Enseignement : Emmanuel Macron et Pap Ndiaye aggravent les réformes destructrices du passé

Photos AFP
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Pap Ndiaye, cet OVNI envoyé rue de Grenelle pour remplacer Jean-Michel Blanquer, ne fait guère preuve d'originalité. Dans une rencontre avec les lecteurs du Midi libre, il a déclaré que « le collège est l'homme malade du système », soulignant la nécessité de renforcer l'apprentissage des savoirs de base, mathématiques, français et langues vivantes notamment. Qui pourrait s'opposer à une telle évidence ? Encore faudrait-il établir un bon diagnostic sur l'état de santé du collège et proposer des remèdes efficaces.

Pap Ndiaye n'ose apparemment pas mettre en cause la désastreuse réforme de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation nationale sous le mandat de François Hollande, dans le même gouvernement que Macron. En remontant dans le temps, il n'incrimine pas non plus le collège unique instauré par la réforme Haby et voulu par Valéry Giscard d'Estaing. On ne touche pas à ce qui est sacré pour la bien-pensance. Bien au contraire, il garde de ces réformes ce qu'elles ont de plus mauvais.

Il semble vouloir renouer avec les ABCD de l'égalité, mis en place par Vallaud-Belkacem qui était alors ministre des Droits des femmes,  et dont les dérives avaient provoqué une polémique justifiée. Histoire, sans doute, de plaire à l'électorat macronien de gauche et de faire oublier des problèmes de l'école autrement plus importants que les théories du genre et les cours de récréation non genrées. Pas question de s'interroger sur les défauts du collège unique – « inique », devrait-on plutôt dire – qui a abouti à la réduction des exigences et au nivellement par le bas.

Si l'on veut que l'enseignement retrouve sa fonction d'instruction, de promotion sociale et d'émancipation des esprits, la solution ne consiste pas à inculquer davantage aux élèves les préjugés à la mode, plus ou moins issus du wokisme, ni à se gargariser de bonnes intentions. Il faut mettre en œuvre les moyens effectifs de faire progresser l'ensemble des élèves tout en permettant à chacun, en fonction de ses talents et de ses efforts, de tendre vers l'excellence, quel que soit son milieu d'origine. Il faut, pour cela, admettre que tous les élèves n'ont pas les mêmes capacités et en tenir compte dans l'organisation de l'enseignement.

Macron présente comme une panacée d'accorder à chaque établissement une plus grande autonomie en leur donnant « les moyens de réaliser des projets collectifs ». Dans une lettre diffusée aux enseignants, il écrit qu'« il appartiendra désormais au niveau local de choisir les moyens de cette transmission, à travers des méthodes et des projets idoines ». Chaque école, collège ou lycée pourra ainsi « bâtir un projet qui lui est propre en mettant tout le monde autour de la table ». Qui ne voit que cette liberté serait illusoire, obéirait à des a priori idéologiques et, loin de rehausser le niveau, augmenterait les déficiences de l'enseignement, tout en accentuant les disparités ?

Curieuse façon de se débarrasser de ses responsabilités, au mépris du Préambule de la Constitution selon lequel « l'organisation de l'enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l'État ». Macron et Ndiaye le savent bien, mais n'en ont cure. Leur objectif est de former des exécutants qui produisent et consomment, sans trop se poser de questions, des citoyens bien-pensants et dociles. Pour l'élite qu'ils croient représenter, il existera toujours quelques établissements réservés où leurs enfants pourront recevoir une instruction solide. L'école publique sera toujours assez bonne pour les enfants des autres.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

33 commentaires

  1. Beaucoup de parents, hélas, n’ont pas conscience du bas niveau de leurs enfants, car eux-mêmes ont été victimes du nivellement par le bas organisé par la gauche depuis quarante ans. C’est gravissime pour l’avenir de notre pays.

  2. Quel que soit le sujet abordé par Jupiter et ces followers baiseurs de pieds , la réaction est la même , amis qu’attendons nous pour déboulonner cette statue !

  3. Remplacement immédiat de tout le personnel de l’éducation nationale, retour immédiat aux méthodes d’avant, expulsion définitive des perturbateurs, abolition de toutes les associations de parents d’élèves.

    • Je suis pour,il est temps de renverser la table.J’ajouterai interdiction à toute association d’aller prêcher dans les écoles.

  4. Bonne analyse qui devrait permettre de soutenir les thèses soutenues par le jeune mouvement « RECONQUETE! »…Il s’agit en effet ni plus ni moins que de reconquérir notre place au niveau international des compétences acquises par les élèves issus de notre ECOLE dite  » laïque , gratuite, et obligatoire » ouverte indistinctement à tous les résidents du pays ..!

    L’enjeu est bien différent des gadgets et/ou illusions à l’ordre du jour des décisions ministérielles concernant l’Ecole.

  5. Adieu l’Instruction Publique !
    Au revoir l’Éducation Nationale !
    Bienvenue à l’Abrutissement National !
    Et dire que Macron a nommé un « Pap » pour officialiser cette déchéance !

  6. Bien compris l’allusion! Oui pour une école de qualité pour TOUS à l’image de « L’ÉCOLE ALSACIENNE ».

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