[Grand angle] RN : Bardella, la prise en main !
« Mon ambition est de conduire le RN au pouvoir et de le préparer à l’exercer. » Devant un parterre de journalistes, ce mercredi 9 novembre, Jordan Bardella est égal à lui-même. Au siège du Rassemblement national, dans le XVIe arrondissement, il est officiellement président. Quatre jours auparavant, il a été élu face à Louis Aliot avec 85 % des voix. Il n’est plus le président par intérim devant composer avec une équipe déjà en place lorsqu’il a pris ses fonctions. Les bureaux exécutif et national dont un échantillon est assis à quelques pas de l’estrade ont été composés par lui. « Il ne s’agit ni d’un clan, ni d’une baronnie, ni d’amis personnels », affirme le jeune président de 27 ans qui affirme : « J’ai le sectarisme en détestation et je n’aspire pas à diriger avec ma bande de copains. » Le ton est donné et la machine semble huilée.
Pourtant, ce congrès du Rassemblement national qui aurait du être un événement éclatant et lissé a été parasité avant et pendant. L’affaire de Fournas a fait office de bande-annonce ratée et a quelque peu fissuré la conduite exemplaire des élus du RN à l’Assemblée nationale. Dans une séquence où la cravate et, finalement, l’intention et la réalité du propos sont bien vite passés au second plan, Grégoire de Fournas aura bien malgré lui renvoyé le parti face à ses démons et ses opposants dans leur jeu favori. Pendant le congrès et juste après l’annonce des nouvelles instances dirigeantes du parti, le maire d’Hénin-Beaumont Steeve Briois a publié un communiqué vengeur, confirmant que la guerre continuait entre l’ex-dauphin et la ville du Nord. « Jordan avait promis de rouler sur Hénin-Beaumont en char Leclerc, c’est chose faite », se félicite-t-on dans l’entourage du jeune président.
Si Marine Le Pen confie voir la guerre entre le tandem Bilde-Briois et Jordan Bardella comme « une mésentente entre les trois et [en est] très malheureuse [elle se] sent comme devant un couple qu’on adore et qui divorce », personne n’imaginait une issue différente. « Il lui fallait taper du poing sur la table et rappeler qui était le patron, les laisser à des postes-clefs, c’était faire d’ores et déjà un aveu de faiblesse », analyse un fin connaisseur du parti.
Il n’empêche, cette disgrâce illustre-t-elle l’existence d’une fracture entre une ligne sociale et une ligne identitaire portée par Jordan Bardella ? « Pendant deux ans, vous écriviez à longueur de temps que j’étais sage, poli, ripoliné… Aujourd’hui, vous m’improvisez en affreux identitaire, tenant d’une ligne libérale-conservatrice, je ne suis ni libéral ni conservateur », s’agaçait Bardella devant les journalistes au siège du RN. De quoi calmer les inquiétudes d’Hénin-Beaumont ? « Je ne veux pas parler en son nom, mais je pense que cette situation rend Bruno [Bilde] très malheureux », confiait, en marge du congrès, le vice-président de l’Assemblée nationale et député du Nord Sébastien Chenu. « Contrairement à Steeve, qui a le recul géographique pour lui, Bruno est avec nous à l’Assemblée. » Soucieux de la cohésion du groupe, Sébastien Chenu l’affirme : « Ils restent des camarades et des amis et n’ont de leçon de militantisme à recevoir de personne. » De fait, « à ma connaissance, Bruno n’a eu à souffrir d’aucune remarque désobligeante », affirme un député du groupe RN.
Évidemment, il y a eu quelques déceptions. Certains se perdent en conjectures sur l’absence de telle ou telle personnalité dans l’organigramme du RN sauce Bardella. Pour autant, si le tandem d’Hénin-Beaumont est aux abonnés absent, le maire adjoint aux finances du bastion de Marine Le Pen a été nommé directeur administratif et financier du Rassemblement national et l’ex-député, actuellement maire de Bruay-La-Buissière, Ludovic Pajot a fait son entrée lui aussi dans les instances. « On n'est pas les LR, on ne va pas inventer des postes de vice-présidents pour satisfaire tout le monde », réplique-t-on dans l’entourage du président.
Pas de nouveau clan ni d’arrivée massive de « copains », donc, si ce n’est la nomination du collaborateur de Jordan Bardella au poste de président des jeunes du mouvement. Un poste en déshérence comme une pâle copie des FNJ d’antan. « Les jeunes du RN ? Vous voulez parler de Génération Z ? » s’amuse un ancien cadre du mouvement.
Pour sa part, Marine Le Pen a célébré son traditionnel 11 Novembre à Hénin-Beaumont : « Je ne sais pas si c’est une manière d’apaiser les tensions, si je pouvais, j’aimerais bien, on n’y arrive pas toujours. Parfois, on a du mal à essayer de calmer les divergences », a-t-elle déclaré à BFM TV. Avant de se reprendre : « Je suis convaincue que les choses s’arrangeront avec le temps. »
En tout cas, l’objectif à court terme sera de faire oublier l’affaire Fournas et son fameux « Qu’ils retournent en Afrique ». Est-ce pour cela que le député du Var Stéphane Rambaud a renoncé à se rendre sur la presqu’île de Giens pour aller à la rencontre des débarqués de l’Ocean Viking ? « On va laisser la rue à Zemmour et ses amis, notre travail est avant tout dans l’Hémicycle », balaye-t-on au palais Bourbon.
À la tête du groupe parlementaire, Marine Le Pen a, quant à elle, tenu à clarifier les lignes : « Le parti n’est qu’un outil et pas une fin en soi. Si c’était autre chose, je n’aurais pas quitté la présidence. » On n’est pas au « Je décide, il exécute » de Jacques Chirac à propos de Nicolas Sarkozy, mais on s’en approche. « Marine a raison », affirme Laure Lavalette. Pour la députée du Var, « l’élection du président de la République, c’est la rencontre entre un homme et un peuple ». Pas d’un chef de parti, donc.
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17 commentaires
Ceux qui se plaignent d’être sur la touche n’avaient qu’à se présenter à l’élection et faire en sorte d’être élus. Je le trouve plutôt pas mal, JB ! A son âge, arriver là, et savoir faire preuve de présence, d’autorité et de pondération, bravo !
Bardella Zemmour peut importe, moi ce que je veux c’est une alliance (elle est possible si chacun le désire) et que la FRANCE relève la tête pour de bon . tout le reste c’est du pipo. la gauche c’est le mariage de la carpe et du lapin, alors la droite au boulot bon dieu
Bien d’accord avec vous et contrairement à ce qui est colporté Eric Zemmour n’est pas mal aimé des Français mais de l’oligarchie en place qui a peur de l’affronter. Reconquête, RN, Debout la France, les Patriotes, et je dois en oublier, sont les seuls qui unis permettront de redonner un souffle revigorant à la France.
Malgré ses détracteurs , le RN a l ‘ avenir pour lui ;
L ‘affaire Fournas ,et la façon dont elle a été honteusement traitée par tout un système politico-médiatique qui en fait son fond de commerce , ne lui fera certainement pas grand tort vu que cette fameuse réflexion est partagée par de nombreux Français .
Il ne s’agit pas de laisser la rue à Zemmour mais de la prendre avec lui . Espérons que J. Bardella analyse la situation un peu plus sainement que M. Le Pen et oeuvre rapidement pour une alliance des patriotes et pas pour le soutien d’une boutique .
Ne pas oublier que Zemmour est l’homme politique le plus détesté des Français. Se ranger de son côté condamnerait n’importe qui à se trouver dans le même classement et adieu à 2027. Si Zemmour a fait 7%, ce n’est pas sans raison, c’est simplement la confirmation des sentiments que les Français lui portent. Avec Marine, oui, avec Zemmour, jamais. espérons que Jordan n’écoutera pas l’appel des sirènes.
« Ne pas oublier que Zemmour est l’homme politique le plus détesté des Français » Le plus détesté des médias.
Je n’apprécie pas Zemmour en tant que politicien et certes je n’ai pas voté pour lui.
Mais je ne déteste pas l’homme, celui qui parle bien, celui qui semble (je dis bien semble) aimer la France.
Je pense que nous sommes simplement nombreux à penser qu’il n’a pas la stature d’un président de la France.
Pourquoi amalgamer en disant qu’on le déteste. Cette affirmation est fausse
Cela n’a strictement rien à voir.
Et s’il avait été face à µ au deuxième tour, sachez que j’aurais voté pour lui, comme tant d’autres!
Ah que oui! Assez de paroles en circuit fermé. Tant mieux si Z a la rue, c’est là que se dissoudront, s’il en est encore temps, les poisons instillés depuis des décennies par les gouvernements successifs, tous aux ordres de qui on sait.
Oui Z creuse ses fondations avec persévérance, mais ce ne sont pas les médias dit « main Stream » qui en feront état.
Et merci monsieur Fournas d’avoir exprimé tout haut ce que les Français disent de moins en moins bas.
Quant à Mme Le Pen qui vise une fois de plus la présidence de la République qu’elle l’oublie! 2027 c’est loin, l’eau va couler sous les ponts, ce ne sera probablement pas une eau calme et les années vont l’amener à l’âge de la retraite. On l’a assez vue!
« qu’ils retournent en Afrique ! ». Merci M. de Fournas de si bien représenter vos électeurs dans l’Hémicycle en pensée comme en parole et honte à Marine de sembler s’en dissocier.
Je viens de lire un commentaire ou il était question d’impuissance avec Z…dois je rappeler que le RN ex FN a mis 40 ans pour arriver à une entité et avoir une représentation…Reconquète a 1 ans d’existence et 130.000 adhérents….il y a seulement 10 ans ou en était le FN ?? La seule action a mettre sur le compte du RN après les élections , c’est leur passage réguliers sur les télé ou on est obligé de les inviter compte tenu de leur score ….Concrètement il y a quoi d’autre ??
Laisser la rue à Zemmour….Intéressant. Le RN a les députés, Z aurait les citoyens ? Pioche à affuter, les révolutions ne se font pas dans les parlements….
Le peuple français est entrain de crever et nos politique sont au beau fixe dans la rigolade et la bonne humeur. C’est certain, ces personnes n’ont pas problèmes pour les fins de mois car payés grassement par nos impôts.
Je prends le pari ici en ce 15 novembre 2022, que Marine Le Pen en adoubant Jordan Bardella a introduit le loup dans sa bergerie et qu’elle va en payer le prix fort: c’est tellement visible en plus que seuls les politiques et les médias ne sauraient le constater…
Le loup dans la bergerie : titre d’un très bon livre de Jean-Claude Michéa
Évidemment, le Rassemblement Nationale est le seule espoir du redressement de la France face à l’extrême gauche qu’est la Nupes constitué par l’extrême des extrémistes qu’est LFI, agitateurs de l’ordre publiques, et de moindre gravité que sont les Europe Écologie Les Verts destructeurs de l’industrie Française, mais sans se leurrer puisque une de notre chance de salut passe par quitter l’Union Européen qui aurait pu être une belle chose au moins si les dirigeants auraient du être élus démocratiquement. Malheureusement le peu de Français votants, qui osent se déplacer pour voter, une mince majorité, votent pour des anciens responsables politique qui depuis des décennies on fait échouer notre Nation.
Au moins avec le Rassemblement national, les choses sont-elles claires : le choix est entre l’impuissance avec Zemmour et l’action politique avec Marine Le Pen.