est pas un programme, mais Emmanuel Macron lui-même.

C'est dire le travail qui attend ses partisans pour « positiver » le vote Macron.

 

Illustration : André Vallini

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 17/04/2022 à 15:07.
Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

45 commentaires

  1. Je suis étonné que plus personne ne se souvient que notre Président depuis l’Algérie, a disqualifié notre Pays, son Pays en l’accusant de « Crime contre l’humanité en occultant les réalisations Françaises en AFN et Afrique Noire en pensant à l’assainissement des terres, à l’agriculture, les routes, les chemins de fer, Les Ports, Aérodromes et j’en passe et pour finir le Pétrole Algérien. Pour une France qui n’a pas de culture c’est déjà pas mal. Non?

  2.  » Toute forme de mépris, si elle intervient en politique, prépare ou instaure le fascisme » Camus

  3. De toute manière même en supposant qu’ils gagnent cela ne se peut qu’en falsifiant les résultats commeils l’ont fait le 10 avril mais ils n’auront pas la majorité aux législatives.

  4. Il y a un énorme p^roblème : ils ont tellement joué contre le peuple depuis plus de 40 ans, qu’ils tremblent et sont bien seuls…. Leur tapage montre que cela sent enfin la fin. Ils tentent le dernier sursaut avant de mourir et de nous ficher la paix.

  5. Oui, l’électeur renacle à donner de nouveau autant de pouvoirs à un menteur, démagogue principalement à la solde des banques de l’Europe et des USA.

  6. Je pense que ce ne sont pas les politiciens qu’il faut changer, c’est le peuple totalement abruti et inculte politiquement et économiquement et prêt à voter pour son bourreau. Macron c’est : Un tiers d’abrutis inconscients , un tiers de riches et très riches, un tiers gauche libérale. L’heure du départ va sonner sous peu, plus rien à espérer ici.

    • Avant les politiciens qui certes ne sont pas les plus intègres l va falloir faire un sacré ménage dans le paysage audiovisuel français. le PAF pour les intimes pour cela nous aurions bien Besoin d’un Hercule. Tant leur programmes sont orientés ou nuls, comment voulez-vous ouvrir l’esprit des téléspectateurs.

  7. Positiver le vote Macron. Cela veut peut être dire annoncer des postes de Ministres et préparer des facilités pour les élus de partis qui le soutiennent. Quand on entend la mélenchonisation du discours de Macron et ses engagements écologiques et son emploi du mot « faire », on se demande s’il a oublié les vieilles recettes des « apparentements » qui étaient un des sommets des trouvailles électorales de la 4 ° République.

  8. Dupont-moretti est intervenu hier après-midi sur BFMTV , la démocratie n’ en est pas sortie grandie . Quelle honte d’ en arriver là !

  9. Positiver le vote macron, c’est à dire positiver le fait que nous soyons em****er encore pendant 5 ans par un psychopathe pervers narcissique?

    Waouh! Eh bien moi, je ne suis pas masochiste.

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