[PEOPLE] Madame Figaro écrit sur G. Sarkozy et se prend les pieds dans le tapis

Capture d'écran TikTok
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Entre deux recettes de bons petits plats de saison, une publicité pour le dernier sac en vogue ou un article sur « la puissance de la chaussette rouge », il est une rubrique people qui fait les beaux jours de Madame Figaro. Les lecteurs aiment rentrer dans l’intimité des stars, cela a toujours bien fonctionné. Sauf que, dernièrement, l’une des vedettes mises en avant a suscité une telle polémique que le magazine féminin a préféré supprimer son post sur son compte X.

« On y découvre une adolescente plus femme que jamais », écrivait ainsi Madame Figaro, dans un tweet. La demoiselle en question n’est autre que Giulia Sarkozy, fille de Carla Bruni et de l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy. Celle-ci aime visiblement poster, sur son compte TikTok, des vidéos (entre 220 et 350.000 vues) d’elle en train de danser. Une de ses vidéos, sous-titrée par le #Regardmannequin, a suscité l’intérêt de Madame Figaro au point de lui consacrer un papier ; pourquoi pas, c’est son droit. Sauf que l’on se demande bien ce qui a pu se passer dans l’esprit de cette rédaction pour décrire cette adolescente comme « plus femme que jamais » ? Les lecteurs indignés n’ont pas manqué de rappeler aux journalistes parisiennes que Giulia n’avait que… treize ans ! Sa mère venait de les lui souhaiter le 19 octobre dernier.

 

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En réaction au tweet de Madame Figaro, l’eurodéputée Nathalie Loiseau (Renew) a fait remarquer que « ce vocabulaire est déplacé. Je dirais même qu’il est irresponsable. Réfléchissez avant de publier des phrases pareilles. »

 

Féminisme schizophrène

Est-on vraiment une femme, à treize ans ? Certes, la fille de Nicolas Sarkozy se met elle-même en scène face caméra. Pour autant, on n’est pas femme parce que l’on se dandine en crop top ultra maquillée. Quelle est cette affreuse conception réductrice et avilissante de la féminité ? Imaginez les cris d'orfraie si un homme avait tenu ces propos. Peut-on, d’un côté, consacrer de nombreux papiers à MeToo, y dénoncer les violences sexistes et sexuelles dans ses colonnes, et, de l’autre, faire une si belle promotion de cette hypersexualisation en jetant une jeune fille, si délurée soit-elle, en pâture ? Faut-il rappeler que l’âge légal du consentement sexuel est établi à quinze ans, dans notre pays ? Contactée, la rédaction n’a pas encore réagi. Elle ne s'attendait peut-être pas à une telle polémique.

Vantant, un jour, « le premier mannequin transgenre à remporter le prestigieux trophée de mannequin de l’année. Un profil loin des codes, certainement le plus prometteur du moment. » Décrivant, un autre jour, « l’actrice et mannequin venue soutenir sa compagne [...]. À cette occasion, elles ont tiré quelques clichés torrides en photomaton. » Remettant une louche de féminisme avec ce conseil avisé : « N’attendez jamais rien d’un homme »... À véhiculer son idéologie progressiste et hédoniste à longueur de journée, la rédaction de Madame Figaro a-t-elle pris conscience du fossé qu'elle creusait avec la réalité ? Celle de ces braves gens qui, s'ils trouvent dans ce magazine une lecture légère et divertissante, ne tombent pas pour autant dans le piège de cette fascination pour une gamine de treize ans, exhibée pour faire vendre du papier. Il faut croire que malgré les injonctions à tout tolérer, bien consommer, agir ou penser, il demeure quelques réactions de bonne santé. Finalement, Madame Figaro devrait peut-être se contenter de nous rappeler qu'« il y a une vie au-delà des photos des réseaux sociaux retouchées, irréalistes et feignant le bonheur »…

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Iris Bridier
Journaliste à BV

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